L'Iran lance un réseau intranet national, séparé d'internet
L'Iran a fini dimanche de connecter toutes ses administrations à un réseau intranet national, séparé de l'internet mondial, et projette de l'ouvrir bientôt à l'ensemble de ses habitants, a confirmé le ministre délégué aux Communications et aux Technologies de l'information.
"Lors des derniers jours, toutes les administrations (...) ont été connectées au réseau national d'information", a déclaré Ali Hakim-Javadi, cité par l'agence de presse Mehr. Cette annonce intervient le jour où la télévision d'Etat a annoncé que le moteur de recherche et le service email de Google allaient être bloqués "d'ici quelques heures". "Google et Gmail vont être filtrés sur l'ensemble du pays jusqu'à nouvel ordre", a indiqué un responsable identifié par son nom de famille, Khoramabadi, sans donner d'autres détails.
L'agence estudiantine Isna a annoncé que cette interdiction de Google était liée à la publication sur sa plate-forme de vidéos, YouTube, du film islamophobe "L'Innocence des musulmans", qui a donné lieu à de multiples manifestations à travers le monde. Aucune confirmation officielle n'a été faite. Les autorités justifient l'utilisation d'un intranet par le besoin d'accroître la cybersécurité en Iran, notamment après l'attaque de son programme nucléaire en mars 2010 par le virus Stuxnet, qui a provoqué l'arrêt de centrifugeuses dans son principal site d'enrichissement de l'uranium. L'Iran, qui affirme que son programme nucléaire est purement civil, a attribué l'attaque aux Etats-Unis et à Israël, qui soupçonnent Téhéran de chercher à se doter de l'arme atomique.
Selon des médias iraniens, le réseau intranet sera entièrement accessible aux particuliers d'ici mars 2013 mais on ne sait pas encore si l'Iran bloquera alors l'accès à l'internet mondial. Le ministre des Communications et des Technologies de l'information, Reza Taghipour, a déclaré le mois dernier à l'agence Fars que l'Iran devait prendre ses distances avec internet. "En particulier sur des questions importantes et pendant des crises, on ne peut pas du tout se fier à ce réseau", a-t-il dit.
Des millions de sites jugés contraires à l'islam sont bloqués par les autorités iraniennes, ainsi que des pages où sont exprimées des critiques à l'encontre du gouvernement. Les réseaux sociaux avaient été utilisés en 2009 par des opposants pour organiser de vastes manifestations contre la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad, accusé de fraudes.
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