Des ONG demandent l'interdiction des rencontres internationales à Jammeh
Des organisations sénégalaises de défense de droits humains comptent saisir les institutions politiques africaines et internationales pour leur demander de ne plus admettre le président gambien Yahya Jammeh dans leur manifestation, suite à l'exécution par Banjul de neuf prisonniers condamnés à mort.
''Nous allons saisir les institutions politiques comme la CEDEAO, l’Union africaine, l’ONU pour que le président gambien Yahya Jammeh ne participe plus à leur manifestation’’, a déclaré mardi à Dakar le président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO), Alioune Tine.
S’exprimant en conférence de presse aux côtés de Me Assane Dioma Ndiaye de la Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH) et Seydi Gassama, d'Amnesty International-Sénégal, M. Tine a annoncé l'organisation, jeudi, d'une marche de protestation devant l’ambassade de Gambie à Dakar. Le ministère gambien de l'Intérieur a confirmé lundi, dans une déclaration, l'exécution de neuf prisonniers condamnés à mort, plus d'une semaine après que le président Yahya Jammeh eut juré de recourir à la peine de mort pour faire face aux crimes organisés et menaces terroristes.
Selon la déclaration, les neuf personnes ont été exécutées par un peloton d'exécution. Deux Sénégalais, Tabara Samba et Djibril Bâ, font partie des victimes. ''Nous demandons à toutes les organisations de droits de l’homme de ne plus voyager en Gambie pour participer aux rencontres de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples. Nous demandons à la Commission de ne plus organiser de manifestations en Gambie. Nous demandons à l’UA de tirer les leçons'', après ces exécutions, a dit le président de la RADDHO.
Pour Alioune Tine, Yaya Jammeh a bénéficié ‘’d'un régime de complaisance'' qui a trop duré. ''Yaya Jammeh est un dictateur. Il a un mépris souverain pour ses pairs (…) Nous prenons le combat pour notre compte’’, a déclaré Me Assane Dioma Ndiaye de la LSDH. Selon lui, ''les organisations de droits de l’homme n’excluent aucune forme légale pour protester contre le président gambien et son régime''. ''La mobilisation doit être au sommet. Le Sénégal est le premier pays concerné par cette situation’’, a poursuivi Me Ndiaye.
Sur la même lancée, les deux responsables de la section sénégalaise d’Amnesty International, respectivement Seydi Gassama et Me Demba Ciré Bathily ont dénoncé l’attitude du gouvernement sénégalais. Selon eux, Dakar ''n’a rien fait'' pour sauver les deux Sénégalais. Participant à la conférence de presse, un opposant gambien exilé à Dakar, Boubacar Baldé, a demandé à la communauté internationale d’aider l’opposition de son pays.