''Entre Madior Fall et moi. . .''
''Wadji demna'' (le mec s'en est allé), le titre du dernier single de Marie Louise Da Costa, allias Malouida, évoque l'histoire d'une femme trahie. Il se susurre que l'artiste conjurerait son propre sort de divorcée. La chanteuse en parle sans détours avec EnQuête. Elle dévoile aussi ses projets futurs et parle des rapports privilégiés avec feu Madior Fall, ancien journaliste rédacteur en chef de Sud Quotidien.
Où en est votre parcours professionnel ?
Je suis une jeune artiste qui a commencé en 1993 et qui poursuit son chemin. J'ai eu à passer dans différents orchestres. De tous mes passages, c'est celui fait dans l’orchestre de Vieux Mac Faye (Le Jollof Blues) qui m'a le plus marqué. Il m'a tout donné en fait. J'y suis restée pendant six longues années. Depuis, je continue à faire mon petit bonhomme de chemin.
Depuis la sortie de votre dernier album ("Diaral ngama) vous semblez en mode veilleuse, on ne vous voit ni ne vous entend. Que faisiez-vous au juste ?
J'étais entre le Sénégal et l'étranger. J'ai un réseau avec lequel je travaille. Dès fois, je pose des voix pour certains ou je fais des duos avec d'autres. J'étais concentrée sur ce travail. Je me produisais aussi à l'étranger avec mon orchestre. J'ai l'habitude de le faire, je ne suis pas une machine programmée. Je mérite aussi de me reposer. Quand je sors un album et que l'essentiel est fait, je fait un break. C'est ce que j'ai fait après la promotion de mon dernier album.
Vous êtes assez éclectique dans vos compositions musicales. Dans quel genre vous évoluez exactement ?
A chacun son style. Moi j'ai apporté le mien que je le défends. Mais il faut avouer que pour le dernier single que je viens de sortir, je me suis beaucoup plus rapprochée du public local. Souvent, certains me disaient que je devais faire du mbalax pur et dur, tandis que d'autres me conseillaient le contraire. Alors, pour cette fois-ci, je fais du mbalax à 100%. Il y aura beaucoup de surprises dans l'album. Tous mes fans seront ravis. Nul ne restera sur sa faim, je l'espère bien.
Vous changez de direction pour vos fans, est-ce à dire qu'ils n'aiment pas la Alicia Keys bis que vous incarniez à vos débuts ?
Non, ce n'est pas une question de direction. C'est parce qu'à chaque album ce qu'on ressent. On fait aussi de la musique pour les fans. Donc, quelque fois, ils nous dirigent un peu. Ça a été un peu çà et on continue sur cette lancée. Je suis, malgré tout, toujours dans ma direction, je m'y sens à l'aise. Jamais je ne vais chanter un truc que je ne peux pas faire ou que je ne sens pas. Cette option de faire du mbalax pur et dur, c'est pour élargir mon public.
Il faut reconnaître que votre style assez occidental n'était pas adopté par le public...
Bon, écoutez, c'est un fighting. Aujourd'hui, tous les grands hommes qui ont réussi à avoir quelque chose dans leur vie se sont battus pour cela. Rien n'est facile dans cette vie ni donné à l'avance. Il faut se battre. On ne peut pas faire un truc aujourd'hui qui agrée tout le monde. C'est valable pour les Youssou Ndour et autres ; ils sont arrivés au moment où la musique traditionnelle et la salsa étaient en force. Ils ont apporté leurs guitares et d'autres instruments. Et cela n'a pas été facile pour eux. Pour moi aussi, çà vient petit à petit. On suit le style et le public, on suit ses réactions. Quand il me demande du mbalax, je leur en sers. Il y a d'autres qui sont très satisfaits par ce style occidental dont vous avez parlé. J'essaie de contenter tout le monde en touchant à tout.
Votre dernier single, ''Wadji demna'', fait actuellement le buzz sur les chaînes de télévision et les radios. Quels échos en avez-vous reçus ?
Les gens sont un peu étonnés. Ils ne savait pas que je pouvais évoluer sur un style un peu ''ndanane'' (traditionnel) comme on dit, et comme je l'ai fait dans la deuxième partie du titre. J'ai été chanteuse de variétés, j'évoluais dans des styles différents. Je ne vois pas pourquoi je ne vais pas piocher dans cela pour élargir mon public. Il n'y a pas de mal à cela ! C'est de la musique. Demain, on peut entendre Malouida chanter du chinois et je l'ai fait. Rien n'est impossible dans la musique. Il faut savoir faire les choses et bien.
