Ce mardi décrété ‘’journée ville morte’’
La plateforme Aar Sunu Élection invite les populations à observer le mot d'ordre de ‘’journée ville morte’’ sur l'ensemble du territoire national.
Aar Sunu Élection persiste dans son ambition de faire respecter le calendrier électoral. Pour espérer tordre la main du chef de l'État afin qu'il organise le scrutin avant le 2 avril prochain, la plateforme compte asphyxier tous les secteurs d'activité dès ce mardi. “Pour manifester notre désapprobation totale de cette démarche anticonstitutionnelle initiée par le président de la République, les organisations membres de la plateforme Aar Sunu Élection décident de poursuivre le combat citoyen pour exiger le respect du calendrier électoral”, a soutenu le porte-parole du jour et secrétaire général du Saems, El Hadj Malick Youm.
“À cet effet, poursuit M. Youm, les organisations professionnelles membres de la plateforme décrètent le mardi 27 février 2024 ‘journée villes mortes’ sur toute l'étendue de territoire national, en guise de protestation contre la confiscation de la volonté populaire. Les syndicats membres de la plateforme sont invités à observer et à faire observer le mot d'ordre”.
Lors de ce rendez-vous avec la presse, Aar Sunu Élection a magnifié la “posture républicaine de tous les acteurs qui ont décidé de ne pas participer à un dialogue” qui selon elle, n'a qu'une seule visée : “Semer les graines de la discorde.” Le conglomérat syndical estime également que l'autre finalité de ces concertations demeure la “prorogation du mandat du président de la République et la reprise du processus électoral”.
Monsieur Youm et ses camarades regrettent encore une fois l’attitude du président de la République qui fait la sourde oreille.
Selon eux, la dernière sortie médiatique du chef de l'APR sous-entend une envie de demeurer à la tête du pays au-delà du 2 avril. “Malgré la décision salutaire du Conseil constitutionnel n°1/C/2024 du 15 février 2024 portant annulation de la loi votée par l'Assemblée nationale et du décret du président de la République, le peuple sénégalais constate avec amertume et désolation l'entêtement de l'autorité suprême à vouloir passer outre sa volonté. Les propos tenus par le président de la République lors de l'entretien qu'il a accordé à une partie de la presse nationale, le 23 février 2024, en attestent”.
Ils renchérissent : “Au lieu de fixer une date pour la tenue de l'élection présidentielle avant la date du 2 avril marquant la fin de son mandat, le président a opté de faire du dilatoire en décidant de convoquer un dialogue national pour fixer la date de l'élection présidentielle. Cette décision du président de la République, qui est aux antipodes de la décision du Conseil constitutionnel, révèle le caractère inopportun du dialogue.”
Face au “dilatoire” du président de la République, la plateforme espère user d'un autre tour dans sa boîte secrète, en invitant le Conseil constitutionnel à se substituer au chef de l'État pour une nouvelle convocation du collège électoral. “Le président de la République se doit de prendre toutes les dispositions utiles pour fixer la date et organiser l'élection présidentielle de 2024 avant le 2 avril, date marquant la fin de son mandat. Au cas contraire, nous invitons le Conseil constitutionnel à assumer pleinement ses responsabilités en fixant la date pour éviter que le Sénégal ne bascule dans un chaos aux conséquences incommensurables”, a affirmé le SG du Saems.
Dans une tout autre façon de faire part de leur désapprobation face à ce “hold-up constitutionnel”, les acteurs des télécommunications s'insurgent, eux, contre les coupures intempestives des données mobiles. “Nous ne devons plus, nous ne pouvons plus accepter que le gouvernement coupe Internet comme bon lui semble. Cette pratique liberticide doit s'estomper. En tout cas, les syndicats des télécommunications disent non face à cette forfaiture gouvernementale qui, au-delà de restreindre les libertés, a des conséquences économiques d'une ampleur considérable. En plus d'être foncièrement contre le report de l'élection, nous mettons particulièrement l'accent sur ce point que je viens d'exposer”, a déclaré la représentante des syndicats des télécommunications, Néné Koita.
Mamadou DIOP