''Comme les Américains, il faut permettre à l'avocat d'être présent, dès l'arrestation''
Les Assises finies, occasion pour le président de la cour d'Assises de tirer un bilan sur cette session.
Quel bilan tirez-vous de cette session ?
Pendant cette session, on a eu 24 affaires pour différents crimes. A l’entame de la session, j’ai axé mon discours sur la présence de l’avocat dès l’arrestation. Car nous avons des procès-verbaux de gendarmerie ou de police et souvent nous avons des problèmes de preuves, avec des témoins qui ne sont pas convoqués. Donc nous avons préconisé, comme le font les anglais, dès l’arrestation, que l’avocat vienne se constituer ou lui permettre, comme l’avocat général, de chercher les éléments à décharge comme font les Américains. Nous sommes au 21ème siècle, après plus de 40 ans d’indépendance, je crois que le Sénégal, dans le cadre des conventions sur les droits de l’homme, doit permettre cela aux avocats. Vous voyez très souvent que les accusés protestent leurs aveux circonstanciés, en soutenant avoir été torturés. Si l’avocat est présent, ils ne viendront plus à la barre pour parler d’aveux extorqués.
Outre l’absence des témoins, qu’est-ce que vous avez à déplorer ?
Je tenais aussi à le préciser ; sur les 24 affaires, il y a eu 13 liées au trafic de drogue. C’est comme qui dirait que la Cour d’assises a été instituée pour juger seulement des affaires de drogue, or il y a les crimes de meurtre, d’assassinat, de vol aggravé... C’est pourquoi, il faut encore le dire et le rappeler : il faut modifier la loi Latif Guèye. Il faut penser au retour de la correctionnalisation du trafic de drogue, pour un traitement plus rapide des dossiers. Surtout que, certains accusés sont attraits pour détention de 2 à 3 kg de drogue et sont acquittés pour absence de preuves ou condamnés à de longues peines.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué durant cette session ?
Ce qui m’a le plus marqué, c’est l’engouement du public. Des gens ont voulu savoir comment marche notre justice. Autre chose, tous les accusés ont fait 3 à 4 ans de détention préventive. Donc les longues détentions n’existent plus, c’est une bonne chose. La périodicité des sessions montre qu’il y a un grand changement. En outre, sur les 24 affaires, il n'y a eu que trois cas d’infanticide. Maintenant, les gens ont conscience de ce fléau qui a tendance à diminuer.
FATOU SY
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