Dakar tournée vers les préoccupations sanitaires du continent
Outre la tuberculose, l’Institut Pasteur de Dakar, qui est sur le point de produire un vaccin contre la rougeole et la rubéole, travaille également sur des vaccins contre le coronavirus et la fièvre de la vallée du Rift. À travers la technologie Quantoom acquise avec l’appui de la fondation Bill et Melinda Gates, il s’agira d’accélérer les recherches et de trouver des solutions adéquates aux véritables préoccupations de santé des populations africaines.
En matière de fabrication de vaccins, Dakar, qui s’est toujours positionné parmi les leaders en Afrique francophone, à travers notamment l’Institut Pasteur de Dakar (IPD), est bien parti pour devenir un hub du continent. Hier, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture de la réunion annuelle des Grand Challenges, une initiative de Bill Gates organisée pour la première fois en Afrique de l’Ouest, le président de la République est revenu sur les projets phares du pays.
‘’Le Sénégal a mis des ressources avec l’appui de nos partenaires pour que Pasteur développe une grande fabrique de vaccins, y compris, à terme, des vaccins ARN messager. Il s’agit du vaccinopôle de l’Institut Pasteur de Dakar (IPD) qui se trouve juste à côté, à 200 m de ce centre’’, s’est-il félicité, invitant son hôte Bill Gates à y faire un tour, pour constater l’avancée des travaux.
À entendre le président Sall, la pandémie a, dans ce cadre, été un facteur catalyseur qui a permis de se rendre compte des insuffisances et d’essayer de chercher des solutions pour faire face.
Pour l’administrateur général de l’IPD, il est fondamental que l’Afrique puisse développer des programmes pour prendre en charge ses propres problèmes de santé publique. Et dans ce cadre, la technologie Quantoom, dont l’acquisition a été facilitée par la fondation Gates, s’avère être un allié de taille. Amadou Alpha Sall : ‘’Par rapport à l’application de cette technologie, notre premier candidat c’est la fièvre de la vallée du Rift. C’est une maladie typiquement africaine ; une maladie qui touche le bétail et les humains, qui est très sensible au climat, donc susceptible de changer dans les prochaines années. C’est aussi une maladie qui a un gros impact économique, puisqu’elle peut toucher tout un cheptel en très peu de temps.’’ Cette technologie, selon Amadou Sall, va permettre de faciliter la recherche et la production de vaccins sur le continent. Interpellé sur les délais et couts du programme, il rétorque : ‘’Il y a tout un tas d’essais cliniques à faire. Ce serait hasardeux de donner des délais, mais en règle générale, l’ARN nous permet d’aller plus vite, à des couts moindres. Selon les modélisations économiques, le système pourrait couter la moitié par rapport aux autres technologies. L’idée est de faire en sorte que le vaccin soit disponible à la fin de cette décennie.’’
Avec la pandémie à coronavirus, il a été noté une véritable levée de boucliers contre les vaccins dédiés en Afrique plus que partout dans le monde. Même si un déficit ou une mauvaise communication a souvent été invoqué pour expliquer ces difficultés, on ne saurait éluder l’évaluation du rapport bénéfice-risque. Comment lutter contre ces réticences aux vaccins ? L’administrateur général de l’IPD livre sa recette : ‘’À travers des études que nous avons faites, nous avons constaté que quand les populations sont bien informées, elles sont plus réceptives aux vaccins. Cela dit, ce qui fait douter parfois les populations, c’est qu’elles ont l’impression qu’on ne s’occupe pas de leurs problèmes. La technologie ARN messager est excellente, dans le sens où elle va permettre de proposer des solutions aux problèmes. Aussi, le fait que les populations constatent que les vaccins sont fabriqués en Afrique, par des gens comme elle, peut également aider à renforcer cette confiance.’’
Revenant sur la technologie Quantoom qui va servir à fabriquer ces vaccins ARNm, Amadou Sall a insisté sur leur facilité d’accès. Il déclare : ‘’On n’a pas besoin d’avoir dix doctorats pour pouvoir les maitriser. Si on l’explique à quelqu’un de compétence moyenne, il peut facilement les maitriser. Ça permet non seulement d’aller vite dans les recherches, mais aussi de former les gens dans un délai raisonnable dans ces technologies pourtant très complexes.’’
À travers le vaccinopôle de Diamniadio, le Sénégal et l’IPD comptent relever le défi de la souveraineté vaccinale. Outre les capacités renforcées en matière de fabrication de vaccins pour la fièvre jaune, l’IPD travaille également sur des programmes de développement de vaccins contre la Covid, contre la fièvre de la vallée du Rift, mais aussi contre la rubéole et la rougeole qui sont de véritables préoccupations de santé publique. Le président de la République, Macky Sall, se félicite et s’engage à accompagner le processus.
La fondation Gates a annoncé un financement total de 40 millions de dollars pour faciliter l'accès à la plateforme de recherche et de fabrication d'ARNm à faible cout de Quantoom Biosciences, qui a été développée grâce à une subvention Grand Challenges octroyée à sa société Univercells. ‘’L'Institut Pasteur de Dakar (IPD) et Biovac, des instituts de recherche basés respectivement au Sénégal et en Afrique du Sud, et ayant tous deux une expérience dans la fabrication de vaccins, recevront chacun 5 millions de dollars américains pour acquérir la technologie qu’ils pourront utiliser en vue de mettre au point des vaccins adaptés au contexte local’’, a expliqué la fondation qui promet de mettre également 20 millions de dollars à disposition de Quantoom Biosciences, afin de faire progresser davantage la technologie et réduire les couts de commercialisation. Dix autres millions seront consacrés à d'autres fabricants de vaccins de PRFI dont le nom sera communiqué ultérieurement.
