Publié le 20 Jun 2015 - 08:47
STÉPHEN BALKARAN (ENSEIGNANT EN SCIENCE POLITIQUE ET ÉTUDES AFRICAINESAMÉRICAINES À L’UNIVERSITÉ CENTRALE DE L’ÉTAT DU CONNECTICUT)

“C’est un acte terroriste dans une société profondément raciste”

 

Neuf Africains-Américains ont été tués hier au soir par un tireur blanc alors qu’ils étudiaient la Bible à l’Emanuel African Methodist Church, l’une des plus vieilles églises noires de Charleston, dans l’État de la Caroline du Sud, aux États. Ce drame, qualifié de “crime raciste” par la police locale, secoue le pays de Barack Obama, déjà miné par les tensions raciales depuis plusieurs mois. Comme de nombreux Américains, Stephen Balkaran, enseignant en science politique et études africainesaméricainesà l’Université centrale de l’État du Connecticut est choqué et déconcerté par ce drame.
 
 
Jeune Afrique : Quelle a été votre réaction ?

Comme de nombreux Américains, j’étais sous le choc quand j’ai appris la nouvelle en me réveillant jeudi matin. Cet événement m’a tristement rappelé l’histoire des années 1950 et 1960 durant lesquelles les Américains noirs étaient victimes d’actes racistes très violents. On n’a qu’à penser à l’attentat à la bombe perpétré par des membres du Ku Klux Klan à l’église baptiste de la 16e rue à Birmingham, en Alabama, en 1964. Quatre jeunes filles noires avaient alors été tuées. Mais il est difficile de faire des comparaisons. Cela dit, les Africains-Américains ont toujours vécu sous le joug de la terreur, avec l’esclavage dans le passé et aujourd’hui, avec un racisme légal et systémique qui continue de hanter nos écoles, le marché de l’emploi et les contrôles policiers.

Est-ce que cette tuerie s’inscrit dans la foulée des violences policières contre les Noirs des derniers mois ?

Oui. La vie des Noirs n’est pas considérée à sa juste valeur aux États-Unis. Que l’on parle de brutalité policière ou d’un massacre dans une église, tous ces crimes sont symptomatiques du racisme rampant de la société américaine. Les Africains-Américains sont toujours considérés comme des étrangers dans leur propre pays.

Croyez-vous que ce drame pourrait entraîner une réaction violente aux États-Unis ?

Je ne le souhaite surtout pas. Je crois que la force de l’Église réussira à freiner de potentiels actes de violence. Les Américains en grande majorité, qu’ils soient noirs ou blancs, sont attristés par ce drame. Cet événement rapprochera les communautés qui, je l’espère, entameront au moins un dialogue au sujet de la réconciliation raciale, un enjeu qui se doit d’être pris en considération. Plusieurs Américains refusent toujours de reconnaître les erreurs du passé.

Plusieurs diront que le premier président noir des États-Unis, Barack Obama, n’a pas joué son rôle en restant muet sur la question raciale. Qu’en pensez-vous ?

Barack Obama devrait mener de plein front une réflexion et une discussion sur le problème du racisme aux États-Unis. Cependant, à moins de deux ans de la fin de son second mandat, il évite toujours d’aborder cet enjeu. Résultat ? Nous ne vivons pas dans l’Amérique post-raciale que nous avions tous espérée avec son élection. Éviter de parler du racisme et refuser de reconnaître qu’il existe ne fait qu’alimenter l’ignorance des Américains. Mais les problèmes de racisme se situent bien au-delà d’un seul homme ou d’un seul président. La nation doit d’abord se lever pour paver la voie.

Il y a actuellement tout un débat sur les réseaux sociaux. Doit-on parler de « fusillade » ou « d’attentat terroriste » ?

Il s’agit d’un acte terroriste dans une société américaine profondément raciste. La preuve : plusieurs commentateurs refusent d’utiliser le terme « terrorisme » qui fait pourtant partie de l’histoire des Noirs aux États-Unis. Ce drame nous rappelle que nous sommes encore loin de la mixité raciale, de la tolérance, et du rêve de Martin Luther King.

(jeuneafrique.com)

 

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