La politique dans le sang

Engagé en politique depuis le bas âge (11 ans) dans le pacte du Parti socialiste (PS), élu local, député en 1983, nommé plusieurs fois ministre, maire de Grand-Yoff et de la ville de Dakar, Khalifa Ababacar Sall est un homme politique d’expérience qui a blanchi sous le harnais. Après avoir perdu son éligibilité suite à sa condamnation en 2014, il a été rétabli dans ses droits en août 2023, à la faveur d'une grâce présidentielle. Il participe à une élection présidentielle, pour la première fois.
Né le 1er janvier 1956, Khalifa Ababacar Sall est entré en politique dans le pacte socialiste très jeune et il est resté au PS jusqu'en 2017, année où il a été exclu avec un groupe de camarades. Certains contemporains de Khalifa Ababacar Sall pensent qu'il est entré en politique en réaction à la situation de sa localité, Grand-Yoff. II voulait refaire son Grand-Yoff, lui donner une image plus digne pour oublier cette misère symbolisée par cette fantasque cérémonie d'inauguration de douches publiques qu'il suivait, perché sur un arbre, sous les applaudissements nourris des habitants et la satisfaction déconcertante du maire Samba Guèye.
Pour d'autres, Khalifa est entré en politique par simple concours de circonstances. Les responsables socialistes de la sous-section de Grand-Yoff trouvaient en lui "un jeune intellectuel sérieux" pour tenir leurs procès-verbaux de réunion. Voilà ses premiers pas en politique. Sa rencontre avec Mamadou Diop sera aussi un déclic pour embrasser une carrière politique qui ne sera pas un long fleuve tranquille, mais non plus un chemin rocailleux.
Donc, Khalifa a commencé à militer sous Senghor. Il est témoin du passage de l'Union progressiste sénégalaise (UPS) au Parti socialiste (PS).
En effet, le congrès de décembre 1976 aboutit à la naissance du PS.
Parcours de Khalifa
Khalifa Ababacar Sall a été enseignant au CEM Soumbédioune, chargé des cours d'histoire et de géographie. Il a dispensé des cours pendant trois ans (1981-1983) dans ce collège. Khalifa est entré très tôt en politique. Certains disent que c'est à l'âge de 11 ans qu'il eut sa première carte de membre du PS. Mais il faut convenir qu'à cet âge, on ne milite pas dans un parti politique. Il était certainement aspirant. Et c'est en 1983 qu'il devient député à l’Assemblée nationale, sous la bannière du PS et a dû quitter les classes. Dans ce parti, il a occupé pendant 20 ans le poste de secrétaire national de la jeunesse. Ensuite, il est devenu secrétaire national aux élections, avant de devenir secrétaire national à la vie politique du Parti socialiste.
Puis en 2007, au lendemain des élections législatives de la même année, il quitte l'hémicycle. En mars 2009, sous la bannière de la coalition Benno Siggil Senegaal, Khalifa Ababacar Sall est élu maire de Dakar avec 81 voix sur 100 des suffrages exprimés devant Karim Wade, fils de l'ancien président Abdoulaye Wade.
En juin 2014, il est réélu haut la main, cette fois sous la bannière de la liste Taxawu Ndakaaru et bat le Premier ministre et candidat du gouvernement à Grand-Yoff.
Dernière chance
En effet, après avoir occupé très tôt des postes de responsabilité au sein de cette formation politique, le divorce d’avec le PS d’Ousmane Tanor Dieng est venu de manière brutale. Exclu avec 65 autres personnes pour dissidence, il crée Taxawu Dakar qui deviendra Taxawu Sénégal.
Pour rappel, Taxawu Dakar a été créé, en 2014, à la suite des velléités du pouvoir de Macky Sall de prendre la mairie de Dakar de ses mains. Khalifa Sall s'est rebellé et a créé Taxawu Dakar. L’appétit venant en mangeant, il s’est lancé à la conquête de l'État.
Mais le 30 mars 2018, il a été freiné dans son élan, par sa condamnation à cinq ans de prison ferme, au terme d'un procès qui aura duré près de deux mois et demi, dans l'affaire de la caisse d'avance de la mairie de Dakar.
Ce n'est qu'en août 2023, à sept mois de l'élection présidentielle prévue, dans un premier temps, le 25 février 2024, qu’il recouvre la liberté à la faveur d’une grâce présidentielle.
Pour Khalifa Sall, c’est la première et dernière chance d’être élu président de la République, car au Sénégal, l’âge maximal pour prétendre être encore éligible à l’élection présidentielle est fixé à 75 ans. C’est l’une des propositions contenues dans la réforme constitutionnelle à opérer dans le pays.
FATIMA ZAHRA DIALLO