La liberté de la presse mise à l’épreuve par le pouvoir
A quelques semaines des législatives du 28 octobre, les médias indépendants se battent pour résister aux attaques des autorités ukrainiennes. La mobilisation massive des journalistes a permis de faire reculer le gouvernement qui souhaitait faire passer au Parlement une loi sur la diffamation, qui aurait mis en danger la liberté d'expression en Ukraine.
Téléphones qui sonnent et chuchotements étouffés, la petite salle de rédaction de la télévision TBi bruisse de murmures et de rumeurs. Depuis des semaines, les journalistes sont sous pression et personne ne sait combien de temps l'antenne pourra continuer d'émettre. « Les attaques arrivent de tous les côtés. On tente de nous faire taire car nous sommes indépendants », glisse Natalie Sedletska, une journaliste qui enquête sur des affaires de corruption dans lesquelles sont mouillés des officiels ukrainiens.
Fondée en 2008 par Konstantin Kagalovsky, un homme d'affaires russe réfugié en Angleterre, TBi est une exception dans le paysage médiatique ukrainien, où il est difficile de trouver une télévision qui ne soit pas liée au Parti des régions du Président Viktor Ianoukovitch. Les chaînes Inter et 1+1 sont propriétés de Valéry Khorochkovsky, ancien ministre des Finances, ancien chef des Services secrets (SBU) et actuel vice-Premier ministre. La télévision Ukraina est, elle, sous le contrôle de l'homme le plus riche du pays, Rinat Akhmetov alors qu’ICTV appartient à l'oligarque Victor Pinchuk.
Le propriétaire de Triolan n'est autre que Gennadiy Kernes, maire de Kharkiv et membre du Parti des régions. La même opération s’est déroulée entre le 14 et le 18 août quand quatorze opérateurs de la région de Donetsk ont arrêté simultanément de diffuser la chaîne. « Entre juillet et septembre, nous avons perdu trois millions de téléspectateurs potentiels, surtout à Kiev et dans l'est de l'Ukraine, le fief du président Ianoukovitch », s’insurge Mykola Kniazhytsky.
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