PROCÈS DE L'ASSASSINAT DE SANKARA
La présence du général Gilbert Dienderé en question
Au Burkina Faso, le tribunal militaire chargé de jugé l'assassinat de Thomas Sankara poursuit l'audition du soldat Élisée Ilboudo. Il a livré mardi des détails sur la manière dont le commando avait exécuté le père de la Révolution et ses compagnons. Ce mercredi la cour s'est penché sur le rôle du général Diendéré le jour du coup d'État.
Le soldat de première classe Élisée Ilboudo est le premier des accusés à être entendu. Ce mercredi matin, le tribunal cherchait à savoir si le général Gilbert Dienderé, qui avait le grade de lieutenant au moment des faits, était sur les lieux le jour de l'assaut contre le bâtiment où Thomas Sankara et ses collaborateurs étaient en réunion.
Les avocats des parties civiles ont insisté pendant l’interrogatoire de l’accusé sur la présence ou non du lieutenant Gilbert Diendéré sur le site du Conseil de l’entente. Le lieutenant Gilbert Diendéré était le responsable de la sécurité du site. « Est-ce que Gilbert Diendéré était au conseil de l’entente le 15 octobre 1987 ? », demande un avocat. « Je ne me rappelle pas » répond l’accusé. À l’aide d’un schéma tracé par l’accusé lui-même devant le juge d’instruction, Maître Olivier Badolo tente en vain d’avoir confirmation sur la présence du lieutenant Gilbert Diendéré sur les lieux de l’attaque.
« Avez-vous peur ? »
Maitre Prosper Farama, un autre avocat revient à la charge : « Qui s’occupait de la sécurité au conseil de l’entente ? » « C’était le lieutenant Gilbert Diendéré » précise Yamba Élisée Ilboudo. « Les soldats chargés de sécuriser le site sont-ils intervenus pour savoir l’origine des tirs ? » poursuit l’avocat, « non personne n’est venu », répond l’accusé.
Face à l’insistance du président du tribunal et des avocats l’accusé finit par déclarer que Gilbert Diendéré était bien sûr les lieux, en réunion avec ses soldats, « pourquoi lorsqu’il s’agit du général Gilbert Diendéré, vous ne vous souvenez de rien, avez-vous peur ? » demande le président du tribunal. « Cette question est compliquée, en tout cas j’ai peur », soutient le soldat Yamba Élisée Ilboudo. Quant aux armes l’accusé affirme que le commando était en possession de lance-roquette RPG7, d’une mitrailleuse FN et des AK47, mais ils n’ont pas eu besoin d’utiliser toutes ces armes.
Alors maître Prosper Farama, l’un des avocats des parties civiles souhaite connaître la réaction des soldats censés sécuriser les lieux quand les coups de feu ont éclaté. « Aucun officier n’est venu voir ce qui se passait et personne n’a ordonné de défendre le président Sankara. Ils se sont camouflés pour observer », soutient l’accusé Elisé Ilboudo
(RFI) Avec notre correspondant à Ouagadougou, Yaya Boudani
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