Vous êtes divorcée, c'est connu. Et Le single raconte l'histoire d'une femme trahie. Serait-ce la vôtre ?
Non, ce n'est pas moi qui l'ait vécue. Par contre, je sais que des gens l'ont vécue. On chante des choses au hasard et quand cela sort, des gens se retrouvent entièrement dans la chanson. Le mbalax est une musique d'ambiance, elle ne peut être accompagnée de sujets très sérieux. Il n'y a que l'amour qui sied avec ce rythme.
Avez-vous actuellement quelqu'un dans votre vie ?
Je suis seule. Je n'ai que la musique. Tu n'as pas vu ce que le gars (son ex) m'a fait. Il me disait : ''Malou, tu es une princesse, affaire bi yaw la.'' J'ai cru en lui et en ce qu'il me disait. Il est parti malgré tout.
L'histoire du single ressemble bien à la vôtre...
Non, du tout. Je ne pense même pas pouvoir faire cela. Je le dis juste pour rigoler. Si c'était le cas, je ne chanterais pas cette histoire. Je vais donner de l'importance et du succès au gars. Je ne dis ''abanapiw'', c'est un terme bien à moi et çà sera le titre d'une de mes chansons. Cela signifie ''happyness all the time''. Tout va bien.
Restons avec ce single pour relever que avez chanté feu le journaliste feu Madior Fall. Pourquoi cet hommage ?
Madior Fall est quelqu'un qui a fait partie de ma vie en général. Entre lui et moi, c'est un long compagnonnage. Il m'a beaucoup conseillée dans ce que je fais. Et je crois que c'est le titre qui a choisi notre destin. Il a écouté ce titre bien avant qu'il parte. En plus, le titre en dit long : ''Wadji dem na''. En choisissant ce titre, je ne savais pas que Madior allait partir avant la sortie du single. Cela m'a apprise beaucoup de choses : Madior n'était pas quelqu'un d'ordinaire pour moi. Il m'a soutenu moralement et financièrement. Il a été là pour moi et pendant de longues années. Il était mon premier fan et me souhaitait d'avoir le même succès que des chanteuses comme Myriam Makeba. J'ai reçu un coup dur le jour de l'annonce de son décès.
Ce single est un avant-goût de votre troisième production. Peut-on avoir une idée de ce que ce prochain album ?
Tout ce que je peux dire, c'est que ce sera un album de surprises. Je viendrais sous de nouveaux jours.
Allez-vous faire que du mbalax, comme dans ''wadji demna'', ou un mélange avec du RNB ?
Si je réponds à cette question, je peux oublier le mot surprise. Çà ne sera plus une surprise alors.
L'album sera composé de combien de titres et sortira quand ?
Là on est en train de choisir les titres à sortir. J'ai trop de choses en tête. On ne peut pas tout sortir avec la piraterie. C'est un gâchis de faire un album avec une multitude de chansons. Les gens ne pourront pas le consommer comme il faut. Cela va sortir en 2013. En début, en milieu ou en fin, seul Dieu sait.
Vous avez changé totalement de look. Pourquoi ce changement ?
Un artiste doit toujours changer et venir avec des choses nouvelles. Sinon çà lasse. Il faut oser le dire, j'étais grosse. Sur scène, je me fatiguais facilement et respirais au micro. Ce n'est pas bon. J'ai jugé nécessaire de maigrir. Je m'y suis mise. Apparemment, cela a marché puisque vous avez remarqué que je suis devenu fine.
Était-ce difficile, le régime ?
C'était difficile. J'ai une fois fait une baisse de tension et j'ai été évacuée. Je ne mangeais pas du tout. J'ai failli mourir à cause de ce régime. Un jour, alors que je devais voyager le soir, je n'ai rien mangé de la journée. Je suis sortie pour acheter quelque chose à la boutique et, sans crier gare, je suis tombée en syncope. Quand je commençais à reprendre conscience, j'ai demandé qu'on dise au revoir à ma maman de ma part. Ma tension était imprenable, tellement elle était basse. Je pensais que pour perdre du poids, je ne devais plus manger. Or ce n'était pas cela.
Avez-vous continué le régime ?
Bien sûr. Mais avec une nouvelle méthode. Je mange beaucoup de légumes. J'ai diminué les plats gras. C'était très difficile car je suis gourmande.
Vous êtes aussi un peu plus claire. Le xessal (dépigmentation) fait-il partie du nouveau look de Malouida ?
Vous trouvez que je suis claire ? Non, pourtant je ne fais pas de xessal. C'est le froid de l'Europe qui m'a un peu éclairci. J'utilise le lait ''Miss ébène'', ce n'est pas du xessal.
PAR BIGUÉ BOB
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