LETTRE OUVERTE A MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

Monsieur le Président de la République
L’homme qui s’adresse à vous est un citoyen lambda, presque au bout du rouleau. Il ne s’adresse pas à vous pour se plaindre de son sort, mais plutôt pour vous dire que ses oreilles bourdonnent de la complainte populaire, celle des populations qui souffrent du dénuement, qui souffrent physiquement et moralement mais quand même dignement. Vous avez certes ouï, Monsieur le Président de la République, cette clameur de désespoir qui monte de la banlieue dakaroise et des multiples poches de l’intérieur du pays. C’est sûr, vous en êtes conscient et vous êtes à la recherche de solutions. C’est pour cela que je voudrais vous faire des suggestions ; elles sont ce qu’elles sont. Vous apprécierez. Il est sûr que certains paramètres m’échappent.
L’Europe s’est rapidement remise de la deuxième guerre mondiale et en a enrayé toutes les séquelles à très court terme grâce au plan Marshall des Etats-Unis d’Amérique. Le Sénégal d’aujourd’hui a besoin d’un plan similaire pour répondre d’urgence à la demande pressante de la jeunesse. Je suggère des investissements colossaux dans le secteur primaire et dans le chemin de fer. Il faut rêver. Rêver, c’est oser. La foi peut soulever des montagnes. L’audace peut transformer l’utopie et la chimère en réalité concrète palpable.
L’objectif dans le secteur du chemin de fer, c’est relancer les lignes Dakar-Saint-Louis, Dakar-Kaolack, recréer la ligne Louga-Linguère, la prolonger jusqu’à Matam, puis Matam-Saint-Louis, Matam-Tambacounda, Tambacounda-Kédougou, Vélingara-Sédhiou, Kolda-Ziguinchor et Dahra-Touba. Pourquoi ne pas rêver de Ziguinchor-Kaolack avec un pont sur le fleuve Gambie et aussi Saint-Louis-Nouakchott. Le transport par la voie ferrée est une niche considérable d’emplois telle que l’est l’agriculture. Il présente plusieurs avantages : ralentissement appréciable de la dégradation du revêtement des routes ; diminution des accidents de la route ; décongestion de la circulation urbaine de Dakar subséquemment à la limitation du nombre de véhicules venant de l’intérieur du pays ; confort pour les malades du diabète qui viennent de l’intérieur pour l’hôpital Abass Ndao et qui doivent se soulager toutes les cinq ou dix minutes ; le transport des produits miniers (phosphates de Matam, minerais de fer de Kédougou, etc.) ; production fruitière de la Casamance, etc.
Pour réussir ce projet de maillage du pays, il faut oser. Certains pays et certaines multinationales disposent de masses énormes de liquidités. Il faut leur présenter des projets cohérents et incitatifs. La Chine, l’Inde, le Brésil, le Canada, Bouygues, Dassault, Batignolles pourraient bien être accrochés par la perspective d’une quinzaine d’années d’occupation. Il est vrai que le Sénégal est déjà assez endetté, mais le nombre d’emplois en jeu en vaut bien la peine. Pourquoi pas négocier un prêt de cinquante (50) ans, assorti d’un délai de grâce de dix (10) ans ? Monsieur le Président de la République, osez pour la jeunesse du pays et Allah vous accompagnera.
Khatary FALL, ancien Instituteur
Ancien Correspondant du Quotidien national «Le Soleil»
Santhiaba Sud Louga