Portrait controversé de Zuma, l’ANC retire sa plainte
Un tableau du sud-africain Brett Murray, représentant le président Jacob Zuma, exposé à la galerie Goodman à Johannesburg, le 18 mai 2012 a crée la polémique en Afrique du Sud et a fait le buzz sur la toile et les masses médias. après avoir obtenu le décrochage d’un portrait du président Jacob Zuma exhibant son sexe, l’ANC, le parti au pouvoir en Afrique du Sud, a retirer sa plainte ont indiqué les protagonistes de cette polémique nationale mercredi. La signature d’un protocole d’accord entre l’ANC, la galerie de Johannesburg qui exposait l’oeuvre et l’artiste met fin à deux semaines agitées, pendant lesquelles le parti a tout fait pour faire décrocher le tableau, multipliant les communiqués vengeurs, portant plainte en justice et à coup de manifestations. Ce tableau "était terriblement offensant", a souligné le porte-parole de l’ANC Jackson Mthembu lors d’une conférence de presse commune.
"The Spear" (la lance), parodiait une affiche soviétique en montrant Jacob Zuma sous les traits d’un Lénine, le sexe dénudé.Ce tableau de Brett Murray, un artiste coutumier des détournements provocateurs, était perçu comme une atteinte à la dignité de la fonction présidentielle et de M. Zuma. Jackson Mthembu a toutefois relevé que l’ANC n’avait pas voulu fermer la Goodman Gallery qui l’exposait, ni empêcher la tenue de l’exposition, très critique envers le parti au pouvoir. "Nous n’aimons pas forcément de nombreux tableaux qui sont exposés ici, mais nous respectons le droit de la Goodman Gallery.(...) le droit à la liberté d’expression artistique", a-t-il ajouté. "Il faut voir une exposition dans son entier", a renchéri Liza Essers, la directrice de la galerie. La soixantaine d’oeuvres de l’exposition intitulée "Salut au voleur II" sont autant d’allusions aux affaires de corruption qui minent le parti qui a libéré l’Afrique du Sud de l’apartheid. "The Spear", vandalisé et maculé de peinture par deux visiteurs le 22 mai, a été décroché.
La galerie, qui avait fermé ses portes et dont la direction avait présenté ses excuses pour l’émoi dans le pays, a rouvert mercredi après-midi. "En signe de bonne volonté, et vu que la peinture est maintenant largement (passée) dans le domaine public, je vais l’enlever, à un certain moment, de notre site internet", a-t-elle ajouté, notant que l’accord passé avec l’ANC ne mentionnait aucunement l’internet. Le secrétaire général de l’ANC Gwede Mantashe avait triomphalement annoncé mardi que la galerie avait accepté de retirer "The Spear" de son site.Le parti avait obtenu la veille que City Press, l’hebdomadaire qui avait le premier parlé du tableau, le retire du sien. "Sommes nous fascistes ?" pour avoir réussi à faire retirer cette oeuvre gênante, s’est interrogé Jackson Mthembu."Nous ne le sommes pas.Nous n’avons tué personne, ni même menacé quiconque !"Il y a eu des menaces contre des membres du personnel de la galerie, contre la galerie", a rétorqué Liza Essers."Je ne crois pas que des manifestations et des boycotts soient la meilleure façon de procéder.je crois que le dialogue aurait été plus approprié.Je crois que c’est de l’intimidation". Le tableau a été vendu pour environ 13.000 euros à un collectionneur allemand, qui le veut tel quel, même vandalisé. Le ministre de l’Enseignement supérieur Blade Nzimande, membre du Parti communiste (allié à l’ANC), avait appelé mardi à la destruction de l’oeuvre.
(AfricaN°1)