Bilan et perspectives
La 28e Conférence des parties (Cop28), qui s'est tenue à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre 2023, s'est conclue par l'adoption du "Consensus des Émirats arabes unis". Ce consensus nourrit de nombreuses promesses de financement, tout en reconnaissant l'urgence des efforts d'adaptation et de réduction des émissions de gaz à effet de serre, afin d'atteindre la neutralité carbone attendue d'ici 2050. Enda Énergie Sénégal et ses partenaires ont dressé le bilan de cet événement et envisagé les perspectives à venir.
Faire le bilan et réfléchir sur le suivi des principales conclusions et résultats de la Cop28 a été au centre des discussions, hier. À l’initiative d’Enda Énergie, des participants éclairés ont partagé leurs perspectives sur les avancées et les obstacles rencontrés, lors de cette conférence des parties qui a suscité des réactions mitigées.
"Avant d'y assister, nous, en tant qu'acteurs non étatiques, étions préparés sur certaines questions, notamment celles liées aux pertes et dommages, et nous avons fortement plaidé en faveur de la création d'un mécanisme de financement", a déclaré Emmanuel Seck, coordinateur du projet "Environnement et développement du tiers-monde" à Enda Énergie.
"C'est une grande réussite pour nous et cela rend cette session historique, d'autant plus que cette décision a été prise dès le début de la conférence des parties". D'autres questions clés, comme la transition énergétique et les financements, ont également été abordées.
Pertes et dommages
Lors de la Conférence des parties en Égypte, l'année dernière, la création d'un fonds dédié à la prise en charge des pertes et dommages liés aux changements climatiques a été établie, mais son adoption reste un défi majeur. Cette année, lors de la première journée de la Conférence des parties à Dubaï, ce fonds a été adopté et des promesses de financement ont été faites. Omar Cissé, chargé de projet à Enda Énergie, a informé que ce financement annoncé s'élève à environ 792 millions de dollars mobilisés par 19 pays.
Selon lui, un pourcentage de ce montant est dédié aux pays moins avancés, tandis qu'un autre pourcentage est alloué aux petits États insulaires.
Cependant, parmi les défis à relever, la gouvernance de ce fonds reste à définir. "Le conseil d'administration qui sera responsable de la gestion de ce fonds, peut influencer les critères d'accès à celui-ci", a-t-il déclaré.
Pour le moment, les États très vulnérables aux aléas climatiques doivent veiller à ne pas subir le même sort que certains pays qui rencontrent des difficultés pour mobiliser des ressources auprès du Fonds vert pour le climat, citant souvent des problèmes administratifs et le manque de certaines données. Omar Cissé soulève une préoccupation majeure concernant l'évaluation des pertes et dommages.
"Comment évaluer des pertes non économiques telles que des sites sacrés endommagés, des cimetières engloutis par les eaux, la perte de vies humaines ou les migrations forcées causées par l'élévation du niveau de la mer ?", se demande-t-il. "Sur ce chantier, nous avons l'ambition de collaborer avec toutes les parties prenantes, y compris l'autorité administrative, à travers différents secteurs, ainsi qu'avec d'autres acteurs non étatiques. Notre objectif est d'anticiper la méthodologie d'évaluation des pertes et de faire entendre les préoccupations des pays moins avancés", a soutenu le chargé de projet.
Les questions de finance
Concernant la question financière, Antoine Faye, membre du Comité national du changement climatique - une entité spécifique au Sénégal qui regroupe des experts et des volontaires - souligne qu'il n'existe pas encore de définition communément acceptée de la finance climatique.
Toutefois, il est clair que cette finance doit provenir des pays développés pour répondre aux besoins des pays en développement. "Ce financement a toujours été disponible. Cependant, à un moment donné, nous avons réalisé que malgré nos efforts pour nous adapter et atténuer les effets du changement climatique, il y a un stade où il devient impossible de s'adapter. C'est ce que nous appelons les pertes et dommages", a-t-il déclaré. Il a ajouté que la société civile a été très généreuse en mettant en avant cette question depuis la Cop27, bien que cela ait rencontré des difficultés pour être inscrit à l'ordre du jour. Une fois que cela a été fait, des discussions ont été tentées, mais reportées et un comité transitoire a travaillé tout au long de l'année 2023.
Selon Antoine Faye, ce comité a accompli un travail remarquable, au point qu'à la Cop28, il y a eu un engouement et le président de la Cop28 a pris conscience que si cette question n'était pas abordée, l'événement risquait d'échouer. "Je pense qu'il a utilisé tout son pouvoir diplomatique pour faire accepter dès le premier jour l'établissement du fonds et pour que les conditions puissent être discutées l'année prochaine", a-t-il expliqué, se réjouissant de la création du fonds.
Il n'y a aucune garantie que les pays moins avancés ne soient pas les parents pauvres en matière de financements
Toutes les autres interrogations relatives aux financements, habituellement déterminantes pour l'orientation des résultats de la Conférence des parties (Cop), ont été quelque peu reléguées au second plan.
Ainsi, toutes les questions concernant le financement ont été reportées à la Cop29. Qu'en est-il des promesses qui ont été faites quant à l'octroi de 100 billions de dollars qui n'ont toujours pas été concrétisées ? Qu'en est-il de la nouvelle approche visant à quantifier les nouveaux objectifs financiers afin de soutenir les financements ? Autant de questions qui préoccupent Antoine Faye.
Une session intersectionnelle se tiendra en juin, peut-être aurons-nous alors des réponses éclairantes.
Selon nos informations, pour le moment, il n'y a aucune garantie que les pays moins avancés ne soient pas les parents pauvres en matière de financements.
En tout cas, un autre fait historique est à noter : la reconnaissance de la nécessité de consentir des efforts en matière de transition énergétique et d'abandon progressif des combustibles fossiles. Comment définir les transitions au sein de nos pays ? Samba Fall déclare : "Il y avait de nombreuses questions, notamment celle de savoir s'il convient d'occulter l'utilisation des énergies fossiles ou d'engager un dialogue en vue de transitions justes."
Il existe des pays qui ont indéniablement réalisé des progrès en termes d'accès aux services énergétiques, tandis que d'autres pays viennent tout juste de découvrir des ressources pétrolières et gazières, mais se trouvent également confrontés à d'énormes défis en matière d'accès aux services énergétiques, notamment en ce qui concerne l'électricité et les modes de cuisson propres.
"Il y a donc de multiples enjeux qui expliquent que nous ne sommes pas tous sur un pied d'égalité. Cependant, des conclusions notables ont été tirées. Les pays se sont accordés pour affirmer que les transitions doivent refléter les besoins spécifiques de chaque pays", a-t-il expliqué. Cela signifie que les trajectoires de transition juste doivent résulter d'un processus de co-construction.
Il convient de souligner qu’en ce qui concerne les plans d'action technologiques, les points focaux chargés des transferts technologiques ne disposent pas de moyens nécessaires pour mettre en œuvre efficacement leurs politiques. Un appel a été réitéré dans la dernière décision afin de trouver des ressources pour soutenir ces points focaux sur le terrain.
BABACAR SY SEYE