Publié le 4 Aug 2023 - 23:54
HÉMICYCLE - SESSION EXTRAORDINAIRE

Les combats des députés du Pastef

 

A l'occasion de seconde session extraordinaire, les députés du Pastef comptent se faire entendre pour demander la libération d'Ousmane Sonko, mais aussi pour exiger que le parti ne soit pas dissous. Ce vendredi, le ministre de l'Intérieur et son équipe se présentent à l'hémicycle pour présenter le projet de loi portant révision du code électoral. 

 

Cette année, une première session extraordinaire a été ouverte en vue d'examiner la loi Constitutionnelle portant Code électoral pour modifier les articles y affairant issus du dialogue national. Les 15 jours étant épuisés à cause d'un recours en annulation déposé par les députés de l'opposition, l'Assemblée nationale était obligé de fermer la première session extraordinaire (une session extraordinaire ne peut pas excéder quinze jours- sauf s'il s'agit des lois de finance, ce qui n'était pas le cas).

Étant donné que le Conseil constitutionnel a débouté le recours de ces députés, l'hémicycle, à travers des parlementaires (123), a ouvert une deuxième session extraordinaire pour examiner la loi portant code électoral. D'ailleurs, aujourd'hui, à 11h, comme c'est une procédure d'urgence, le ministre de l'Intérieur et son équipe se présenteront à l'Assemblée nationale pour présenter le projet de loi qui sera examiné en commission. Demain, samedi à 9h, les députés procéderont à l'examen dudit projet en plénière. 

Durant l'ouverture de la seconde session extraordinaire, hier, la détermination des députés de la coalition Yewwi Askan Wi, notamment de Pastef, a été remarquable. Ils entendent jouer leur rôle. ''Nous sommes concernés par tous les projets loi qui sont soumis à l'Assemblée nationale. Il faut rappeler que la loi est impersonnelle et générale. Il ne doit pas y avoir de loi discriminatoire. Comme nous l'avons toujours fait, nous allons examiner les projets de loi, voir ce qu'il y a de bon, relever les insuffisances et les manquements, pour proposer les amendements. C'est ça le rôle des députés. On n'a pas de préjugé ou d'a priori'', a d'emblée déclaré Ayib Daffé.

Selon lui, le projet de loi a été présenté d'une manière à ce qu'il fasse l’affaire de deux ou trois personnes.

''La démocratie sénégalaise est pratiquement revenue à sa phase initiale’’

''Un projet de loi doit être impersonnel et général. En plus, je pense que la loi doit être plus ambitieuse. On ne peut pas régler des problèmes de manière conjoncturelle pour nous retrouver après avec les mêmes problèmes. En tout cas, on ne règle pas des injustices en provoquant une deuxième'', a-t-il pesté.

En effet, pour lui, la détention d’Ousmane Sonko, l'opposant le plus redouté, est arbitraire. En outre, il s'insurge contre le fait que le parti Pastef fasse l'objet d'une tentative de dissolution. ''C'est une manière déloyale, malsaine, inégale de faire de la politique. Parce que c'est des pratiques qu’on ne connaissait pas, depuis 1960 et 1963. Donc, la démocratie sénégalaise est pratiquement revenue à sa phase initiale'', a regretté Ayib Daffé.

''Nous allons élever la voix pour demander la libération immédiate et inconditionnelle du président Ousmane Sonko, injustement détenu. Nous allons également demander qu'on réinstaure le Pastef, qu'on annule purement et simplement cette dissolution, parce que c'est ridicule'', a dit le député de Pastef soulignant que, sur le fond, le projet de loi parle des cas d'inéligibilité et de parrainage. ''Des députés avaient déposé, lors de la révision constitutionnelle de l'article 19, des amendements et recours. Et sur le projet de loi modifiant le Code de procédure pénale et supprimant la CREI, nous avions constaté que ces projets de loi avaient des insuffisances. Ces amendements-là ont été rejetés par le ministre de la Justice, en invoquant l'article 82 de la Constitution, en nous disant : 'soit vous prenez ce projet de loi tel que le Gouvernement l'a présenté soit vous le rejetez’. C'est un chantage. C'est ce chantage là que nous avons rejeté'', a-t-il détaillé.

''C'est pourquoi, on a usé de nos droits de recours au niveau du Conseil constitutionnel, en prenant les arguments que nous avions mis dans les amendements. Mais, on a présenté ce recours là comme si on voulait bloquer des personnes. C'est cela la vérité. On n’est pas dans des considérations personnelles et suggestives. Nous, on est dans l'objectivité. Nous voulons que les lois profitent à tous les Sénégalais, parce que la Constitution dit que les citoyens sont d'égal dignité et qu'ils ont un égal axé aux forces de décision'', a-t-il poursuivi. 

''On n'a pas été notifié sur une quelconque dissolution du parti’’

Ainsi, les députés du parti Pastef (qui n'était pas au dialogue national contrairement au parti Taxawou Dakar de Khalifa Sall ou le PDS) veulent que leurs problèmes soient définitivement réglés. Ils se battent aussi pour que l'instrumentalisation de la justice ne soit plus un moyen de réguler la vie politique au Sénégal.

Parlant de la dissolution du Parti d'Ousmane Sonko, Ismaël Diallo déclare : ''Nous avons un contrat social avec le peuple sénégalais. Le Pastef est loin d'être un parti politique, c'est un état d'esprit. Nous n’avons pas besoin d'une permanence pour animer nos activités. Donc, ce n'est pas un décret ou un communiqué du ministre de l'Intérieur qui vont le dissoudre''.

Il soutient qu’ils n'ont pas reçu de note administrative leur parlant de dissolution du parti. ''Nous nous consacrons sur nos activités. Personne ne nous a saisis. On n’a pas été notifié sur une quelconque dissolution du parti. Le parti est en train de fonctionner normalement'', déclare-t-il.

Le député de la majorité présidentielle Abdou Mbow a pris le contrepied. ''La dissolution de Pastef est une décision administrative que l'État a jugé nécessaire de prendre par rapport aux manquements qui ont été relevés''. Estimant que la justice est rendue au nom du peuple sénégalais, il a ajouté : ''Le Sénégal est une République et la République ne se résume pas à un seul homme. Il faudrait qu'on sache que l'Assemblée nationale fait son travail convenablement comme le dit la Constitution. Les institutions de la République sont plus que jamais debout. L'exécutif fait son travail. Le législatives et le judiciaire font de même''. 

BABACAR SY SEYE 

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