Publié le 8 Jan 2024 - 12:20
DEUXIEME TOUR DES PARRAINAGES

Une partie d’échec !

 

Après un premier tour très difficile, les candidats admis au 2e tour sont attendus au Conseil constitutionnel, ce lundi, de 8H à 17H, pour déposer leurs épreuves pour le second tour. Si les chances de réussite sont grandes pour certains, elles sont en revanche très minces pour d'autres. Ci-après le classement des candidats par ordre de mérite.  

  1. Aliou Mamadou Dia : 47 383 parrains validés. 3 538 doublons externes. Le candidat du Parti de l’unité et du rassemblement a eu plus que le minimum requis au niveau national (44 231), mais a péché par rapport au second critère obligatoire, c’est-à-dire avoir au moins 2 000 signatures dans au moins 7 régions. Pur n'a pu valider que six régions. Diourbel est l'une des régions où le candidat est plus proche de 2 000 signatures avec déjà 1 798 parrains validés. Ce devrait donc être une simple formalité pour eux de mobiliser 202 parrains valides dans la capitale du Baol. Rappelons qu'ils ont la possibilité de déposer jusqu'à 3 538 parrains. Son taux d’efficacité qui reflète la marge de réussite qu’il lui faut pour passer l’examen est très bas, soit 5,71%.
  2. Aly Ngouille Ndiaye est deuxième sur la liste d'admissibilité. Le maire de Linguère a validé 43 137 parrains. Il a 15 759 doublons externes qu'il peut régulariser. Sur les 15 759, il n'a besoin que de 1 094 pour atteindre le minimum requis de 44 231. Contrairement au PUR, il a validé son quota pour les régions. Aly a donc une bonne marge mais devra s'appliquer pour éviter le syndrome des doublons externes et des parrains non reconnus. Son taux d’efficacité est de 6,40%.
  3. El Hadji Malick Gakou a validé pour sa part 40 782 parrains. Il a 18 180 doublons externes. Sur ces doublons, il lui faut valider 3 449 parrains pour obtenir le minimum. Cela peut paraître simple en apparence, mais ça demande un travail fastidieux. Il s'agit en effet de plus de 3 400 parrains dont il faut reporter les données électorales et la date d'expiration de la CNI et la moindre inattention peut être fatale.  Son taux d’efficacité est de 18,97%.
  4. Bassirou Diomaye Faye a validé 40 012 parrains. Il a 6 609 doublons externes. Il va régulariser à hauteur de 4 219. La marge de manœuvre pour le candidat issu de l'ex Pastef est très mince. La moindre erreur se paie cash. Au premier tour, le candidat a perdu plus de 12 000 parrains, soit environ 20% selon son équipe en charge des parrainages. Pour le Conseil constitutionnel, c'est des fautes imputables au candidat et à son équipe. Mais selon l'équipe de campagne de ce dernier, il y a eu des altérations sur leurs fichiers. Même si le nombre de parrains est largement jouable, le candidat issu de Pastef a un taux relativement élevé, soit 63,84%.
  5. Mamadou Lamine Diallo : 39 032 parrains validés. 19 498 doublons externes. Il pourra régulariser les 5 199 parrains qui lui manquent pour valider le minimum. Le candidat de MLD TEKKI a une bonne marge, mais le risque de doublons externes est très élevé dans ce 2nd tour. Son taux d’efficacité est de 26,66%.
  6. Me El hadji Diouf : 40 440 parrains validés. 8 531 doublons externes. Sur le maximum de 8 531 à déposer, s'il arrive à valider 3 791 parrains, il passe. L’avocat est classé 7e par rapport au taux d’efficacité avec un taux de 46,78%.
  7. Idrissa Seck 38 497 parrains validés. 8 613 doublons externes. S'il arrive à valider 5 734 parrains, il passe. Il a une bonne marge d'erreurs et de doublons. Le deuxième à la dernière présidentielle a cependant un taux assez élevé avec 67,34%.
