Publié le 23 May 2012 - 20:49
TUNISIE

 Peine de mort requise contre Ben Ali

 

Le procureur du tribunal militaire du Kef, dans le nord-ouest de la Tunisie, a requis mercredi 23 mai la peine capitale contre l'ex-président tunisien Zine El-Abidine Ben Ali, jugé par contumace pour complicité d'homicides volontaires dans la répression en janvier 2011 du soulèvement populaire, a-t-on appris de source judiciaire militaire.

Le procureur a requis la peine capitale pour l'ex-président et "les sanctions les plus sévères possibles" pour ses vingt-deux coaccusés, anciens hauts responsables du régime, poursuivis pour la mort d'au moins 22 personnes à Thala et Kasserine, dans le centre-ouest du pays. Ces deux villes ont payé un lourd tribut au soulèvement populaire qui provoqua la fuite en Arabie saoudite de Ben Ali le 14 janvier 2011.

C'est la première fois que la peine capitale est requise contre l'ancien président tunisien, qui fait l'objet de dizaines d'actions en justice devant les justices militaire et civile. Ben Ali a déjà cumulé au civil des condamnations à soixante-six ans de prison notamment pour détournements de fonds, trafic de drogue et abus de biens publics. Il fait l'objet avec son épouse Leïla Trabelsi d'un mandat d'arrêt international, mais l'Arabie saoudite n'a jamais jusqu'à présent répondu aux demandes d'extradition tunisiennes.

 

ÉTONNEMENT DES AVOCATS

Au cours du procès du Kef, entamé fin novembre 2011, aucun des prévenus n'a reconnu avoir donné l'ordre de tirer, chacun renvoyant la responsabilité à une "cellule sécuritaire de suivi" et à "la salle d'opération" du ministère de l'intérieur, sans jamais mentionner de noms. Parmi les inculpés figurent les ex-ministres de l'intérieur Rafik Belhaj Kacem et Ahmed Friaâ, ainsi que l'ancien directeur général de la sûreté, Adel Tiouiri, et l'ex-chef des brigades spéciales, Jalel Boudriga. Les plaidoiries de la défense doivent se poursuivre jeudi.

 

L'ancien premier ministre tunisien, Mohamed Ghannouchi, qui dirigea le premier gouvernement post-Ben Ali, avait toutefois témoigné en janvier devant le tribunal du Kef et mis en cause le président déchu. Il avait notamment assuré avoir appelé Ben Ali le 9 janvier pour lui demander d'arrêter les tirs à balles réelles contre la population à Kasserine. Ben Ali aurait alors justifié l'usage des armes comme une "légitime défense".

 

Les réquisitions du procureur ont été accueillies avec étonnement par plusieurs avocats, y compris de la partie civile. "Ben Ali n'est pas l'acteur principal de ces homicides, il est poursuivi pour complicité et pourtant le procureur requiert contre lui une peine plus importante que contre ceux qui sont poursuivis pour homicides", a déclaré Abderraouf Ayadi, défenseur d'une des familles de victimes.

 

"Je pense que la justice essaye de trouver un compromis avec les familles des martyrs plutôt que de faire un procès équitable, il n'y a pas de volonté de connaître les véritables responsables", a-t-il déploré. De son côté, Othman Oueslati, avocat d'un autre prévenu, Rafik Belhaj Kacem, a assuré que son client n'avait "jamais reçu d'instructions de Ben Ali pour tuer". "Ce procès ne tient pas sur le fond et sur la forme", a-t-il dit, cité par l'agence TAP. Les plaidoiries de la défense doivent se poursuivre encore plusieurs jours.

 

 

Lemonde

 

 

Section: 
PHÉNOMÈNE DE RETOUR AU POUVOIR D’ANCIENS DIRIGEANTS : Ces éternels ‘’phénix’’ à la reconquête du pouvoir  
Afrique du Sud : 4 500 mineurs illégaux coincés sous terre et assiégés par la police
Génocide des Tutsis : La justice administrative « incompétente » pour juger l’Etat français
Critiques au Mali
États-Unis : Les contours de la future politique étrangère de Donald Trump se dessinent
SOMMET ARABO-ISLAMIQUE DE RIYAD : Des actions concrètes contre l'agression israélienne  
ÉLECTION AMÉRICAINE - DONALD TRUMP ET L'AFRIQUE : Un ‘’Reset’’ face aux nouveaux défis géopolitiques
Ghana : Le Parlement suspendu pour une durée indéterminée à cause d'un différend juridique
Turquie  : L’attaque armée d’un bâtiment de l’industrie de la défense fait cinq morts et vingt-deux blessés près d’Ankara
Mali : Pas de liberté provisoire pour l'économiste Etienne Fakaba Sissoko
ELECTIONS AU TCHAD : Succès Masra hésite encore à participer aux élections législatives
DIPLOMATIE SENEGALAISE : Les errements de la tutelle
Cameroun : Face aux rumeurs, le gouvernement communique sur l'état de santé du président Paul Biya
EXIGENCE DE LA CARTE DE SÉCURITÉ SOCIALE : Le calvaire des Sénégalais vivant au Maroc
FRAPPES ISRAÉLIENNES À BÉZIERS : Des Libano-Sénégalais parmi les victimes
DEUX ATTAQUES REVENDIQUÉES PAR LE JNIM SECOUENT BAMAKO : Un nouveau chapitre de violence jihadiste au Mali
EXTRÉMISME VIOLENT : Confidences et analyses sur les facteurs de radicalisation des jeunes au Bénin
ISRAËL: Découverte à Gaza des corps de six captifs du 7 octobre, la centrale syndicale décrète une «grève générale»
Burkina Faso : Une partie des paramilitaires russes de la Brigade Bear quittent le pays
Drame en RDC