Publié le 10 May 2017 - 11:21
CONTROVERSE APRES LE LIMOGEAGE PAR DONALD TRUMP DU DIRECTEUR DU FBI

La décision soudaine de Donald Trump a surpris Washington. La gestion de l’affaire des emails privés d’Hillary Clinton par le patron du FBI en est la cause dit-il.

 

Washington s’est brusquement électrisé, mardi 9 mai, en fin d’après-midi, lorsque la Maison Blanche a rendu public le limogeage du directeur de la police fédérale, James Comey, nommé pour dix ans en 2013. C’est officiellement dans un souci d’apaisement du climat politique que Donald Trump a pris sa décision. Pour la justifier, M. Trump s’est appuyé sur un mémo du ministre de la justice adjoint, Rod Rosenstein.

 

Ce mémo a dressé un véritable réquisitoire à propos de l’enquête conduite par M. Comey à propos de l’usage discrétionnaire par Hillary Clinton d’un serveur privé pendant ses années passées à la tête de la diplomatie américaine. Confronté à une situation sans précédent : une enquête portant sur celle qui était alors la favorite de la campagne présidentielle américaine, M. Comey avait choisi il est vrai un mode de communication inhabituelle.

Il avait ainsi tenu une conférence de presse pour indiquer en juillet 2016 que Mme Clinton avait agi avec « une extrême négligence » mais que les faits ne justifiaient pas l’ouverture de poursuites. Cette décision avait été vivement critiquée par le camp républicain qui espérait que l’enquête force la démocrate à se retirer.

Mis en cause par Hillary Clinton

M. Comey avait récidivé dans la transparence le 28 octobre, lorsque la découverte de courriels de Mme Clinton sur l’ordinateur privé de son aide Huma Abedin, avait entraîné une brève réouverture de cette enquête. L’équipe de la démocrate et l’ancienne secrétaire d’Etat elle-même, considèrent que cette réouverture, quelques jours seulement avant le scrutin du 8 novembre, a contribué à sa défaite.

 « Le FBI est l’une des institutions les plus respectées de notre pays et aujourd’hui marquera un nouveau départ pour l’agence-phare de notre appareil judiciaire », s’est expliqué le président américain dans un communiqué.

L’argument avancé par la Maison Blanche et surtout le moment choisi n’ont pas convaincu, c’est le moins que l’on puisse dire, le camp démocrate, alors que certains hauts responsables républicains exprimaient leur trouble. Car ce limogeage intervient alors que M. Comey supervisait une autre enquête sur de possibles liens entre l’équipe de campagne de M. Trump et les hackers russes qui avait déstabilisé celle de son adversaire. Cette enquête a d’ailleurs contraint le ministre de la justice, Jeff Sessions, à se récuser dans cette enquête, compte tenu de ses liens avec la campagne Trump.

Comey a contesté les écoutes de la Trump Tower

Après son investiture le 20 janvier dernier, Donald Trump avait pourtant confirmé l’ancien procureur de 56 ans dans ses fonctions de patron du FBI. Mais entre-temps, James Comey s’est exprimé publiquement devant le Congrès, contestant notamment la rumeur lancée par le président lui-même selon laquelle Barack Obama avait placé sur écoute la Trump Tower.

Dans le courrier délivré en main propre par un ancien officier de sécurité de M. Trump au siège de la police fédérale, M. Trump fait d’ailleurs référence à ce dossier brûlant. Il se félicite, s’adressant à M. Comey, du fait que ce dernier l’ait informé « en trois occasions distinctes, du fait que je ne faisais pas l’objet d’une enquête ». Cette dernière est cependant en cours et cette conclusion reste pour l’instant prématurée.

Alors que M. Trump n’avait pas prévu de s’exprimer publiquement sur une décision aussi sensible, mardi soir, la Maison Blanche a promis de trouver au plus vite un successeur à M. Comey. Mais les demandes pour une enquête indépendante sur le dossier russe ne devraient qu’être plus pressantes au cours des prochains jours.

Les démocrates dénoncent un abus de pouvoir

Dans un brusque renversement de positions, les démocrates ont presque aussitôt avancé un adjectif infamant à l’aune de la politique américaine : « nixonien », et une référence historique, le « massacre du samedi soir ». Une référence à un épisode du scandale du Watergate, en octobre 1973, dans lequel le président républicain avait tenté d’écarter des responsables de l’enquête en cours, ce qui avait été considéré comme un abus de pouvoir.

La priorité est pour les démocrates la nomination d’un procureur indépendant afin de poursuivre l’enquête sur les liens éventuels entre le clan Trump et la Russie. « Cela ne peut pas attendre », a prévenu la sénatrice de Californie Kamala Harris. « Notre démocratie est en danger », a même souligné Steve Cohen, représentant du Tennesse. « Trump limogeant Comey montre à quel point cette administration a peur de l’enquête sur la Russie », a commenté Tim Kaine, candidat malheureux à la vice-présidence en 2016.

C’est également le sens du tweet posté par Bernie Sanders dans lequel le sénateur du Vermont assure que cette décision de Donald Trump « soulève de sérieuses questions quant à ce que cache son administration ».

Le limogeage de James Comey a été en revanche accueilli positivement par le sénateur républicain Lindsey Graham estimant que « compte tenu des récentes controverses autour du directeur, je crois qu’un nouveau départ fera le plus grand bien au FBI et au pays ». John McCain, sénateur républicain de l’Arizona qui s’est opposé régulièrement à M. Trump, a regretté cette décision, décrivant M. Comey comme « un homme d’honneur et d’intégrité » qui a « mené le FBI dans des circonstances extraordinaires ».

 

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