Les chiffres qui font peur
Lorsqu’à la date du 14 mai dernier, la Commission ad hoc sur la réforme de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar boucle son rapport final, le diagnostic est sévère. Sureffectif des étudiants, déficit du corps enseignant, manque d’infrastructures, désorganisation des facultés, inadéquation entre le contenu des enseignements et les nouvelles réalités de la vie professionnelle, carence organisationnelle, mauvaise politique pour la recherche etc. EnQuête qui a parcouru le document de 45 pages confectionné au terme d’‘’échanges (…) parfois vifs, virulents ou passionnés, mais qui sont toujours restés dans le registre des intentions soucieuses d’orienter l’UCAD vers une dynamique de performance’’, essaie de décortiquer ce rapport qui tombe au moment où l'établissement traverse une crise bien profonde.
Le rapport de la Commission ad hoc sur la réforme de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar est articulé autour de cinq thématiques que sont la gouvernance, la gestion financière, la gestion des effectifs, l’accès à l’UCAD, les réformes pédagogiques et la recherche. Des centres d'intérêts discutés en ateliers avant d’être synthétisés dans un document transmis aux autorités étatiques en vue de la tenue d'un conseil présidentiel sur la Réforme de l'Enseignement supérieur. ‘’Ces ateliers se sont déroulés sous la présidence des professeurs Oumar Sock, Aminata Sall Diallo, Isaac Yankhoba Ndiaye et Serigne Ndiaye'' alors que ''les fonctions de rapporteurs étaient assurées par Aboubacrine Niane, Directeur financier et le professeur Hamady Bocoum, Directeur de l’IFAN’’, note le rapport.
Dans le vif des problèmes, ce pool d'universitaires notent bien que la gestion des effectifs (ndlr, d'étudiants) constitue un des goulots d’étranglement les plus importants. ‘’L’UCAD a dépassé ses capacités d’accueil’’. Même si, reconnaît-on, ‘’le gouvernement a fait de gros efforts d’investissements pour optimiser les performances de l’UCAD’’, ‘’depuis quelques années, de nombreuses difficultés sont apparues, notamment la surcharge des effectifs d’étudiants et l’insuffisance de locaux pédagogiques, des ressources financières, humaines et matérielles’’.
Surpopulation de l'Ucad, des chiffres qui font frémir...
A ce propos, le rythme de progression d’étudiants simplement est... époustouflant. Dans le chapitre consacré à la ‘’surcharge des effectifs d’étudiants’’, il est bien consigné que ‘’les effectifs d’étudiants à l'Ucad qui étaient de 24 776 en 2001 sont passés à 75 188 en 2012’’. Rapporté au niveau des Facultés, les chiffres sont encore plus parlants. Si en effet, à la Faculté des Lettres et Sciences humaines, les effectifs n’étaient que de 96 étudiants durant l'année 1957-1958, (4 150 étudiants en 1987-1988, soit trente ans après), ils connaissent des bonds spectaculaires à la fin des années 90 pour dépasser le cap des 20 mille étudiants. Pour l'année académique 2012-2013, le nombre d'étudiants de la Faculté des Lettres et Sciences humaines, la plus surpeuplée de l'Université, est de... 24 097 étudiants. Le nombre d'étudiants dans cette Faculté a été multiplié par...100 en 30 ans. Et aujourd'hui encore, les effectifs de la FLSH dépassent ceux additionnés des Facultés des Sciences juridiques et Politiques (FLSH) et de Médecine dont le cumul fait 22 806 pour l'année académique écoulée. Même si le cas de la Faculté des Lettres et sciences humaines est assez spécifique, le rythme d'accroissement des effectifs d'étudiants dans toutes les autres Facultés de l'Université de Dakar est d'une célérité hors-norme. Le rapport pointe ce problème comme une des racines du mal à l'Ucad.
Quand les étudiants ne veulent pas quitter l'Université...
