Le destin tragique de Maïmouna Sow
La joie de Maïmouna Sow d’être mère pour la première fois est de courte durée. Elle perd son nouveau-né dans l’incendie à l’hôpital de Linguère, après trois fausses couches.
Malchanceuse. Le mot n’est pas de trop pour qualifier ce qui arrive à cette jeune mère. Maïmouna Sow fait partie du groupe de femmes qui ont perdu leurs nouveau-nés dans l’incendie de l’hôpital Magatte Lo de Linguère. Son cas est juste pitoyable. Après son mariage, comme toute femme, elle attend la grâce de l’enfantement.
Une grâce reçue après 8 ans de mariage. Dieu l’a bénie d’une fille prématurée. L’accouchement, raconte sa grande sœur Bouya Sow, contactée par ‘’EnQuête’’, s’est fait par césarienne, un vendredi. Elle resta quelques jours à l’hôpital avant d’être libérée lundi dernier. Sa grande sœur s’occupait de l’enfant. Tous les matins, c’est elle qui s’occupait du linge du bébé à l’hôpital, le temps que la maman se repose. Mercredi dernier, Maïmouna a reçu l’appel de l’hôpital lui demandant de partir le lendemain pour allaiter son enfant. Ce qu’elle fit le jeudi, qui est aussi le premier jour où elle a posé les yeux sur sa fille.
Le lendemain vendredi, elle est repartie allaiter le bébé. En sortant de l’hôpital, Maïmouna ignorait qu’elle faisait ses adieux à sa fille. Un enfant qui était plus qu’une lumière pour cette maman qui a enchainé trois fausses couches. Une lumière qui s’est vite éteinte samedi matin, quand elle a reçu un coup de fil sur le chemin de l’hôpital l’informant de ne pas venir allaiter sa fille, parce qu’il y a un problème à l’hôpital. Ce problème, c’est l’incendie, explique Bouya Sow.
‘’On était presque à la porte de l’hôpital. C’est là qu’on nous a informées de l’incendie qui s’est déclaré en pédiatrie. Ma petite sœur est sous le choc. Elle n’arrive même pas à parler’’, confie Bouya Sow. Maïmouna Sow habite à Barkédji, un village situé dans le département de Linguère.
Son père, El Hadj Sow, n’arrive toujours pas à comprendre ce qui s’est passé. Mais il s’en remet à Dieu. Lorsqu’il est arrivé à l’hôpital, les nouveau-nés n’étaient plus sur les lieux. ‘’C’est vraiment triste, surtout quand j’imagine la douleur que les enfants ont endurée avant de mourir. C’est pénible, mais c’est Dieu qui en a décidé ainsi. On a enterré l’enfant au cimetière de Linguère, hier’’.
Ada Kambel, Président de la zone de Barkedji, par ailleurs tuteur de Maïmouna Sow, juge qu’il y a une négligence quelque part. ‘’C’est vraiment catastrophique. On n’en revient pas. J’étais sur les lieux. Je suis entré dans la salle pour constater les dégâts. Effectivement, les climatiseurs étaient grillés. La première question que j’ai posée est de savoir s’il y avait une garde. On nous dit qu’elle était sortie. Donc, la salle était fermée. Ce qui veut dire que les bébés sont morts étouffés’’, fustige-t-il. Parce qu’à son avis, même s’ils ont été brûlés, ils sont morts par asphyxie avant d’être calcinés. Alors que s’il y avait une garde, elle pouvait gérer la situation avec l’extincteur. ‘’Il y a négligence quelque part, parce qu’on pouvait sauver quelques-uns, s’il y avait une personne dans la salle. Cela n’a pas été fait’’, dénonce M. Kambel.
En fin de soirée, ‘’EnQuête’’ a été informé du décès d’un autre bébé. Ce qui vient alourdir le bilan de cet incendie qui passe de 4 bébés décédés à 5.
VIVIANE DIATTA