  8. Mahammed Boun Abdallah Dionne : 36 414 parrains validés. 22 523 doublons. Il a besoin de 7 817 nouveaux parrains validés sur les 22 523 parrains à déposer. Son taux d’efficacité est de 38,22%.  
  9. Mame Boye Diao a validé 32 278 parrains. Il a 26 331 doublons externes. Il pourra régulariser à hauteur de 11 953. La tâche s'annonce périlleuse. Il s'agira de trouver plus de 11 000 bons parrains, alors que beaucoup de parrains ont déjà été utilisés. Le maire de Kolda a un taux d’efficacité de 44,93%.
  10. Serigne Mboup : 31 752 parrains validés. 27 107 doublons externes. Il a besoin de régulariser 12 479 parrains pour avoir le minimum requis, le maire de Kaolack doit en plus combler le gap dans une région. Tout porte à croire que ce sera Kaffrine où ils ont 900 parrains. Il ne leur manque que 100 nouveaux parrains. Son taux d’efficacité est de 48,15%.
  11. Serigne Gueye Diop, dissident de BBY, a validé 31 003 parrains. Il a 27 734 doublons externes qu'il pourra régulariser et il lui manque 13 228 pour atteindre le minimum requis de 44 231. Le maire de Sandiara doit en plus travailler son score dans au moins deux régions. Jouable mais pas évident. Le taux d’efficacité est évalué à 47,70%.
  12. Thierno Alassane Sall a validé 30 766 parrains. Il a 28 001 doublons externes. Peut régulariser à hauteur de 13 465. Autrement dit, sur le potentiel de 28 001, il a besoin d'en valider 13 465. Mission difficile mais pas impossible. Le taux est de 48,09%.
  13. Papa Djibril Fall 30 558 parrains validés. 22 055 doublons externes. Il doit valider au 2nd tour 13 673 parrain pour espérer participer à la présidentielle.  Mission difficile mais pas impossible. Taux d’efficacité 62,00%.
  14. Abdoul Mbaye, ancien Premier ministre a validé 30 460 parrains. Il a 17 254 doublons externes. Il lui faut 13 771 nouveaux points. Son taux est très élevé, soit 79,81%.
  15. El hadji Abdourahmane Diouf a validé 30 439 parrains. Il a 18 401 doublons externes. Le leader de Awale, qui a besoin de 13 779 parrains, a du pain sur la planche. Ce n'est pas pour rien qu'il réclame un nouveau tirage au sort pour déterminer l'ordre de passage au 2nd tour. Son taux est de 74,95%.
  16. 16 Souleymane Ndéné Ndiaye a validé 25 562 parrains. Il a 27 734 doublons externes. Il peut régulariser 18 969. Mission difficile mais pas impossible. Son taux d’efficacité est de 67,31%.
  17. Aminata Touré a validé 25 251 parrains. Elle a eu 19 800 doublons externes. Elle n'a à valider que 3 régions. Il lui faudra non seulement 18 980 parrains, mais aussi 2000 dans au moins 4 régions supplémentaires. Mission extrêmement difficile.  Son taux est de 95,86%.
  18. Bougane Gueye Dani a validé 25 235 parrains. Il a 29 622 doublons externes. Il a besoin de 18 996 parrains valides. Avec le risque élevé de doublons externes, la mission s'annonce extrêmement périlleuse. Taux d’efficacité 64,13%.
  19. Amadou Ly Akilee a validé 20 553 parrains. Il a 33 350 doublons externes. Il lui faut 23 678 nouveaux parrains valides. Taux d’efficacité 71%.
  20. Aliou Camara a validé 20 747 parrains. Il a 37 091 doublons à régulariser. Il lui faut 23 484 nouveaux parrains. Taux d’efficacité 63,31%.
  21. Rose Wardini : 19 223 parrains validés. 31 562 doublons. Sur ses doublons qu'elle peut régulariser, il lui faut valider les 25 008. Mission extrêmement difficile. Elle a le taux d’efficacité le plus élevé avec 98,22%.
  22. Amadou Seck. Des différents candidats, il est celui qui a la plus difficile mission. Après avoir validé 10 029 parrains au premier tour, il lui faut presque tout reprendre avec ses 48 783 doublons externes. Le candidat de « LES AS DE LA NATION » doit valider au moins 34 202 parrains.  Son taux d’efficacité est de 70,11%.