Le phénomène est décortiqué par les rédacteurs du rapport qui y voient la conséquence d'une ''augmentation rapide du nombre de bacheliers due à l’amélioration sensible de l’accès aux niveaux d’éducation primaire et secondaire''. Mais il y a une autre raison liée aux ''aides sociales massives aux étudiants''. C'est tout le système de bourses, logement, restauration, transport et couverture sanitaire ''qui attire les bacheliers vers les universités publiques et qui les incite à ne pas quitter le système''... Et comme le spectre du chômage est bien là, menaçant, les étudiants considèrent alors l'Université comme un îlot de sécurité. ''Le chômage des diplômés du supérieur qui est apparu au Sénégal pour la première fois en 1984 inquiète les étudiants et ne les incite pas à quitter le système'', indique-t-on clairement dans le rapport. ''La politique libérale d’admission qui exclut la sélection à l’entrée dans l’enseignement supérieur et qui permet à tout étudiant détenteur du baccalauréat de s’inscrire sans tenir compte de la capacité d’accueil des Facultés'' est également indexée comme cause de la surpopulation de l'Ucad. Or, il y a une ''insuffisance de locaux pédagogiques'' qui fait qu'environ une place est partagée par trois étudiants.
''Il existe à l’UCAD 217 salles et amphithéâtres disposant de 23 253 places pour un effectif de 75 000 étudiants en 2012. Le déficit infrastructurel de l’UCAD est donc important''. Un autre problème, tout aussi impactant, vient s'ajouter à ces difficultés. ''L’UCAD (...) ne compte que 1 329 enseignants-chercheurs. Le ratio d’encadrement global est particulièrement mauvais car il est de 1 enseignant pour 52 étudiants''. Cette notation générale cache une autre réalité car c'est le ratio ''nettement meilleur dans les établissements de formations professionnalisantes tels que la FMPOS (1/15), l’ESP (1/8), le CESTI (1/7), l’ENSTP (1/8), l’EBAD (17)'' qui noie celui ''très mauvais'' des établissements de formations générales ''tels que la FASEG qui traîne le boulet d'un enseignant pour 142 étudiants, la FLSH, un enseignant pour 140 étudiants alors que la Faculté des sciences juridiques et politiques (FSJP) ne dispose que d'un enseignant pour 122 étudiants. Ce paramètre associé à la surpopulation impacte de façon proportionnelle sur les résultats. Car si le taux de réussite au premier cycle est très bas, (28%), il est de 65% au second cycle et entre 85% – 99% pour les Écoles et Instituts. Cette situation se traduit ''par des échecs et des abandons massifs; la détérioration des infrastructures existantes; l’ampleur de l’insécurité; la détérioration de la qualité de la formation et l’impossibilité de respecter les normes pédagogiques préconisées...''.
Le bac n'est plus un sésame
Le tableau tracé par la Commission est si noir que des réformes en profondeur s'imposent. ''La réorganisation des facultés est la pierre angulaire des propositions de réformes pédagogiques. Il s’agit, à la fois, de retrouver un taux d’encadrement approprié et de créer les conditions d’un enseignement de qualité dans des infrastructures adéquates'', lit-on dans le rapport. Et pour cela, il faudra mettre dans le ''court-terme'' des mesures de correction. Une des recommandation-phares est de ne plus faire du baccalauréat un sésame pour l'Université. ''Il faut faire savoir que les bacheliers seront admis, à l’UCAD, sur des critères du mérite et de la performance dans la limite des places disponibles''. L’obtention du baccalauréat ne permettant pas l’admission automatique à l’UCAD, ''des solutions alternatives devraient être préconisées, notamment des filières professionnelles''. Une telle décision devrait être accompagnée d'une bonne campagne de sensibilisation. Entre autres mesures préconisées, il s'agit d'externaliser certains enseignements à gros effectifs, dans de nouveaux sites et développer ''l’enseignement à distance pour certaines filières à gros effectifs''.
Réduction du nombre d'étudiants à l'Ucad à...40 000
L'objectif visé dans un délai de 5 ans, est d'adapter ses effectifs à sa capacité réelle d’accueil, à partir du ratio 1/27 (un enseignant pour 27 étudiants), conformément aux prescriptions de l’UNESCO. Pour cela, la capacité d'accueil est fixée à 40 000 étudiants. Il s'agit également de recruter en moyenne 150 enseignants par année, pendant dix ans, pour le renforcement des capacités et d'accompagner le processus par la mise en place d'un programme de renforcement des infrastructures, par la réhabilitation du plateau existant, la construction de nouveaux locaux et la requalification d’équipements comme le CICES''.
