Les chiffres de la criminalité en 2021
La Direction nationale de la police sénégalaise a publié, hier, ses statistiques de la criminalité en 2021. Elles renseignent sur la criminalité, les saisies de drogue, les accidents, la migration irrégulière, entre autres.
Le patron du Bureau des relations publiques de la police a fait face à la presse, hier, pour partager les résultats des opérations menées par les différentes directions opérationnelles de la police nationale, en 2021. Celles-ci ont eu trait à la lutte contre la criminalité et la délinquance, la migration irrégulière et la surveillance des frontières, entre autres.
Ainsi, le commissaire Mouhamed Guèye informe qu’il a été noté une tendance baissière de la délinquance et de la criminalité de 2,19 %. Le taux d’élucidation des cas a été de 99 %, même si, dit-il, il y a lieu de souligner que des actes de délinquance isolés sont parfois signalés. Au total, révèle-t-il, 22 422 infractions ont été constatées et 15 189 individus déférés devant les juridictions.
Toutefois, souligne le commissaire Guèye, les atteintes aux biens, tels que l’abus de confiance et l’escroquerie, ont été en hausse, compte tenu de l’accroissement démographique en milieu urbain. À cela, on peut noter les infractions liées à l’Internet, avec 1 510 infractions constatées contre 1 221 en 2020. Ce phénomène criminel, explique-t-il, est favorisé par l’expansion du réseau Internet et l’usage croissant des technologies de l’information et de la communication, surtout en cette période de pandémie de la Covid-19.
Les données statistiques indiquent également que les infractions sur le trafic de migrants et la traite des personnes sont les plus constatées, suivies de celles de faux et usage de faux sur les documents administratifs dans les secteurs frontaliers et dont les auteurs sont particulièrement de nationalité sénégalaise.
Ces nombreux résultats satisfaisants enregistrés, renseigne-t-il, sont le fruit de la montée en puissance de la police nationale par la densification et le maillage sécuritaire, le renforcement des moyens humains, matériels et techniques.
Saisies record
Concernant la croisade contre la drogue, les données statistiques montrent que les saisies record concernent le chanvre indien, avec la région de Thiès (929,1 kg) en tête, suivie de Kolda (377 kg), Dakar (186,877 kg), Sédhiou (144,6 kg) et Diourbel (128,5 kg). Ces saisies ont été effectuées entre juin (18 %), avril (17 %) et mai (13 %), correspondant à la levée des restrictions des mouvements des personnes, à l’occasion de la lutte contre la pandémie de la Covid-19. Il faut dire que différentes nationalités sont impliquées dans ce trafic de drogue au Sénégal, mais les saisies opérées sur les nationaux sont les plus nombreuses avec 478 individus interpellés. ‘’Le trafic de drogue est un phénomène complexe aux aspects très variés. Au Sénégal, il est marqué par la culture, le transit, la consommation pour le cannabis, mais aussi le transit et la consommation pour la cocaïne et l’héroïne, et l’apparition des drogues de synthèse’’, déclare le chef du Bureau des relations publiques de la police.
Le commissaire Guèye explique : ‘’Depuis plus d’une décennie, le chanvre indien est la drogue la plus répandue au Sénégal. Ces saisies à tendance haussière du chanvre indien s’expliquent par divers motifs : développement de la culture de la variété dite ‘verte’ ou ‘karones’, pluralité des zones de culture : zones dites ‘rouge’ dans certaines parties du sud du pays ; points de débarquement du littoral dakarois (Rufisque, Yarakh, Mbao, Guédiawaye), la Petite Côte (Mbour), îles Karones, contournement des postes de contrôle situés sur les axes routiers. Pour lutter contre ce phénomène, des dispositifs de veille et d’alerte sont mis en place à l’AIBD. Un dispositif de contrôle et de veille est mis en place pour contrecarrer les mules. Il y a aussi l’implantation d’unités de lutte aux frontières terrestres (UL) et aériennes (CAAT). Il s’y ajoute l’institutionnalisation d’accords de partenariat de la Docrtis avec d’autres structures comme la marine et les douanes sénégalaises qui ont permis des enquêtes combinées aboutissant à l’interpellation par voie terrestre, aérienne et maritime de plusieurs individus pour trafic et usage de drogue’’.
Une baisse de 0,27 % des accidents mortels
Sur le plan de la sécurité routière, par rapport à l’année 2020, il a été noté une légère hausse de 2,56 % des accidents matériels, de 2,51 % des accidents corporels et une baisse de 0,27 % des accidents mortels. Les tendances haussières, selon le commissaire Guèye, s’expliquent par des causes humaines et techniques. Néanmoins, une lutte contre l’insécurité routière est menée en permanence par un renforcement des effectifs au niveau des axes routiers, des opérations de grande envergure de sécurisation, une politique de sensibilisation sur la sécurité routière, une montée en puissance de la compagnie de circulation dans la région de Dakar.
