Publié le 7 Jan 2016 - 19:06
ESSAI NUCLÉAIRE NORD-CORÉEN

Les condamnations se multiplient

 

La Corée du nord a annoncé, ce mercredi matin, avoir réussi son premier test de bombe à hydrogène, son quatrième de bombe nucléaire. Même si la communauté scientifique se montre sceptique sur la réussite de cet essai, les condamnations sont nombreuses.

Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit d’urgence à huis-clos ce mercredi à la demande des Etats-Unis et du Japon. Les précédents tests nucléaires de la Corée du Nord lui avaient valu des sanctions internationales.

Tokyo qualifie cet essai de « grave pour la sécurité du Japon », et indique qu’il va se coordonner avec les autres pays censés participer aux pourparlers à six pour la dénucléarisation de la Corée du Nord (Etats-Unis, Corée du Sud, Chine et Russie), des pourparlers stoppés depuis le premier essai de Pyongyang en 2006.

La Corée du Sud très sceptique sur la bombe H

Le voisin sud-coréen émet des doutes sur le succès de cet essai présumé de bombe H, rapporte notre correspondant à Séoul, Frédéric Ojardias. C’est du bluff, selon l’armée et l’agence d’espionnage de la Corée du Sud, qui affirment que l’explosion qui a eu lieu ce matin n’a pas été causée par une bombe thermonucléaire à hydrogène. La Corée du Nord a déjà dans le passé réussi trois essais de bombes atomiques. Mais une bombe à hydrogène est beaucoup plus puissante. Selon les spécialistes, la magnitude de l’explosion souterraine enregistrée ce matin est similaire à celle de l’essai nucléaire de 2013 : quelques kilotonnes, une puissance bien trop faible pour provenir d’un engin thermonucléaire.

Ceci dit, l’essai n'en demeure pas moins inquiétant : il montre que le programme nucléaire nord-coréen continue d’avancer, essai après essai, malgré les sanctions internationales.

Cette nouvelle crise survient quelques semaines après l’échec de négociations avec la Corée du Sud, et alors que la Corée du Nord se trouve de plus en plus isolée. Le régime voit dans le nucléaire sa meilleure chance de survie.

La Chine embarrassée

Pékin, le principal allié de la Corée du Nord, dit s’opposer « fermement » au nouvel essai nucléaire de Pyongyang, et exhorte le pays à « s’abstenir de toute action qui aggraverait la situation ».

La Chine n'a pas été prévenue de cet essai, précise notre correspondante sur place, Delphine Sureau. Et les habitants à la frontière ont cru à un tremblement de terre... La secousse a fait vaciller le mobilier dans les bureaux. A Yanji, à 35 km de la Corée du Nord, les habitants sont sortis dans la rue, et les écoles ont dû être évacuées.

Pékin est de plus en plus embarrassé par son allié incontrôlable, et condamne cet essai nucléaire, comme il l'a fait pour le précédent en 2013. La Chine va vérifier s'il s'agit bien d'une bombe à hydrogène, mais dans tous les cas, elle exhorte encore une fois la Corée du Nord à renoncer - pour de bon - à son programme nucléaire, comme elle s'y est engagée.

L'Occident dénonce des violations

Depuis l'annonce de la Corée du Nord, les réactions se sont également enchaînées en Occident. Après les Etats-Unis et la France, l'Union européenne a dénoncé « une violation inacceptable » et une « menace » envers la sécurité de l'Asie du Nord-Est, selon la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. S'il est confirmé que la Corée du Nord a effectué un essai de bombe à hydrogène, il s'agira d'une « violation évidente » des résolutions de l'ONU et d'un acte « profondément regrettable », a de son côté déploré Yukiya Amano, le patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), basée à Vienne.

Les termes choisis par l’Australie sont plus vifs : pour Canberra cet essai confirme à ses yeux le statut d’« Etat-voyou » de la Corée du Nord.

La Russie appelle au dialogue

Le Kremlin se dit très inquiet, comme le rapporte notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne. Le président Poutine a demandé que cette annonce d'un essai d'une bombe à hydrogène par la Corée du Nord soit vérifiée. Le ministère russe des Affaires étrangères parle d'une violation grave du droit international et des résolutions des Nations unies : « De telles actions risquent d'aggraver les tensions dans la péninsule coréenne », où le potentiel de confrontation militaire est déjà élevé. Moscou invite toutes les parties à la retenue, et demande la reprise du dialogue dans le cadre du processus déjà engagé.

La Russie, qui fait partie des 6 pays impliqués dans ce processus de paix, s'était ostensiblement rapprochée de la Corée du Nord l'année dernière. Après avoir trouvé un accord sur la dette nord-coréenne datant de l'époque soviétique, les deux pays avaient annoncé la relance de leurs échanges. Un haut dignitaire coréen avait effectué une visite à Moscou, largement couverte par les médias russes. Les deux pays avaient même annoncé la venue de Kim Jong-un pour les cérémonies du 70e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie, ce qui devait constituer la première visite officielle du numéro un nord-coréen à l'étranger. Mais Kim Jong-un n'est pas venu, et l'idylle entre les deux pays semble terminée.

rfi

 

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