MISE A DISPOSITION DU FICHIER

Ce que dit la loi électorale

Le Code électoral prévoit à son article 11 que le fichier doit être mis à la disposition des partis et de la Cena au moins 15 jours avant le scrutin.

La soif de transparence dans l’organisation des élections amène certains observateurs à exiger la mise en ligne du fichier électoral ou au moins sa mise à la disposition des ‘’candidats’’. Avec les résultats peu fameux lors des opérations de contrôle des parrainages, avec les taux élevés de doublons et de parrains non reconnus, certains n’ont pas manqué de remettre en cause la fiabilité du fichier. Réagissant à un audio qui invite les électeurs à aller sur le site de la Commission électorale nationale autonome (CENA) pour vérifier s’ils sont effectivement sur le fichier général, l’organe de contrôle précise : ‘’La CENA attire l’attention des électrices et des électeurs que la version du fichier actuellement disponible sur son site web n’est pas encore mise à jour relativement à l’élection présidentielle de 2024. Dès lors, la CENA déconseille fortement l’utilisation des informations actuellement sur le site. Ces données, qui concernent les élections législatives de 2022, sont incomplètes et peuvent être erronées en ce qui concerne les lieux et bureaux de vote.’’

De l’avis de l’ancienne première ministre Aminata Touré, candidate déclarée, cette sortie est scandaleuse. ‘’De quel fichier dispose donc le Conseil Constitutionnel pour contrôler les parrainages ? Donc la CENA qui est censée superviser l’élection présidentielle du 25 février ne dispose pas encore de fichier à jour ? Finalement à quel fichier faut-il se fier ?’’ s’interroge celle qui a été envoyée au 2e tour par les vérificateurs. Elle est sans appel dans son jugement. ‘’Une Election présidentielle n’a jamais été organisée dans une telle nébulosité au Sénégal ! Tout ce capharnaüm électoral entache sérieusement la transparence et la sincérité du scrutin du 25 février. Les démocrates et citoyens sénégalais doivent massivement se mobiliser pour une élection inclusive et transparente !’’, s’insurge la candidate de MPC Mimi 2024.  

Ce débat sur le fichier est loin d’être nouveau. A la veille de chaque scrutin majeur, des acteurs se plaignent de supposées lenteurs et volontés de fraude liées à la mise à disposition du fichier général. Ce qui est clair, c’est que jusque-là, la loi électorale qui organise le processus de bout en bout n’a pas été violée. Cette loi votée par les acteurs politiques ne s’oppose certes pas à la mise à disposition du fichier électoral, mais elle ne fait pas non plus obligation à l’administration de donner le fichier à ce stade du processus.

L’article 11 du Code électoral, qui traite des attributions de la Commission électorale nationale autonome (CENA), est en effet très clair. Le fichier doit certes être mis à la disposition des partis politiques, mais cela n’est obligatoire qu’à 15 jours du scrutin. C’est ce qui ressort du tiret 7 de l’article L11. Qui énumère, parmi les attributions de la CENA : le fait de ‘’veiller à ce que la liste des électeurs par bureau de vote soit remise quinze jours au moins avant la date du scrutin.’’ Il résulte de la disposition précitée que cette remise doit être faite en support électronique et en version papier non seulement pour les partis politiques, mais aussi pour la CENA.

AMPLEUR DES DOUBLONS EXTERNES ET DES PARRAINS NON RECONNUS

A qui la faute ?

Si la responsabilité des électeurs est souvent invoquée pour expliquer les doublons externes, le défaut de fiabilité du fichier pour justifier les parrains non reconnus, il existe de plus en plus des soupçons sur la tricherie de certains candidats qui n’hésitent pas à tripatouiller les données personnelles des candidats. Une enquête s’impose.