Réformes en profondeur des Facultés
Mais c'est ''la réorganisation des facultés'' qui ''est la pierre angulaire des propositions de réformes pédagogiques''. Selon les recommandations qui sont faites, la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques (FSJP) change de nom pour devenir Faculté de Droit et Sciences Politiques (FDSP). Elle devrait comprendre trois Départements et trois instituts. Droit public, Droit Privé et Sciences politiques. Trois instituts dont l'avantage ''d’avoir pour support la pluridisciplinarité, la transversalité et l’ouverture sur le monde professionnel'', lui seront rattachés. Il s'agit de l'Institut d'études judiciaires et de criminologie ; de l'Institut d'Administration économique et sociale et celui des Droits humains et des Relations Internationales.
La Faculté des Lettres et Sciences humaines est redimensionnée en trois facultés pour des raisons de ''gouvernabilité, cohérence et performance''. ''Il est ainsi proposé de scinder la Faculté des Lettres et Sciences humaines en 3 entités autonomes : Faculté des Lettres, des Arts et de la culture; Faculté des Langues et Littérature et Faculté des Sciences humaines et sociales. Ainsi saucissonnée, la Faculté des Lettres et Sciences humaines qui a à elle seule plus du tiers des effectifs de l'Ucad, pourrait ''trouver des sites pour ces nouvelles facultés en sollicitant le CICES et les réserves foncières de l’aéroport, de Guédiawaye, de Pikine, de Mbao, de Keur Massar, etc''. Les instituts de faculté existants ''seront rattachés aux facultés''. Il s'agit de l'Institut de Didactique et des Langues (fusion de l’IFE et du CLAD) rattaché à la nouvelle faculté des lettres arts et cultures, de l'ILEA, rattaché à la faculté des langues et littérature, de l’Institut d’Egyptologie (qui) sera rattaché à la faculté des sciences humaines et sociales et de l'Institut d’études Ibériques et afro-américaines.
Si la réforme passe, la Faculté des Sciences et Techniques comprendra trois départements et quatre instituts. Il s'agit du Département : Sciences exactes (Chimie, Physiques, Maths, Informatique); celui des Sciences de la Vie et de la Terre (Technologie, Innovation) et enfin du Département Biosciences (Biologie Animales et Biologie Végétales, Microbiologie et Biochimie). Dans le rapport final, il est bien signalé en gros caractères les réserves du doyen de cette faculté qui estime que ''les six départements existants doivent être maintenus''.
Médecine, Sciences et Economie sur les tablettes de la réforme
La Faculté de Médecine, de Pharmacie et d'Odontologie de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar également concernée par les réformes, devient Faculté des Sciences de la Santé. Elle devrait comprendre quatre Sections (Médecine, Pharmacie, Odontologie, Sciences paramédicales) et ''tous les instituts relevant du domaine de la santé seront désormais sous la tutelle de la nouvelle faculté''.
Le même élan réformiste sera insufflé à la Faculté des Sciences économiques et de gestion (Faseg) qui devrait comprendre trois départements : ''l'Economie'', ''la Gestion'' et ''Mathématiques de la Décision'' qui constitue une nouvelle création. Cinq instituts et centres de recherche sont aussi prévus, dont un Institut de management public qui constitue une innovation.
Les réformes concernent aussi la Faculté des Sciences et Technologies de l'Education et de la Formation (FASTEF) qui jouit déjà d'un statut particulier. Ainsi, si ''les départements classiques sont maintenus par souci d’efficacité et de rapprochement entre formateurs et formés (stages, suivi sur le terrain)'', trois nouveaux instituts sont créés dont le Centre de Ressources en Education et Technologies (CRETE). le Centre de Formation Permanente, (CFP) et l’Institut des Sciences de l’Education (ISE).
