30 ans de conflit
Voilà 30 ans que le conflit casamançais perdure, depuis la marche du 26 décembre 1982 qui réclamait plus de considération de la part de Dakar. Après une période de durcissement, puis de pourrissement de la situation, le conflit semble depuis l'élection du président Mack Sall trouver une issue.
Tout est parti d’une marche, menée le 26 décembre 1982 à Ziguinchor, par des sympathisants du Mouvement des Forces démocratiques de Casamance (MFDC, créé en 1947 à Sédhiou). A l’époque, les populations réclament plus de considérations par le pouvoir central, la région étant quelque peu délaissée. Les manifestants dénoncent notamment le « mépris culturel » des « nordistes » vis-à-vis des Casamançais (sud). Ils pointent aussi du doigt « la confiscation des terres » au profit de « nordistes ».
Suite à la répression de cette marche par les forces de l’ordre, le ton se durcit. Le MFDC met l’accent sur les revendications séparatistes et constitue une aile armée, Atika. Plusieurs personnes animées par la colère et une volonté de vengeance gagnent le maquis. « Dès le déclenchement, et sur une période de plus de dix ans, la méthode utilisée par l’Etat était celle du ' tout sécuritaire ', explique Nouha Cissé, observateur du conflit.
Il fallait taper sur tout ce qui bouge, poursuit-il, et cela a entraîné la résistance de tous ceux qui étaient pourchassés suite aux manifestations de 1982-1983 ». C’est un curé, l’abbé Diamacoune Senghor, qui dirige le mouvement pendant vingt-cinq ans. Mais depuis sa mort, survenue en janvier 2007, le MFDC est profondément divisé, avec plusieurs ailes armées et civiles, empêchant tout dialogue interne cohérent.
De son côté, l’Etat va, pendant plusieurs années, mettre en place une « stratégie du pourrissement ». Pour le géographe Jean-Claude Marut*, « tout en proclamant qu’il n’y avait d’autre issue que politique, les dirigeants qui se sont succédé au pouvoir à Dakar entre 1982 et début 2012 n’ont ainsi eu de cesse que de dépolitiser la question, maniant, tour à tour ou simultanément, la carotte et le bâton, chacun à sa manière ».
A ce jour, les nombreux cessez-le-feu et accords de paix entre le gouvernement et le MFDC sont restés lettre morte. Mais une lueur d’espoir apparaît avec le nouveau président Macky Sall, élu en mars dernier. Depuis son élection, Sall se montre ouvert au dialogue avec toutes les factions du mouvement séparatiste, notamment avec l’aile la plus radicale, dirigée par Salif Sadio. En octobre dernier, l’Etat sénégalais, sous l’égide de la communauté Sant’Egidio, a entamé des discussions avec ce groupe armé, suscitant de nouveaux espoirs de paix.
Rfi