Ndèye Fatou Ndiaye Blondin Diop accuse autorités et députés
Ces derniers temps, le Sénégal a connu une inflation rare. Ajouté à cela un début d’hivernage catastrophique marqué par des inondations un peu partout dans le pays. Ndèye Fatou Ndiaye Blondin Diop, qui faisait face à la presse ce samedi, a dénoncé la légèreté des autorités et des députés face à la gestion des souffrances occasionnées par ces situations.
Face à la situation socio-économique et politique du pays, Ndèye Fatou Ndiaye Blondin Diop n'entend pas se taire. En effet, elle estime que le front social est en ébullition et que dans une situation pareille, tout Sénégalais soucieux du bien-être de son pays devrait exprimer son point de vue. Car, indique-t-elle, ‘’nous partageons le même destin, quand il s’agit de nous nourrir, de nous soigner, de nous loger, de disposer d’un environnement sain, d’étudier, de nous déplacer...’’.
Portant ‘’la voix de 17 millions de ‘gorgorlus’’’, elle pense, dès lors, ‘’que notre devoir de citoyen doit dépasser les rendez-vous électoraux et inclure de s’indigner à haute et intelligible voix quand il le faut et en plus de nous engager dans les actions citoyennes qui visent à améliorer la vie des Sénégalais’’.
Sur cette lancée, l’ex-ministre explique que le Sénégal est déjà un pays où les habitants sont plongés dans une recherche obligatoire et effrénée de moyens de subsistance, du fait de leurs faibles ressources et du chômage devenu endémique chez les jeunes. ‘’A ces maux endémiques, s’ajoute une hausse forte et régulière de toutes les denrées, notamment celles de première nécessité. Avec 10 à 15 % d’inflation, les prix ont pris l’ascenseur’’, s’offusque Mme Blondin Diop.
Avant de préciser : ‘’Pour le lait, le sac de 50 kg est passé de 46 000 à 52 000 F ; le bidon d’huile de 20 l est passé 14 000 à 21 5000 F ; le sac de riz est passé de 12 000 à 15 000F ; le kilo de sucre de 600 à 700 F : le kilo de viande de bœuf est passé de 2 800 à 3 800 F ; le poids de la baguette de pain a diminué pour le même prix, 150 à 200F ; la tonne de ciment est passée de 65 000 à 68 000 F ; les 100 kg de fer sont passés de 40 000 à 59 000 F ; les inondations ont rendu certaines zones difficilement accessibles, certains médicaments (tels que ceux prescrits aux femmes en état de grossesse dont le fer et les vitamines), l’eau, les plaintes sont multipliées par deux’’.
Selon elle, on peut citer beaucoup d’autres produits, comme le souligne l’ANSD dans son rapport du mois de juin. ‘’Cette vie chère, les Sénégalais la subissent depuis longtemps, mais ces temps-ci, elle dépasse l’entendement sous le silence assourdissant des autorités. Jusqu’ici, nous n’avons constaté aucune mesure d’envergure venant du gouvernement pour faire face à ce fléau. Nous n’avons pas entendu les députés lui demander des explications et montrer qu’ils sont de vrais représentants du peuple’’, s’indigne-t-elle.
Quatre causes profondes à ces maux
Pourtant, rappelle-t-elle, en 2012, les causes profondes de la cherté de la vie avaient été diagnostiquées et des solutions vendues dans les programmes de gouvernance. Ainsi, ‘’l’intégration d’outils d’évaluation aurait permis de suivre l’évolution des programmes et promesses du chef de l’Etat’’, pense Ndèye Fatou Ndiaye qui identifie quatre causes profondes à ce mal, en cette période de Covid-19.
Il s’agit, d’abord, de ‘’l’absence d’homologation, avec contrôle des prix de certaines denrées, marquant ainsi des manquements graves de la part de l’Etat’’. Ensuite, avec la Covid-19, ‘’choisir, par mimétisme, de confiner totalement le pays et débourser près de 1 000 milliards pour soutenir l’économie a eu un coût qui affecte encore les comptes publics. Cela n’a pas empêché que des milliers d’entreprises mettent la clé sous la porte’’, dans un pays où le secteur dit informel occupe une large part de l’économie et capitalise plus de 90 % des emplois.
De plus, ajoute-t-elle, ‘’des sommes colossales ont été dépensées pour bâtir des infrastructures dont certaines relèvent plus du prestige et de la captation de marchés publics que de besoins essentiels. C’est ainsi qu’on a été atterré d’apprendre qu’en pleine épidémie de Covid et de ses conséquences économiques, qu’un avion et un bateau présidentiels avaient été achetés. Allez comprendre !’’
Et de conclure : ‘’Tout ceci pour dire que ce sont des choix politiques, économiques et financiers qui ont produit un endettement abyssal. Aujourd’hui, le gouvernement se trouve dans l’obligation de remplir les caisses et les bailleurs institutionnels veillent au grain.’’
Pour ce qui concerne les inondations, Ndèye Fatou Ndiaye Blondin Diop estime que les images des quartiers inondés et leurs conséquences sur la vie des familles impactées sont insupportables. ‘’Ici à Mbour, Zone Sonatel, Mbour Sérère, Baye Deuk, Gouye Mouride, Poulailler, Espagne sont les plus sinistrés, mais on peut dire que presque tous les quartiers le sont’’, tempête la candidate à la mairie de Mbour.
‘’Comment expliquer qu’en 2012, 766,9 milliards aient été annoncés pour financer un plan décennal de lutte contre les inondations et voir encore qu’avec seulement deux à trois mois de pluie par an, des quartiers entiers se retrouvent coupés du reste de leur commune, avec les eaux qui entrent dans les maisons jusque dans les chambres à coucher et les marchés se transformer en pataugeoires ?’’, se demande-t-elle en rappelant qu’en ‘’2012, le Sénat avait été dissous pour disposer de moyens supplémentaires à allouer à la lutte contre ce problème’’.
Sur cette lancée, elle estime que ‘’la réalité est qu’avec ces centaines de milliards, aucune infrastructure d’envergure au service de la lutte contre les inondations n’est opérationnelle. On a l’impression qu’on colmate avec des motopompes et des camions hydrocureurs et des bassins de rétention, des plans Orsec… Par contre, ces crises ont créé des milliardaires qui sont assurés de ne jamais rendre compte, tant qu’ils remportent les élections dans leur localité’’.
Pour elle, ‘’dans ce contexte, annoncer aujourd’hui qu’un nouveau programme décennal d’assainissement (2023-2033) est à l’étude, sans présenter un rapport d’audit détaillé du plan en cours, relève d’un profond manque de respect à l’intelligence du Sénégalais’’.
IDRISSA AMINATA NIANG