Mamadou Lamine Diallo invite Amadou Ba à combler un trou de 150 milliards

Dans ses questions économiques du mardi, le président du mouvement Tekki alerte sur une possible offensive fiscale sur les entreprises et imposables du quotidien de l’actuel chef du gouvernement pour renflouer les caisses de l’État.
C’est une nouvelle vie qui commence pour le Premier ministre. Depuis le samedi 9 septembre et le choix porté sur lui par le président de la République Macky Sall, comme candidat de la majorité à la Présidentielle 2024, Amadou Ba est chanté par ses partisans et laudateurs autour du pouvoir.
Mais la vie n’est tout le temps pas rose pour le nouvel homme fort de la coalition Benno Bokk Yaakaar. S’il ne fait pas l’unanimité au sein de sa formation politique, le candidat du président sortant ne s’en sort pas mieux aux yeux de l’opposition politique.
Hier, l’opposant Mamadou Lamine Diallo a challengé le Premier ministre sur le dernier quart de l’année. Et pour un candidat à la Présidentielle, Amadou Ba ne s’inscrirait pas dans les bonnes grâces des Sénégalais, si les informations soutenues par le président du mouvement Tekki se révèlent exactes.
Selon Mamadou Lamine Diallo, le Premier ministre droit remblayer un trou de ‘’150 milliards selon (ses) calculs’’ dans les finances publiques. Et que pour y arriver, ‘’Amadou Ba prévoit de s’attaquer aux entreprises réglementées : avocats, experts en tout genre, médecins, huissiers, banques, assurances. On leur demande de fournir les documents sur cinq ans pour évaluer la TVA, l’impôt sur le revenu, la Cel, etc.’’.
Un ‘’trou de 150 milliards, selon nos calculs’’, doit être comblé
Le député se fonde sur la dernière mission au Sénégal (du 31 août au 7 septembre 2023) d’une équipe du Fonds monétaire international (FMI) pour faire le point sur les récents développements économiques, mettre à jour les prévisions de croissance et de budget, et discuter du projet de budget 2024. Au terme de cette visite, Mamadou Lamine Diallo assure que le FMI a évalué ‘’les finances publiques pour faire deux constats : le coût élevé sur l’économie des émeutes d’une part, et, d’autre part, le retard dans le démarrage de la production pétrolière et gazière qui aura lieu après la Présidentielle 2024’’.
C’est ainsi qu’un ‘’trou de 150 milliards, selon nos calculs’’, doit être comblé, dit-il.
Dans le communiqué de presse du FMI, l’institution financière a annoncé une révision des prévisions économiques de l’avenir proche des finances publiques sénégalaises. Le chef de mission, Edward Gemayel, a déclaré que ‘’la situation sociopolitique tendue a pesé sur l'activité des secteurs du commerce et des services au cours du premier semestre de cette année, ce qui a conduit à une révision à la baisse des prévisions de croissance du PIB, qui sont passées de 5,3 % à 4,1 %’’.
À cela s’ajoute une ‘’inflation en glissement annuel’’ qui est tombée ‘’à 5,7 % en juillet’’. Et cela ne devrait pas s’améliorer dans les mois à venir, puisque, selon Mamadou Lamine Diallo, ‘’de nouvelles pressions inflationnistes provenant de certains produits alimentaires de base (riz, oignon, sucre) sont apparues récemment et les prévisions pour l'inflation moyenne en 2023 ont été révisées à la hausse, passant de 5 % à 6,1 %’’.
Mamadou Lamine Diallo : ‘’C’est sans doute le cœur meurtri que Macky Sall a choisi Amadou Ba.’’
Si le FMI juge l'exécution du budget du premier semestre globalement conforme aux objectifs du programme signé par le Sénégal en début d’année, il estime que ‘’l’atteinte des objectifs du programme de fin décembre nécessitera des efforts supplémentaires en matière de mobilisation des recettes’’.
Mamadou Lamine Diallo impute tout cela à la gestion du candidat de la majorité à la Présidentielle. Selon lui, ‘’cette offensive fiscale en préparation d’Amadou Ba prouve aussi que les services fiscaux sous son magistère n’ont pas bien fait leur travail’’.
L’actuel Premier ministre est un inspecteur des impôts qui fut ministre de l’Économie et des Finances, de 2013 à 2019. Mais le parlementaire se base plus sur ce parcours et sur l’arrivée d’Amadou Ba à la primature pour dire que ‘’c’est sans doute la situation désastreuse des finances publiques qui a fait peur à Macky Sall pour finir, le cœur meurtri, par choisir l’homme à l’ascenseur comme candidat de BBY’’.
Lamine Diouf