Publié le 30 Dec 2012 - 18:01
CHEIKH ABDOUL AHAD MBACKE, COMMISSION CULTURE ET COMMUNICATION DU MAGAL

 ‘’Le Sénégal peut s’appuyer sur les potentialités économiques du Magal pour accroître sa croissance’’

 

 

L’impact économique du grand Magal de Touba n’est plus à démontrer. De l’avis du président de la commission communication et culture du comité d’organisation du Magal, Cheikh Abdoul Ahad Mbacké, le Sénégal peut bien s’appuyer sur les potentialités économiques du Magal pour accroître sa croissance. Un argumentaire corroboré par une étude menée l’année dernière par un cabinet d’expert et révélant que le Magal génère 200 milliards de chiffre d’affaire et 30 milliards de TVA pour l’État du Sénégal. En route vers le Magal, EnQuête fait le point et soulève les défis.

 

 

En votre qualité de président de la commission communication et culture du comité d’organisation du grand Magal de Touba, pouvez-vous nous faire un état des préparatifs de la 118éme édition ?

 

Les préparatifs vont bon train. Le comité d’organisation est à pied d’œuvre, depuis quelques semaines, pour planifier et mettre en œuvre les activités liées à l’organisation du Magal qui est devenu un événement de dimension mondiale, tant au niveau de la dimension spirituelle de Cheikh Ahmadou Bamba, que du nombre de participants, mais aussi de la diversité de leurs origines. Nos différents partenaires ne sont pas en reste. Le Comité local de développement les a réunis autour d’une table pour évaluer à la base les besoins. Comité départemental de développement et Comité régional de développement ont suivi pour affiner l’évaluation des besoins, avant la réunion nationale tenue au ministère de l’Intérieur. Les points critiques ont été répertoriés et l’État a pris l’engagement ferme d’apporter les solutions idoines. La réunion d’évaluation a permis de constater le respect des différents engagements. C’est le lieu de rappeler que l’organisation du Magal a deux volets. Un qui est du ressort du Comité d’organisation : à ce niveau tout est au point, avec le déroulement des différentes activités culturelles (organisation du Forum, de la caravane, du centenaire de Diourbel et des autres conférences extérieures). Les autres sont à la charge de l’État qui est en train de dérouler son programme. En tout état de cause, ce qui est important, c’est la volonté des uns et des autres à contribuer dans le domaine qui est le sien au bon déroulement du Magal. Nous ne doutons pas une seconde de cette volonté, raison pour laquelle nous affichons un optimisme vigilant.

 

Quelles sont les innovations de l’édition 2013 du grand Magal de Touba ?

 

La caravane du Magal constitue une grande innovation. Elle a démarré ses activités par le village de Mbacké Barry. Nous recherchons, à travers l’organisation de cette caravane, à refaire l’itinéraire emprunté par le Cheikh, pour bénéficier de sa bénédiction, mais aussi pour faire connaître ces lieux importants qui constituent un patrimoine à fructifier et à préserver. Nous voulons, par ailleurs, nous rapprocher des talibés, aller les trouver dans leurs concessions, nous enquérir de leurs conditions de vie et partager avec eux des moments de recueillement, de prières et d’imploration. Le forum constitue l’autre moment fort du Magal de cette année. Le thème porte sur la «  Contribution du mouridisme au développement du Sénégal ». L’éducation, l’économie, le social et la politique y seront passés au peigne fin pour faire d’une part le bilan de plus d’un siècle d’existence du Mouridisme et d’autre part réfléchir sur l’avenir de Touba, en ce qui concerne l’éducation, la santé et les infrastructures.

 

Pouvez-vous revenir avec nous sur les résultats de l’étude menée sur l’impact économique du Magal ?

