La justice ordonne l’arrestation de plusieurs cadres des Frères musulmans

Le parquet égyptien a ordonné ce mercredi 10 juillet l'arrestation du chef des Frères musulmans, Mohammed Badie, comme celle d'autres responsables de la confrérie. Ils sont accusés d'incitation à la violence lors des affrontements de lundi. Une fusillade devant la caserne de la Garde républicaine où étaient rassemblés les partisans du président destitué et qui a fait une cinquantaine de morts. Près de 200 personnes en tout ont été inculpées. Cette décision de justice accroit la tension déjà très vive depuis l'éviction de Mohamed Morsi.
Le parquet a lancé un mandat d’arrêt contre plusieurs hauts responsables des Frères musulmans. Ils sont accusés d’avoir prononcé des discours « incitant à la violence » sur la place Rabaa al-Adawiya où se sont rassemblés plusieurs dizaines de milliers de partisans du président Morsi.
Les mandats concernent notamment Mohamed Badie, le guide suprême de la confrérie, Essam el-Eryan, le vice-président du parti Liberté et Justice des Frères musulmans et le prêcheur Safawat Hégazi.
Les intervenants sur le podium situé dans la banlieue de Madinet Nasr à l’est du Caire avaient notamment appelé à « un soulèvement populaire » contre les ennemis de la légitimité et demandé à la communauté internationale d’intervenir « pour éviter que l’Egypte ne se transforme en nouvelle Syrie ».
Guéhad el-Hadad, le porte-parole des Frères musulmans, a dénoncé une « tentative de la part de l’Etat policier pour disperser le sit-in des partisans du président Morsi ». Il a ajouté que certains des leaders recherchés se trouvaient actuellement sur les lieux du sit-in à Madinet Nasr.
La décision du parquet accroît une tension déjà très vive en Egypte depuis l'éviction du président Morsi par l'armée. Le parti des Frères musulmans avait été invité à rejoindre le gouvernement de transition. Refus catégorique des intéressés, qui appelaient encore à manifester ce mercredi soir. Ci-dessous, le témoignage d'un membre de la confrérie recueilli par Daniel Vallot, envoyé spécial de RFI au Caire.
« Je refuse catégoriquement de négocier avec ce gouvernement, qui est arrivé grâce aux blindés de l'armée. Ce coup d'Etat militaire a eu pour conséquence un véritable massacre. Nous refusons d'entrer dans quelque négociation que ce soit. Nous n'accepterons de négocier qu'après le retour du dirigeant légitime de l'Egypte, Mohamed Morsi. Je lui ai donné mon suffrage et il est l'unique représentant du peuple égyptien.
Nous demandons également que la Constitution soit rétablie, que soient respectés les droits de l'homme et le droit de manifester pacifiquement, contrairement à ce qu'il s'est passé lundi. Nous demandons également la réouverture des chaînes de télévision. Pendant le mandat de Mohamed Morsi, aucune chaîne n'a été fermée, alors qu'il avait beaucoup d'opposants. C'est ça, la différence entre une vraie démocratie et un régime militaire et fasciste. »
RFI