Sur la gestion des flux migratoires et de la lutte contre la migration irrégulière, du 1er janvier au 31 décembre 2021, la Direction de la police de l’air et des frontières (DPAF) dirigée par le général Mame Seydou Ndour, a enregistré 2,029 millions d’entrées de passagers sur le territoire national contre 1,971 million de sorties, contrairement à l’année précédente pour 1,046 million d’entrées et 1,035 million de sorties. En 2021, il a été enregistré l’entrée sur le territoire national de 1 019 372 Sénégalais contre 1 010 286 étrangers. Pour les sorties, il a été constaté le franchissement de la frontière par 1 104 145 Sénégalais contre 867 046 étrangers.
‘’Il a été constaté un pic des flux migratoires pour la période de septembre à décembre. Cette situation est la même, qu’il s’agisse de frontières terrestres, maritimes ou aériennes. Ces augmentations des flux s’expliquent par l’allégement des mesures de restriction à la circulation des personnes, l’ouverture de certaines frontières occasionnant des mouvements de travailleurs saisonniers vers le Sénégal, particulièrement vers Dakar, les Niayes, la vallée du fleuve Sénégal et le sud du pays. Sur le plan de la lutte contre la migration irrégulière, les nombreux efforts consentis ont permis de démanteler plusieurs réseaux de passeurs et de réduire de manière drastique ce phénomène. Durant l’année 2021, il n’a été noté que quatre arrivées d’embarcations aux îles Canaries en provenance du Sénégal, contre 43 en 2020, soit une baisse de l’ordre de 90 %’’, révèle le patron du BRP.
La Direction de la police des étrangers et des titres de voyage (DPETV), pilotée par le commissaire Djibril Camara,chargée essentiellement de la gestion du séjour des étrangers et de l’établissement des documents de voyage ordinaire (passeports, sauf-conduits) et spéciaux (passeports de réfugié, cartes d’identité d’étranger), a produit, au titre de l’année 2021, 243 565 passeports, 7658 cartes d’identité d’étranger et 435 sauf-conduits.
Inauguration de sept nouveaux commissariats de police à Dakar
Dans le domaine de la densification et du maillage sécuritaire du territoire national, selon le commissaire Guèye, des efforts importants ont été consentis pour une couverture effective de l’ensemble du territoire national et la modernisation des moyens d’intervention. Il a été noté l’installation de caméras thermiques et mobiles contre les incendies, lors des grands rassemblements, l’installation et la mise en service de caméras de surveillance sur l’étendue du territoire, la création d’un nouveau sous-groupement du GMI de Dakar dénommé ‘’Inter Cogic’’ installé dans la banlieue dakaroise, l’inauguration de sept nouveaux commissariats de police à Dakar, la décentralisation des activités de la police technique et scientifique par l’ouverture d’antennes dans certaines régions et départements, le démarrage des activités des groupes opérationnels du GMI à Diourbel, à Kolda et à Kédougou.
De plus, s’ajoute la construction de nouveaux postes frontaliers, d’antennes de la Division nationale de lutte contre le trafic illicite de migrants et pratiques assimilées, la construction d’une brigade antiterroriste au niveau de la Direction de la police judiciaire, les détachements fluviaux mixtes (police-douanes) à Béttenti et à Djinack Bara), la construction de salles de simulation de scène de crime pour la police technique et scientifique, les acquisitions d’un laboratoire mobile pour la police technique et scientifique, de matériels de détection de fraude documentaire, de vedettes et de drones de surveillance et l’opérationnalisation du Centre de recueil et d’enregistrement des données et informations policières.
L’augmentation de la durée de validité du passeport de 5 à 10 ans
Dans le cadre des opérations de maintien de la paix, la police nationale a déployé trois unités de 140 éléments au Mali, en Centrafrique et en République démocratique du Congo, soit un effectif total de 420 dont 53 femmes. En plus de 27 policiers individuels (IPO) dont 10 femmes qui sont aussi déployés dans les théâtres de stabilisation et de maintien de la paix.
Pour l'année 2022, les perspectives sont identifiées au niveau de la police nationale. Il s’agira de l’ouverture prochaine de nouveaux commissariats dans les localités de Linguère, Nioro, Koungueul et Bignona ; du renforcement des effectifs, de la modernisation des moyens d’investigation et d’enquête, du renforcement de la veille technologique et d’alerte pour une anticipation sur les menaces émergentes, de l’acquisition d’un laboratoire d’analyse ADN et de balistique, de l’ouverture de bureaux d’accueil secondaires à l’extérieur, à Ottawa (Canada), Marseille (France), Naples (Italie), Pretoria (Afrique du Sud) et au Brésil, de l’augmentation de la durée de validité du passeport de 5 à 10 ans, de l’ouverture et de l’opérationnalisation des 10 unités de lutte (UL) contre les stupéfiants et de l’implantation de 6 UL contre les stupéfiants.
La police nationale, dans le respect des droits humains, selon le patron du BRP, s’est engagée pour le renforcement de la sécurité des personnes et des biens, avec une augmentation considérable des effectifs et des moyens logistiques d’intervention.
CHEIKH THIAM