Malgré ces prescriptions législatives, beaucoup de partis se donnent les moyens de disposer du fichier général, en dehors même de toute remise officielle et légale. D’autres ne parvenant pas à disposer du fichier actualisé vont piocher dans les anciennes versions et remplir les fiches de parrainage. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles, en sus des données sur la carte d’électeur, la loi prévoit un discriminant qui figure sur la carte nationale d’identité et qui change à chaque scrutin.

En tout cas, avec le parrainage, la collecte frauduleuse de données à caractère personnel devient une véritable préoccupation, un business lucratif pour certains. Il y a quelques semaines, la presse faisait état d’une affaire de trafic qui avait mal tourné. Un ancien vacataire à la Direction de l’automatisation des fichiers (DAF gestionnaire des fichiers) avait proposé au mandataire d’un candidat déclaré un code d’accès au fichier moyennant la somme de 500 000 francs CFA. Ce dernier, ayant versé une avance sans obtenir le fichier, avait fini par porter plainte contre son escroc présumé. Tous les deux ont été arrêtés par la Police. Deux célèbres candidats, A. T. et M. B. D. avaient été cités dans la même affaire, avant d’être disculpés par l’ex agent à la DAF. L’instruction suit toujours son cours.

Malgré cette tentative avortée, certaines situations n’ont pas manqué de susciter des questionnements, lors des opérations de contrôle des parrainages. Avec des taux de doublons qui généralement dépassent l’entendement, des taux qui varient de 40 à 80% pour certains candidats, sans parler du taux élevé d’électeurs non identifiés au fichier général.

En ce qui concerne les doublons externes, le cas d’Amadou Seck en est une parfaite illustration. Sur le nombre de parrains déposés, plus de 48 000 se sont avérés être des doublons externes, soit autour de 80%. Cela peut découler de plusieurs facteurs. D’abord des électeurs qui signeraient volontairement pour plusieurs listes. Mais cela peut aussi être de la responsabilité des candidats eux-mêmes, qui subtilisent ou qui achètent des données des électeurs sans leur consentement. Seule une enquête pourrait permettre d’apporter des réponses à cette question.

Il en est de même pour le cas des parrains non identifiés au fichier. A ce propos, le cas Samba Ndiaye est un vrai cas d’école. Lui n’est parvenu à valider aucun des parrains qu’il a présentés, ce qui est une véritable prouesse. Cela peut s’expliquer par des erreurs dans le remplissage des fiches, des omissions sur le fichier général imputables à l’administration, mais aussi par la tricherie avec des faux parrainages, de fausses signatures. Il faut souligner que devant la Commission en charge du contrôle, la vérification se fait uniquement par voie électronique. Les signatures ne faisant pas l’objet de contrôle, c’est la porte ouverte à toutes les fraudes.

Dans ce contexte de fraude massive, présumée ou réelle, sur les données personnelles, il est urgent que l’Etat prenne des dispositions pour lutter contre la gangrène qui fausse les règles du jeu électoral. En attendant, l’accès très facile aux données à caractère personnel des citoyens constitue une véritable source d’inquiétude.

La loi électorale avait pourtant prévu des garde-fous pour éviter ce genre de situation. Seulement, le législateur a plus pensé au manque de sincérité de l’électeur qu’à la malhonnêteté des candidats. Selon la loi électorale, ‘’si le parrainage d’un électeur se trouve à la fois sur plusieurs listes, les peines prévues à l’article L.91 du Code électoral sont applicables au parrain fautif’’. Il résulte de la même disposition que : ‘’quiconque aura organisé ou planifié des actes qualifiés de fraude ou de tentative de fraude sur le parrainage sera puni des mêmes peines.’’ Par rapport à la peine prévue, l’article 91 prévoit un emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de 10.000 à 100.000 FCFA.

Par ailleurs, il existe aussi d’énormes soupçons sur les grands candidats d’utiliser les parrains qu’ils avaient collecté sur le terrain, soit pour aider des candidats à participer, soit pour augmenter le risque de doublons à travers la multitude de candidatures.

Mor AMAR

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