Article 19 appelle à la protection de la démocratie
Le Bureau régional d’Article 19 Afrique de l’Ouest suit de près la situation politique en Guinée, où un coup d'État a été perpétré le dimanche 5 septembre par le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, Chef du Groupement des forces spéciales (GPS). Il a annoncé, ensuite, l'arrestation du président de la République, Alpha Condé, la dissolution des institutions gouvernementales et la suspension de la Constitution.
Les forces de sécurité guinéennes affirment qu'elles ont agi ainsi pour lutter contre la corruption et la pauvreté. Ainsi, au fur et à mesure que les informations concernant le coup d'État militaire se précisent, Article 19 appelle toutes les autorités, y compris l'armée, les forces de sécurité et le nouveau gouvernement à protéger la démocratie et à respecter les normes internationales en matière de droits humains.
"Article 19 appelle au respect des Droits de l'homme et des libertés fondamentales, à l'indépendance des médias, à la protection des journalistes, des militants pro-démocratie et de toutes les opinions civiques et politiques, y compris les opinions dissidentes. Le respect de la liberté d'expression et de la démocratie doit être une priorité pour tous les acteurs concernés’’, a déclaré le directeur régional adjoint d’Article 19/Afrique de l’Ouest, Bulakali Alfred Nkuru. ‘’Toutes les personnes précédemment arrêtées pour leurs opinions doivent être immédiatement libérées et les violations du droit à la liberté d'expression doivent être évitées, comme nous l'avons toujours exigé depuis le début de la crise politique liée au troisième mandat du président Condé", lit-on dans une note transmise à ‘’EnQuête’’.
Article 19 affirme qu’avant le coup d'État de dimanche, la démocratie guinéenne était déjà gravement entachée et fragile. Ainsi, cette situation est, pour lui, un autre recul de la démocratie et un coup porté à l'Etat de droit, déjà malmenés par un troisième mandat très controversé du président Condé et la répression récurrente par son régime sur des manifestants, des opposants et de toutes les voix discordantes. ‘’Le président avait récemment modifié la Constitution pour s'assurer d’effectuer un troisième mandat, et les forces de sécurité du pays étaient souvent accusées de commettre des violations des droits humains et de réprimer les manifestations politiques pacifiques. Au lieu de contribuer à renforcer l'Etat de droit et les procédures démocratiques, les forces de sécurité d'élite du pays ont pris les choses en main’’, regrette Bulakali Alfred Nkuru, soulignant qu’un environnement propice à la libre expression doit être garanti pendant cette crise.
Dimanche dernier, en fin de journée, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya a déclaré qu'un nouveau gouvernement serait formé dans les semaines à venir et qu'il n'y aurait pas de représailles contre les membres de l’ancien gouvernement (déchu). ‘’Le président serait toujours en captivité’’, fait remarquer Article 19.
Selon cette organisation qui œuvre pour les libertés individuelles et pour la liberté de la presse, il n'était pas jusque-là possible de confirmer si le coup d'État avait été soutenu par l'ensemble des militaires guinéens ou s'il était simplement l'œuvre d'une unité d'élite.