Les réformes engagent aussi ''le niveau d’utilisation des TIC dans les stratégies pédagogiques en formant et perfectionnant les enseignants dans l’utilisation des TIC dans la pédagogie et en équipant certains locaux en matériels informatiques''. Il s'agit à terme de ''proposer des formations ouvertes et/ou à distance débouchant sur des diplômes'' et d'ici l'horizon 2015, ''de mettre en ligne de tous les cours théoriques''
Autre innovation, le rapport recommande ''la création d’un institut de formation en sciences agronomiques, dès 2014, (qui) va accroître les compétences scientifiques et techniques du Sénégal dans ce domaine et participer ainsi à l’amélioration de la productivité agricole. Cette recommandation découle du fait qu'au Sénégal, ''plus de 50% de la population et près de 70% des individus pauvres vivent en zones rurales''. Et que ''le développement de l’agriculture est, à ce titre, un axe majeur de la politique de développement du Gouvernement''. C'est pourquoi l’institut ''devra développer des filières surtout professionnelles'', indique le rapport.
Un ''mammouth'' pour phagocyter...l'Ifan et autres Instituts de recherche
Dans le cadre de l'Innovation et de la Recherche, il est prévu de créer un Pôle recherche-Innovation à l’UCAD. Le Pôle de recherche aura entre autres missions ''d’Evaluer, d’accréditer et d’immatriculer les unités de recherche'' afin de ''mettre toutes les unités, sans exclusive, dans un schéma d’ordre avec des tutelles clairement définies. Chaque unité aura une immatriculation précise''. Il est ici question, si l'on se fie au document, ''de structurer la recherche à l’UCAD en équipes, en laboratoires, en centres, en instituts, et dans le cadre de la coopération scientifique, en unités mixtes de recherche''. ''Le pôle Recherche Innovation, dirigé par un Vice-recteur de Rang A, sera le support de la vie scientifique et administrative, de l’excellence et de la gestion des structures de recherche ; le vice-recteur assure la liaison avec le Rectorat et toutes les unités de recherche existantes''. Le rapport anticipe sur l'hébergement de la structure pour indiquer que ''le «Pôle Recherche - Innovation» aurait son siège et certaines de ces structures sur le site du Camp CLAUDEL qui doit être entièrement affecté à l’UCAD''. Trois directeurs sont nommés pour diriger chacun des Instituts rattachés que sont L'Institut fédératif de recherche, le Collège doctoral et la Plate-forme technologique et de transfert de connaissance.
L'Institut fondamental d'Afrique noire, intégré à l'Ucad depuis 1966, est aspiré par l’Institut fédératif de recherche. Non seulement l'Ifan change de nom, mais il sera aussi restructuré. ''L’ITNA, le CERER, IERMPT, mais également tous les instituts et centres de recherche actuels de l’UCAD ayant une existence statutaire sont rattachés à l'Institut fédératif de recherche. Il y a aussi le Collège doctoral qui ''regroupera toutes les écoles doctorales et hébergera leurs organes et leurs activités pédagogiques et scientifiques''.
''La Plate-forme technologique et de transfert de connaissances'' regroupera le Centre de mesures en construction, le Centre de ressources pédagogiques et technologiques, le PUD, le Bureau de liaison avec les entreprises, des unités de service (activités d’expertise et de consultance) etc''. Le rapport indique bien que ''le transfert de connaissances est un concept global qui inclut le transfert de technologie. C’est l’ensemble des activités visant à diffuser les connaissances, l’expérience et les compétences hors du milieu universitaire, c’est-à-dire dans la société''. L'esprit de cette réforme est de créer un lien plus actif avec la société.
Un rapport qui en confirme un autre...
EnQuête avait exploité un rapport bien explosif sur l’audit des ressources humaines et des dépenses de l’Université Cheikh Anta Diop que le cabinet Audit et Conseil d’Amadou Arame Diagne (C2AD) a déposé sur la table du ministre de l’Enseignement supérieur. Le rapport sur les réformes à l'Université épouse la même tonalité en termes de recommandations que les auditeurs qui avaient pu dénicher des dépenses non justifiées, des manœuvres frauduleuses autour de comptes bancaires non déclarés, une grande nébuleuse autour du budget de la recherche, des voyages etc. Comme si la commission de réforme partageait l'essentiel des conclusions des auditeurs, elle recommande ''le respect des procédures et normes comptables, notamment pour le recouvrement des recettes avec des quittances paraphées et normées par l’Agent comptable particulier (Acp), la budgétisation de toutes les ressources, la mise en place d’un réseau comptable, avec des comptables par établissement autonome ou pôles, le renforcement en ressources humaines de l’Agence comptable, par un système de redéploiement et de capacitation d’agents sous utilisés dans d’autres services, en vue de faciliter le recouvrement des recettes''.
