Publié le 10 Oct 2015 - 12:03
DAKAR- ELECTION PRESIDENTIELLE EN GUINEE

L’opposition et le pouvoir se regardent en chien de faïence 

 

Les guinéens vivants au Sénégal préparent activement l’élection présidentielle du 11 octobre dans leur pays. La Commission électorale ambassade indépendante (CEAI), s’attelle aux derniers réglages. Mais la distribution des cartes électeurs rencontre quelques difficultés et l’opposition accuse le pouvoir de préparer des fraudes.

 

Les guinées de Dakar ne veulent rien rater de l’élection présidentielle dans leur pays. Toute participation au vote est conditionnée par  l’obtention d’une carte électeur. A 24 heures du scrutin, certains électeurs risquent de ne pas participer au choix de celui qui présidera la destinée de la République de Guinée pendant les cinq prochaines années. Domiciliée à l’école élémentaire se trouvant à côté de la maison de culture Douta Seck sise à la Médina, la commission de distribution des cartes électeurs est très débordée en cette matinée du 9 octobre 2015. On note une forte affluence de la communauté guinéenne vers ce lieu qui abritera les 45 bureaux de vote dédiés aux guinéens du Sénégal.

Représentant chacun son camp, l’opposition et le pouvoir se regardent en chien de faïence. La suspicion a atteint son paroxysme. Des centaines de personnes régulièrement inscrits n’arrivent pas à retrouver leurs cartes électeurs. Ils brandissent leurs récépissés pour prouver leurs allégations. Pour l’opposition guinéenne il n’y a pas de doute le camp du président sortant Alpha Condé prépare une fraude massive. Depuis trois jours je viens ici pour retirer ma carte, mais on me dit qu’elle n’est toujours pas là. Donc ils veulent voler l’élection ‘’, se révolte Mouhamed Sakho. Très en colère et déterminé à remplir son devoir de citoyen, il lève son bras cassé en bandage pour exprimer sa peine et son exaspération de se présenter à trois reprise pour rien, alors qu’il est malade.

Le sentiment de ce jeune homme est largement partagé dans ce quartier général de la CEAI. Sous un arbre, un groupe de personne composé des éléments de l’opposition ouvre une liste pour recenser toutes les personnes qui n’ont pas reçu leurs cartes. Lors de notre passage, ils étaient à leur 135ème électeur enregistré avec un tas de récépissés en attente. ‘’Tous les individus qui se sont inscrits à Thiaroye n’ont pas reçu leurs cartes. Nous allons les recenser et faire des réclamations’’, informe un vieux très remonté contre ceux qui sont chargés d’organiser l’élection. Le directeur de campagne de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Ibrahima Salif Bah dénonce ‘’la mauvaise foi de la Commission électorale nationale indépendante (CENI)’’.

Il reste toute même confiant car convaincu que Dakar est un fief de son leader Cellou Dalein Diallo. Son compatriote et adversaire politique reconnait les manquements et promet des solutions avant demain jour du vote. Le représentant du Rassemblement du peuple de Guinée affirme que c’est normal que les gens qui n’ont pas reçu leurs cartes soient révoltés. ‘’Je leur demande de patienter tout va se régler avant dimanche. Il y a des cartes qui ne sont pas encore là. Même, hier on a reçu huit mille’’, rassure-t-il. Son argument principal pour remporter l’élection le soir du 11 octobre reste celui de son mentor Alpha Condé : le nouveau barrage hydroélectrique de Kaléta inauguré il y a quelques semaines par le chef de l’Etat Guinéen.

Dans les salles de distribution des cartes électeurs, l’ambiance est très animée. Parfois les nerfs s’échauffent, mais des médiateurs interviennent rapidement pour calmer les protagonistes. Sur les table-bancs sont étalées des milliers de cartes rangées par ordre alphabétique des noms des propriétaires. Un autre problème noté ici, c’est le non retrait de nombreuses pièces déjà disponibles. Certaines relèvent un manque d’information de la part de la CEAI. Interpelé sur les doléances des guinéens qui n’arrivent pas à retrouver leurs cartes électeurs, le président de la CEAI, Emile Baba Yombouno  reconnait les faits et impute la responsabilité à la CENI leur tutelle basée en Guinée. Concernant le nombre total d’inscrits ici au Sénégal, il reste évasif sur la question et annonce 22669 cartes électeurs reçues par son organisation.

 En attendant le jour du vote demain, les guinéens vivants au Sénégal s’emblent être très motivés et excités par la première élection présidentielle organisée par un pouvoir civil dans leur pays. 

             Abdourahim Barry (Stagiaire)  

 

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