«Nous devrions être trés inquiets »
L'ancien directeur de BAD porte ici un diagnostic sans complaisance sur l'état économique actuel des pays en Afrique miné par les conflits et dégage quelques perspectives pour aider à la résolution de ces derniers.
Quel regard portez-vous sur les conflits africains, Mali et Rdc par exemple ?
Les conflits sont inquiétants. Ce qui se passe en République démocratique du Congo et au Mali nous préoccupe parce que ce sont deux grands pays au plan géographique. Lorsque tout semble s’arranger, cette instabilité revient. Nous devrions être très inquiets. Nous devons nous mobiliser pour maîtriser ces points noirs. Cependant, le continent avance. Sur le plan politique, des avancées très sensibles sont notées. C’est le cas du Ghana, du Bénin, du Botswana et d’autres pays. Dans notre sous région, on oublie souvent le Cap-Vert. Bien qu’il soit une île, c’est un pays qu’il faut citer en exemple en matière de bonne gouvernance et de démocratie.
Dans votre intervention, vous avez dénoncé les diktats de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international...
Lorsqu’on parle de diktat des institutions de Bretton Woods, il faut atténuer cette expression. Elles ne viennent pas dire : «C’est ça votre politique économique». C’est nous qui sommes demandeurs. L’Afrique du Sud a réussi la prouesse de ne pas être dans cette situation. Elle a réussi à mobiliser des ressources nécessaires pour financer son programme de développement et maîtriser son programme. Elle donne la possibilité aux Noirs d’accéder aux ressources et d’être économiquement indépendants. Ce pays n’aurait jamais utilisé ce programme s’il devait être financé de l’extérieur. C’est pourquoi l’exemple de l’Afrique du Sud est important. Nous n’avons pas la politique de notre indépendance. Il est possible pour nos Etats africains, compte tenu des ressources naturelles dont ils disposent, de prendre en charge nos programmes de développement plutôt que de subir le diktat d’une quelconque institution.
Que pensez-vous de la situation économique du Sénégal ?
La situation est tendue, la demande sociale pressante. Mais on ne peut pas, en six mois, satisfaire toutes les demandes sociales. Pendant qu’on pense à telle priorité, la nature aussi nous en impose d’autres. C’est assez délicat ! Mais je pense que le gouvernement est sur la bonne voie. La Déclaration de politique générale du Premier ministre contient des opérations du programme du président de la République. Néanmoins, il fait voir dans le moyen terme quel échéancier mettre en œuvre. Sur le plan de la communication, il y a des problèmes qu’on devrait dire aux populations. On ne peut pas indéfiniment dire que dans deux ou trois ans, il y a des choses qui seront réalisées au fur et à mesure. Je comprends très bien que les populations soit impatientes. Il faut trouver des palliatifs avec des ressources qui rendent possible la relance de l’économie.
Daouda GBAYA
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