 

Les résultats de cette étude menée l’année dernière montrent que le Magal constitue aussi un moment fort de l’économie nationale. A titre d’exemple la dépense moyenne des ménages Sénégalaises passe de trois mille francs à quarante-cinq mille francs, soit quinze fois supérieure à la moyenne nationale. Ces seules dépenses des ménages sont supérieures à soixante-dix milliards de francs. Ceci ne concerne pas le volet transport, intérieur et extérieur et les autres dépenses effectuées par ceux qui viennent assister au Magal. Le Magal booste ainsi la consommation. L’épargne n’est pas en reste parce que les talibés préparent le Magal sur une année. Les deux leviers (épargne et consommation) qui tirent la croissance sont actionnés par cette journée d’action de grâce qui joue par là un rôle positif dans l’économie nationale.

Qu’est-ce qui est prévu pour pérenniser, voire rehausser cet impact économique du Magal ?

 

Le comité d’organisation insuffle une dynamique en balisant le terrain. L’étude a été éditée et mise à la disposition du grand public. C’est au pouvoir public et au secteur privé de s’engouffrer dans la brèche pour tirer un meilleur profit pour l’économie nationale. A l’instar de l’Arabie Saoudite, avec le pèlerinage à la Mecque, le Sénégal peut s’appuyer sur les potentialités économiques du Magal pour accroître sa croissance. Le marchandizing des produits dérivés, made in Touba labellisés mourides, peut être mieux organisé pour être à la base de la création d’une industrie locale. Le secteur primaire aussi peut être mieux structuré, avec l’organisation du marché et la création d’une ceinture de fermes d’élevage pour approvisionner la ville de Touba pendant cette période. Vous avez là deux exemples parmi d’autres pour mieux rentabiliser, au plan économique, la présence de plus de quatre millions de consommateurs dans une même ville pendant trois jours.

 

Sur le plan culturel comment la ville de Touba gère-t-elle le melting-pot culturel qu’elle devient le temps du Magal ?

 

Le Magal a fini de s’internationaliser avec la présence des médias internationaux, des étrangers, mais aussi de toutes les ethnies. Ce brassage culturel enrichissant participe à la consolidation de la paix, de l’entente et de la concorde nationale. Chaque participant s’oublie, le temps du magal, pour rendre grâce à Dieu. Il ne faut pas également oublier que c’est un jour de pardon, de piété, mais aussi de bravoure, de refus et de résistance à l’oppression. Toutes ces valeurs rejaillissent sur les « magaleurs » ( et non pélerins) et ont un impact positif sur leur comportement. C’est la raison pour laquelle, le jour du magal, les différences s’effacent pour laisser la place à des musulmans qui se rencontrent pour célébrer un jour de gloire et rendre grâce à Dieu. Ceci est à la base de l’émergence d’une culture mouride où tout le monde se retrouve.

 

Quelles sont, selon vous, les réponses qui s’imposent pour définitivement résoudre le problème de l’eau à Touba ?

 

Je crois qu’il faut adopter une solution qui tienne compte des spécificités de la ville sainte qui reçoit gratuitement plus de deux millions de personnes, où le Khalife participe grandement par ses propres fonds, les talibés ainsi que Mao Rahmaty, dirigé par Serigne Cheikh Aliou, sans compter le statut de communauté rurale qui freine son développement. Une large concertation me semble opportune pour sensibiliser les populations sur la nécessité de contribuer à l'approvisionnement en eau de qualité continue et impliquer toutes les franges pour une solution consensuelle et pérenne. Je pense que ce ne sont pas les possibilités qui font défaut ; sans compter la coopération internationale et la diaspora mouride.

 

Disposant de la deuxième démographie du pays, la ville est toujours restée communauté rurale. Le moment n’est-il pas venu de revoir le statut de la sainte ville ?

 

Lors de sa visite à Touba, le président de la République a fait part de son ouverture et de sa disponibilité par rapport à cette question. Nul doute que le Khalife prendra les décisions qui s’imposent, mais il est la seule autorité apte à aborder ce problème qui relève de ses prérogatives exclusives.

 

Par Amadou NDIAYE

 

 

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