Les inquiétudes de F24
Les Forces vives du Sénégal (F24) redoutent une volonté du gouvernement de fausser l'élection présidentielle de février 2024. La plateforme exige que le fichier électoral lui soit communiqué.
BABACAR SY SEYE
Les Forces vives du Sénégal (F24) réclament la mise à disposition, à temps, du fichier électoral, de la liste des bureaux de vote et de leurs emplacements. Exprimant leurs préoccupations, ils souhaitent avoir accès à ces éléments et effectuer les vérifications nécessaires. "Notre principale préoccupation réside là-dedans. Normalement, le fichier électoral devrait être à notre disposition. Aujourd'hui, l’État, par le biais du Conseil Constitutionnel, semble fermer les yeux. Ils semblent vouloir procéder à une sélection et éliminer certains candidats", a déclaré, hier, le candidat Mohamed Koné lors d'une conférence de presse. "Je pense que le parrainage est entaché de partialité. Nous devons être prudents à ce sujet et continuer d'exiger l'accès au fichier électoral", a-t-il ajouté.
Le coordonnateur de F24, Mamadou Mbodj, souligne qu'à la suite de la dernière élection présidentielle, la commission d’évaluation post-électorale avait formulé des recommandations pour des élections transparentes et sincères. Selon lui, ces recommandations ne sont pas respectées. "Lors des élections précédentes, de nombreuses lacunes ont été signalées. Des recommandations ont été émises pour que des mesures correctives soient prises. Cependant, ces recommandations sont restées lettre morte. De nombreux actes indiquent une volonté du gouvernement de fausser les élections", prévient-il, soulignant que la Direction Générale des Élections n'a pas respecté une décision de justice (dans le cas de Sonko).
Mamadou Mbodj insiste sur la nécessité d'avoir accès au fichier électoral, afin d'éviter toute altération des résultats en amont. "Si le code source du logiciel a été mis à la disposition de certains candidats et qu'ils ont la possibilité d'un contrôle permanent sur ce code source, il existe des risques de partialité, des risques sur lesquels nous n'avons aucune emprise", poursuit-il, avant de déplorer un traitement inéquitable.
"Il est impératif que l’État, par le biais du ministère de l’Intérieur, prenne les mesures nécessaires pour garantir la confiance", dit-il.
En effet, l’ex ministre de l'Intérieur, Antoine Félix Diome, avait affirmé qu'il prendrait toutes les mesures nécessaires pour garantir le bon déroulement des élections. Cependant, cette déclaration ne parvient pas à rassurer F24. "Cela suscite des soupçons. Dans la situation actuelle, le rôle du ministère de l'Intérieur est d'organiser des élections et de prendre toutes les dispositions pour garantir leur bon déroulement. La première mesure qu'il aurait dû prendre aurait été de remplacer le directeur général des élections, qui a clairement outrepassé son rôle", estime Boubacar Camara.
"Pour nos revendications, il n'est pas trop tard et rien n'est joué d'avance. Nous nous battrons pour que toutes les mesures nécessaires soient prises, afin d'assurer la transparence", assure-t-il.
F24 souligne que sa stratégie après le parrainage consiste à réunir tous les leaders en un front uni, afin de faire face au régime.
Par ailleurs, l’investiture de Ousmane Sonko a été annoncée pour ce samedi par la coalition Sonko Président. Cependant, ce vendredi, les autorités ont interdit la tenue de cette manifestation. Interpellé à ce sujet, F24 déclare : "Cela s'inscrit dans la lignée de ce qu'ils ont fait ces derniers mois. Ils ont restreint les libertés publiques et confisqué des biens. Toutes les réunions de F24 ont été interdites. Il s'agit d'une démarche dictatoriale adoptée par le gouvernement".