“Le Dak'art doit redonner une importance à la sculpture”
A Dakar il y a une semaine dans le cadre du symposium international sur la sculpture africaine, le plasticien et professeur d'arts visuels à l'école internationale de Genève en Suisse, Momar Seck, s'est confié à EnQuête. L'enfant de Bargny pense qu'il faut ''restructurer'' le secteur sculptural.
Qu’est-ce qui explique votre présence à Dakar ?
J’ai été invité par le Secrétariat général de la Biennale des arts de Dakar pour participer au symposium sur la sculpture africaine. C’est pour moi une opportunité de renouer avec mon pays d’origine et de continuer à être présent sur la scène nationale.
Comment se porte votre carrière de plasticien en Suisse où vous résidez ?
Disons que tout se passe bien avec beaucoup de projets, des contacts, des expositions et des conférences qui sont développées autour du travail. On a besoin de se baser sur ces expériences pour pouvoir évoluer. En gros, tout se passe bien.
Quelle est la matière essentielle de vos oeuvres d’art ?
Le travail est spécialement basé sur des matériaux de récupération. Cela implique donc la réutilisation immédiate des objets de notre environnement à des fins plastiques. Ce sont des objets de notre société qui sont utilisés ou réutilisés. Et au moment où ils sont jetés, je les récupère pour juste faire des propositions plastiques avec.
Pourquoi l’environnement occupe-t-il une place de choix dans votre démarche artistique ?
Parce que je travaille d’habitude sur des thèmes qui ont un lien avec la société. Et nous sommes dans une société de consommation. L’utilisation de l’environnement n’est pas seulement par un souci de recyclage. Le but, c’est plutôt d’avoir une option artistique et une vision plastique avec des moyens qui sont plus ou moins proches. C’est un choix artistique porté sur des objets plus accessibles et à portée de main.
Comment êtes-vous devenu plasticien ?
Après le Bac, j’ai fait le concours de l’école normale d’éducation artistique pour être professeur d’arts visuels. C’est dans la formation que j’ai eu le goût de l’art. J'ai gardé cette passion de la création et elle m’a suivie en tant qu’enseignant. Il fallait faire un choix après le Bac et moi, j’ai choisi l’art plastique.
Quelles sont les expositions qui ont marqué votre carrière ?
Depuis sept ans je participe à plusieurs grandes expositions dans différents musées. Par exemple, il y a Kunsthalle de Berne qui est le centre de référence pour l'art contemporain en Suisse. J'ai aussi exposé dans un musée de Zurich et au musée des beaux-arts de Chartres. J'ai également exposé dans des galeries à Genève et Zurich. A Dakar, j'ai exposé pour le compte de la Biennale des arts à l'IFAN et musée Boribana.
Participez-vous régulièrement au Dak'art ?
A Dakar, j'ai participé à la biennale de 1996. Depuis cette date, je ne suis plus revenu. La difficulté est due au fait qu'il y a des choix par rapport aux biennales. Il y a aussi la disponibilité qui pose problème. Je suis engagé dans mon travail à Genève et j'ai du mal à me libérer pour venir participer au Dak'art.
Si vous devez apprécier de loin l'avenir de la sculpture et des arts plastiques au Sénégal ?
La sculpture est l'un des parents pauvres des arts plastiques. Aujourd'hui, on peut saluer la volonté du Secrétaire général de la Biennale des arts de Dakar de vouloir donner une importance capitale à la sculpture. Le Sénégal a un secteur sculptural à ne pas négliger. Je pense qu'il serait intéressant de restructurer ce secteur. La peinture existe et existera toujours.
Parce que l'école de Dakar a, dans sa majorité, formé beaucoup de peintres avec des exceptions comme Guibril André Diop, Djiby Ndiaye, etc. On a une formation plutôt picturale. Maintenant, il faut se dire que c'est le moment de redonner une importance à la sculpture dans le cadre de la Biennale qui est une référence artistique pour le Sénégal et l'Afrique.
Pensez-vous à des projets pour la jeune génération de plasticiens au Sénégal ?
Personnellement, j'ai développé un projet qui donne la possibilité aux jeunes artistes de faire une formation de trois mois à Genève. La première personne à bénéficier de cette formation s'appelle Marie Ngom. Elle est sortie l'année passée. En collaboration avec la fondation Heim, je fais venir des artistes-plasticiens qui sortent des beaux-arts ou qui sont sortis l'année d'avant pour leur donner l'opportunité d'avoir une résidence de trois mois. Ils travaillent et à l'issue de la formation, font une exposition et un vernissage. C'est important qu'ils rentrent au pays pour la continuité. Pour l'instant, ça se passe bien. Marie Ngom est venue, elle a fait son exposition. Donc elle est partante.
Y a-il des critères de sélectivité pour bénéficier de cette formation ?
Oui, c'est sur consultation des dossiers. Nous travaillons en collaboration avec Khalifa Dieng, le directeur du musée Boribana. Il propose des artistes et c'est sur la base du dossier et de la relation avec d'autres artistes que la fondation organise la résidence avec des artistes qui viennent d'Israël. Cela est déterminant par rapport aux choix.
Avez-vous pris rendez-vous avec la prochaine Biennale de Dakar ?
Oui. De toutes les façons, le symposium est prévu pour la participation. Cela dit, toutes les sculptures que l'on a réalisées durant le symposium seront exposées à la Biennale de l'année prochaine. Maintenant, il reste à savoir si je serai présent physiquement ou pas. C'est positif pour la participation mais je ne sais pas encore pour la présence.
ALMAMI CAMARA