Et en ce qui concerne les fonctions de services, le rapport d'audit commandité par le ministère de l'Enseignement supérieur avait bien indiqué que l’arrêté n°1286 du 11 août 2004 qui organise la répartition des recettes issues de la fonction de service alloue 50% pour la prise en charge des frais de réalisation, 25% au département hébergeant la fonction de service, 10% à l’établissement hôte de la fonction de service et 15% au rectorat. Sur cette base, les auditeurs avaient fait les estimations théoriques suivantes pour l’année 2012: 2 056 430 835 F Cfa pour les frais de réalisation, 1 028 215 417 F Cfa pour le département, 411 286 167 F Cfa pour l’établissement hôte et 616 929 250 F Cfa pour le Rectorat. Or, indiquent les auditeurs, ‘’les quotes-parts rectorales (Ndlr, somme que doit recevoir le Rectorat) de l’ESP ont été décaissées et reversées en espèces, sur simples lettre de demande de versement pour des montants variant entre 5 et 20 millions de francs Cfa, adressée par le Recteur au Directeur de l’ESP’’. Ces sommes d’argent se sont ensuite retrouvées entre les mains du personnel du Rectorat qui les ont manipulées à leur guise.
Sur cette question précise, la commission recommande de ''séparer dans les clés de répartition les pourcentages affectés aux investissements (20%) de ceux destinés au fonctionnement et aux frais de réalisation (55%)'' et ''de ramener la quote-part institutionnelle à 5% du montant du contrat dans le cadre des activités de consultance''.
Mais de façon plus approfondie, elle demande que soit réalisée ''une étude critique du mode d’organisation et de la gestion financière'', ''sur les ressources propres et leurs potentialités d’évolution'' ainsi qu'un plafonnement de la grille indemnitaire payée dans le cadre de la fonction de service pour éviter les dérives et les dysfonctionnements actuellement notés''... La commission demande aussi la redéfinition des modalités d’attribution des voyages d’étude.
Revenir à l'orthodoxie financière
Le rapport d'audit du cabinet C2AD avait aussi indiqué que l’Université de Dakar avait une tendance à présenter les budgets primitifs en équilibre et à les exécuter en déséquilibre, ‘’le principe de sincérité budgétaire (n’étant) pas respecté’’. Pour combler ce déficit, l’Etat fait des rallonges budgétaires en cours d’année appelées Décisions Budgétaires Modificatives (DBM) de rattachement. Pour la gestion 2011, le budget primitif estimé à 26 581 373 769 F Cfa a évolué de 23% et en 2012 de 26 610 982 667 F Cfa de 23.3%’’. Les auditeurs avaient bien remarqué que si ‘’cette situation perdure’’, c’est que ‘’l’Université ne maîtrise pas ses ressources propres. Il s’y ajoute qu’’’aucun mécanisme ou dispositif de suivi et d’analyse financier n’est mis en place. Par exemple en 2012, les ressources de la fonction de service étaient budgétisées à hauteur de 1 764 315 107 F Cfa or les investigations et inventaires qui ont été menés ont permis de chiffrer à 6 810 708 503 F Cfa sans assurance sur l’exhaustivité’’, note le rapport qui indique que ‘’pour l’année 2011, des montants respectifs de 302 047 895 F Cfa et de 700 000 000 F Cfa budgétisés pour les charges sociales et cotisations patronales ont été ré-alloués aux dépenses de personnel. Pour l’année 2012, sur 6 204 089 145 F Cfa de DBM de rattachement, plus de 92% sont affectés aux dépenses du personnel’’. Conclusion, ‘’cette situation démontre que les recettes budgétaires n’ont pas fait l’objet d’une évaluation sincère à l’occasion de la planification budgétaire (9 612 197 361 F Cfa considérés comme autres ressources en début) et prouve que l’Université n’a pas un budget de vérité’’. La sentence n'est apparemment pas tombée dans l'oreille de sourds...