Les Frères musulmans partagés entre colère et ambition
Un haut dirigeant des Frères musulmans a dénoncé un véritable "coup d'État" des militaires égyptiens après le verdict rendu jeudi 14 juin par la Haute cour constitutionnelle, qui a validé la candidature d'Ahmed Chafiq et ouvert la voie à une possible dissolution du Parlement. Mais le candidat de la confrérie islamique, Mohamed Morsi, confiant dans ses chances de l'emporter, a dit respecter la décision de la plus haute institution du pays. La tension est à son comble à la veille du weekend électoral qui désignera le premier président égyptien de l'ère post-Moubarak. Suite à la décision de la Haute cour constitutionnelle, qui a validé la candidature contestée d'un proche de Hosni Moubarak, Ahmed Chafiq, à l'élection présidentielle, les Frères musulmans ont parlé d'un véritable « coup d'État » orchestré par les militaires.
Les 16 et 17 juin, Chafiq affrontera Mohamed Morsi, le candidat des Frères musulmans qui, sachant les chances de gagner qui sont les leurs, ne boycottent pas le scrutin. Mais la cour a aussi ouvert la voie à une possible dissolution, ou tout au moins à une mise hors-jeu du Parlement, en jugeant « illégales » les conditions d'élection de l'ensemble des députés. Certaines modalités de cette élection très complexe, qui s'était étalée sur près de trois mois à partir de novembre, sont remises en cause. Ses résultats s'étaient traduits par un raz-de-marée islamiste, avec près de la moitié des sièges revenant aux Frères musulmans, et près d'un quart aux fondamentalistes salafistes. Selon des sources militaires, le Conseil suprême des forces armées (CSFA), au pouvoir depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011, pourrait annoncer qu'il assumerait directement le pouvoir législatif après la décision de la cour.
Duel crucial
Un haut dirigeant des Frères musulmans, Mohammed Beltagui, a dénoncé un véritable « coup d'État ». Il a aussi pointé du doigt la décision de cette même cour d'invalider la loi dite d'exclusion politique, votée par le Parlement, et sensée frapper d'inéligibilité Ahmed Chafiq, le dernier Premier ministre de Hosni Moubarak. Mohammed Morsi a pour sa part déclaré qu'il « respecte » les décisions de la cour « en raison de (son) respect pour les institutions de l'État et pour le principe de la séparation des pouvoirs ». Son adversaire a lui salué un « jugement historique ». Les deux candidats s'affrontent samedi et dimanche pour le second tour de la présidentielle égyptienne, dans un duel crucial pour l'orientation politique du pays près d'un an et demi après la chute de l'ancien raïs Hosni Moubarak.
(JeuneAfrique)