Entre embarras du choix et choix de l’embarras

À quoi pourrait ressembler le gouvernement de la République du Sénégal, si Bassirou Diomaye Faye remportait la Présidentielle de 2024 ? ‘’EnQuête’’ vous présente un échantillon des profils sur qui le poulain de Sonko pourrait compter, en cas de victoire. Entre un gouvernement de rupture et une équipe de recyclés du système, le candidat de DiomayePrésident a plutôt l’embarras du choix. Il devra d’abord régler l’équation Ousmane Sonko.
En 2023 déjà, la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, dans plusieurs sorties médiatiques, annonçait le nom de son futur Premier ministre, si jamais elle accède au pouvoir en 2027. Des noms se dégagent également pour le futur gouvernement.
Au Sénégal, à quelques jours de la Présidentielle à laquelle il est donné comme principal favori, c’est encore le flou total. Qui sera le Premier ministre ? Qui pour prendre la place à la suppression pour occuper celui de vice-président ? Qui sont les possibles futurs membres du gouvernement ? Les options sont multiples, si Diomaye remporte le scrutin présidentiel du 24 mars 2024.
D’abord, il faudra gérer le cas Ousmane Sonko, son mentor et leader politique. Quel rôle jouera-t-il dans le régime, si les Sénégalais font confiance à son poulain ? Ceci est une question centrale sur laquelle la coalition Diomaye sera très attendue. Pour le moment, les responsables préfèrent ne pas trop s’encombrer avec ces questions. Le long de leurs caravanes, le slogan est : ‘’C’est comme une promotion ; vous élisez un président et vous vous retrouvez avec deux présidents.’’ Sauf que comme disait l’autre, le poste de chef de l’État, c’est un fauteuil, pas un banc. Il y aura forcément un n°1 et un n°2.
Si, en tout cas, Sonko doit jouer un rôle officiel dans le futur régime, on peut croire que cela pourrait être pour le nouveau poste de vice-président que promet le candidat. Lequel pourrait lui être taillé sur mesure. ‘’Nous instaurerons le poste de vice-président, élu en tandem avec le président de la République et supprimerons le poste de Premier ministre. Les prérogatives institutionnelles de chacune des deux têtes de l’Exécutif seront clairement réparties’’, indique le programme. Reste à voir si le poste sera pourvu dès la prochaine mandature et avec quelles modalités, si l’on sait que tel que c’est projeté, le vice-président doit être élu au même titre que le président, comme c’est le cas aux États-Unis.
Ces hommes sur qui pourrait compter le ‘’président’’
La deuxième option pour le leader de l’ex-Pastef, c’est le poste de président de l’Assemblée nationale, pour avoir la mainmise sur le pouvoir Législatif, sans être forcément un second de son poulain.
Face à la presse il y a quelques semaines, le président Macky Sall, s’expliquant sur le choix des présidents de quitter le Sénégal après leur magistère, disait : ‘’Généralement, c’est pour ne pas gêner leur successeur, surtout quand celui-ci vient de votre parti. Si vous restez dans le pays, le risque est que tout frustré viendra se plaindre auprès de toi pour des interventions et cela peut être source de problèmes. Parce qu’aussi, un pays ne peut pas avoir deux chefs.’’
Après l’équation Ousmane Sonko, il y a aussi l’équation de l’attelage gouvernemental et des autres postes stratégiques à pourvoir. Qui pour figurer dans le prochain gouvernement de Diomaye, si jamais il devient président ? Qui pour les directions stratégiques ? L’ex-Pastef peut-il se suffire de ses cadres pour gouverner le Sénégal ? Qui sont les ministrables dans la formation dissoute d’Ousmane Sonko et de ses alliés ? C’est également une question importante à prendre en compte, pour éviter les tâtonnements et autres pilotages à vue, en cas d’élection de l’enfant de Ndiaganiao.
Selon le bon vouloir du candidat, son futur gouvernement pourrait être constitué, en majorité, de techniciens, de politiciens ou bien un mix entre le politique et le technique.
Pour faire un gouvernement de techniciens, Diomaye n’aurait peut-être pas besoin de recyclés du système, s’il est élu. Il faut noter que le parti dissous d’Ousmane Sonko compte en son sein pas mal de technocrates, de très hauts cadres de la haute administration, qui ont fait leurs preuves dans la Fonction publique ou dans le secteur privé. Parmi eux, on pourrait citer, juste à titre illustratif : les inspecteurs des impôts et des domaines Birame Soulèye Diop, président du groupe parlementaire Yewwi Askan Wi, vice-président chargé de la gestion des structures et de la coordination du Conseil national et ex-n°2 du parti ; Waly Diouf Bodian, chargé de la sécurité ; les officiers dont Abdourahim Kébé, vice-président chargé des questions de défense et de sécurité publique ; l’ex-capitaine Seydina Oumar Touré qui a rejoint la coalition ; le juriste Ayib Daffé, député, premier secrétaire général adjoint (second donc de Diomaye) et ex-mandataire de la coalition Sonko Président ; le mandataire de la coalition Amadou Ba, le mandataire de Sonko à la Présidentielle de 2019 et chargé des stratégies et de la prospective Aldiouma Sow, Me Tall, secrétaire national, porte-parole…
On pourrait également citer dans la même logique les Guy Marius Sagna – à moins qu’il préfère rester à l’Assemblée nationale, l’inamovible Monsieur Communication El Malick Ndiaye et son tandem Ousseynou Ly… Diomaye pourrait également compter sur d’éminents financiers, dont l’un des plus en vue est Fadilou Keita, le banquier d’affaires Moussa Balla Fofana, sans oublier le coordonnateur du Mouvement des cadres Daouda Ngom. L’ex-parti en compte des dizaines d’autres responsables aussi influents que méconnus. On pourrait en citer les communicants Ababacar Sadikh Top et Ibrahima Diallo.
Entre un gouvernement de techniciens et des recyclés du système
Si chez les hommes, pour faire un gouvernement de techniciens, Diomaye pouvait avoir l’embarras du choix, chez les femmes, elles ne sont guère nombreuses les cadres qui se détachent. On note toutefois la présence de Yacine Fall, vice-présidente chargée des relations internationales, présentée comme une ancienne fonctionnaire dans le Système des Nations Unies.
En dehors de Mme Fall, la plupart des femmes présentes dans l’appareil du parti dissous jouent les seconds couteaux.
Si les cadres ne manquent pas au sein de l’ex-Pastef, l’expérience laisse à désirer chez la plupart des ministrables et aspirants à des directions stratégiques.
Toutefois, l’appareil compte également en son sein des hommes d’expérience comme Jacques Habib Sy, Madièye Mbodj, Diallo Diop, pour ne citer qu’eux. À côté de ces derniers, Diomaye pourrait également puiser chez les alliés politiques d’excellents profils, soit des politiques vierges comme Dr Cheikh Tidiane Dièye, Abdourahmane Diouf (ancien DG de la Sones), Birima Mangara (inspecteur général d’État et ancien ministre du Budget)…
Chez les recyclables, il y a l’ancienne Première ministre Aminata Touré nommée superviseure générale de la coalition ; l’ancien ministre de Wade Moustapha Guirassy, directeur de campagne de la coalition ; l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur Mary Teuw Niane, de même que l’ancien directeur de cabinet de Wade Habib Sy, sans oublier la ‘’maman’’ de Sonko Aida Mbodj (ancienne ministre de Wade), la fidèle Maimouna Bousso…
MOR AMAR