Huit régions n’ont pas d’ophtalmologistes
Sur les 63 ophtalmologistes que compte le Sénégal, les 57 sont dans la région de Dakar. Une mauvaise répartition qui prive 8 régions d’oculistes.
‘’Ensemble, nous sommes plus forts’’. C’est le thème de la journée mondiale de la vue célébrée avant-hier. Au Sénégal, les acteurs des maladies oculaires en ont profité pour faire un état des lieux du secteur. Leur diagnostic révèle plusieurs manquements dont une insuffisance des ressources allouées au secteur et une mauvaise répartition des ophtalmologistes. Selon le Coordonnateur du Programme national de la santé oculaire (PNSO), le Docteur Boubacar Sarr qui a animé hier une conférence de presse, ces manquements constituent des obstacles majeurs à la lutte contre les maladies oculaires. ‘’Avec un ophtalmologiste pour 210 000 habitants, le Sénégal est dans les normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui préconise un ophtalmologiste pour 250 000 habitants. Mais le problème qui demeure, c’est la répartition. Le pays compte 63 ophtalmologistes et les 83% (57) se trouvent à Dakar. Aujourd’hui, 8 régions sur 14 n’ont pas d’ophtalmologistes’’, renseigne le Dr Sarr.
Au-delà de ces manquements, le Coordonnateur estime que des efforts restent à faire, notamment dans la formation intensive. Mais auparavant, il juge utile de revoir la distribution. Selon lui, pour en arriver à un rééquilibrage, il est nécessaire de trouver des mesures incitatives pour ceux qui sont à l’intérieur du pays et faire en sorte que le ministère s’attelle au relèvement du plateau technique dans certaines structures.
Le Dr Boubacar Sarr reconnaît toutefois que beaucoup d’efforts ont été consentis par l’Etat dans la lutte contre les maladies oculaires. Par exemple, quand on prend une maladie comme la cataracte, il confie qu’on est passé de 5 000 chirurgies à 13 000. Seulement, il souligne que ‘’même avec cette augmentation, on est loin de couvrir les besoins’’. Au contraire, ‘’c’est comme si le gap a tendance à se renforcer, parce que cette offre doit suivre un peu la notion de croissance démographique, particulièrement le vieillissement de la population’’. ‘’Nous avons une croissance régulière qui ne couvre pas la croissance démographique’’, soutient-il.
D’autres progrès ont été réalisés par rapport à la lutte contre le trachome. Aujourd’hui, souligne le Docteur Sarr, il n’y a pratiquement plus de district connu de trachome au Sénégal. ‘’Des efforts intenses ont été menés pendant ces 5 dernières années en termes de traitement de masse et d’offre de chirurgie. Chaque année, on a opéré plus de 5 000 cas de trachome’’, a-t-il expliqué.
Le taux de prévalence de la cécité est de 1,42%
Dans le traitement des maladies comme la cécité, les autorités sanitaires rencontrent d’énormes difficultés liées à une absence de bases de données mises à jour. Selon le Docteur Sarr, au Sénégal, les chiffres bougent difficilement, parce que les enquêtes portant sur la cécité ne peuvent pas être réalisées à cause de leur lourdeur et des difficultés rencontrées. ‘’On a fait des enquêtes parcellaires en utilisant d’autres types d’outils dans certaines zones. Si on s’en tient aux données officielles, on tourne autour de 170 000 aveugles et 550 000 déficients visuels. Le taux de prévalence est de 1,42%. Cela veut dire que la population non voyante tourne autour de 700 à 800 000 Sénégalais. C’est un peu lourd dans un pays comme le nôtre’’, constate-t-il.
VIVIANE DIATTA