Macky Sall salue l’expertise sénégalaise Présidant la cérémonie d’ouverture de la réunion annuelle des Grand Challenges, le chef de l’État a insisté sur l’importance de la recherche et de l’innovation. Dans la même veine, il plaide pour l’accès au marché des vaccins produits sur le continent. ‘’Aujourd’hui, l’Afrique doit se mobiliser davantage pour assoir une véritable industrie biotechnologique, y compris la fabrication de vaccins. Nous devons aussi continuer le plaidoyer pour que les vaccins produits sur le continent accèdent aux plateformes de commercialisation, d’autant plus qu’il y a des expériences en la matière, dont celle de l’Institut Pasteur de Dakar (IPD) qui fabrique depuis plus de 90 ans le vaccin contre la fièvre jaune’’. Le président Macky Sall s’est en outre félicité du travail remarquable des laboratoires sénégalais comme l’IPD et l’Iressef. ‘’L’IPD et l'Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formations (Iressef) constituent deux de nos laboratoires de référence contribuant régulièrement au progrès de la science en matière de santé’’/ Dans la même veine, il s’est également réjoui de constater que deux lauréats du Prix du Président de la République pour l’Innovation numérique édition 2023 ont lancé, avec succès, deux plateformes d’intelligence artificielle pour proposer des solutions dans le domaine de la santé. Il s’agit de Caytu Robotics et de Telewer. Il n’a pas non plus oublié de parler de l’initiative ‘’Bajenu Gox’’, qui met en avant le leadership féminin pour soutenir les politiques publiques dédiées à la santé maternelle, néonatale et infanto-juvénile. Le président de la République est, par ailleurs, revenu sur la pertinence de ces rencontres initiées par Bill Gates, il y a près de 20 ans. ‘’Cette rencontre constitue pour la communauté scientifique, les bailleurs de fonds et les décideurs politiques une plateforme d’échanges et de dialogue pour stimuler la recherche, l’innovation et le financement, afin d’aider à relever les grands défis mondiaux en matière de santé et de développement’’, se satisfait-il. FOIRE DES INNOVATIONS EN ÉDUCATION ET FORMATION L’école entame sa mue ‘’De nouveaux outils pour un système éducatif transformé, inclusif, adapté et résilient’’ est le thème général de la Foire des innovations en éducation et formation (Fief) ‘‘Mon école, notre fief’’ de cette édition 2023. Lors de la cérémonie d’ouverture de cette rencontre, le coordonnateur de la Cosydep a présenté la FIEF comme l’une des initiatives phares qui résultent de l’opérationnalisation par la direction exécutive, des orientations stratégiques tracées par le Conseil d’administration de la Cosydep, conformément à sa mission centrée sur l’effectivité du droit à l’éducation. C’est pourquoi, au-delà de son caractère populaire, souligne Cheikh Mbow, la Fief est dans son essence éducative, sociale et culturelle. Son objectif est de créer les conditions d’un dialogue pluriel, positif et constructif, entre les acteurs et les partenaires de l’éducation. ‘’Elle se donne comme matière première les expériences réussies et les innovations, en vue de favoriser une meilleure prise en charge des problèmes du secteur, mais surtout de capitaliser une masse critique de savoirs et de pratiques susceptibles de faciliter le processus de transformation qualitative du système éducatif sur la base de partenariats structurés, pertinents et efficaces entre acteurs gouvernementaux et acteurs non étatiques’’. La foire, ajoute le coordonnateur de la Cosydep, intègre le principe de la centralité de l’apprenant et vise à lui donner une signification concrète. ‘’Ces quelques principes directeurs expliquent la configuration matérielle de la foire qui comprend des espaces d’exposition qui, à travers des stands, rendent visibles et vulgarisent les réalisations innovantes dans le secteur. On y trouve aussi des espaces pour des actions de solidarité sous forme d’opportunités de troc, de don de livres et de matériel scolaire, mais aussi, et surtout de parrainage d’enfants vulnérables pour accroitre leurs chances de maintien et de réussite dans les lieux d’éducation’’. Cette foire se veut aussi un espace de réflexion et d’échanges sur les grandes problématiques du système éducatif, à travers des panels animés par des experts de spécialités. ‘’Au total, toutes ces actions concourent à assurer aux enfants, en particulier les plus vulnérables, l’accès à une éducation de qualité. Vues sous cet angle, les activités de la foire sont de véritables stratégies d’accompagnement de la campagne ‘’Ubbi Tey, Jang Tey’’. C’est sans doute pour cela que les échos du terrain soulignent la nécessité d’étendre la foire aux autres régions du Sénégal afin d’élargir son champ et d’augmenter considérablement le nombre des bénéficiaires. Prenant en compte des suggestions du terrain, la Cosydep envisage de prolonger la Fief dans les régions, en y organisant des caravanes de sensibilisation et de distribution des livres et matériels collectés au niveau national’’, renseigne M. Mbow. Babacar Sy Sèye |
MOR AMAR