Publié le 17 Jul 2012 - 15:42
PRÉSIDENCE DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE

L’erreur qui guette le président Macky Sall

 

 

Depuis bientôt un mois, les échos distillés par la presse ont fait cas de la volonté du président Macky Sall de porter Moustapha Niasse, leader de l’Afp, à la tête de l’Assemblée nationale. Dans la forme, on dirait qu’il n’y a rien de plus normal puisque Benno siggil senegaal (BSS) qui avait porté la candidature de Niasse à l’élection présidentielle, est membre de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY), victorieuse du 2ième tour de l’élection présidentielle et des élections législatives avec Niasse comme tête de liste. Mais, dans le fond, le président Macky Sall se trouverait en porte-à-faux avec les conclusions des Assises nationales, surtout avec la Charte de gouvernance démocratique, s’il voulait appliquer ce choix politique de ''mettre'' Moustapha Niasse, Moustapha Cissé Lô ou tout autre homme politique à la présidence de l’Assemblée nationale.

 

Attention au «Wade sans Wade»

En effet, se basant sur la jurisprudence Wade qui a toujours mis qui il voulait à l’Assemblée nationale et le destituait, selon ses humeurs (politiques), les organisateurs des Assises nationales avaient jugé nécessaire de mettre des garde-fous pour matérialiser le principe de la séparation des pouvoirs. Ainsi, dans la charte de bonne gouvernance démocratique, il est littéralement mentionné que ''le président de la République doit se refuser d’être leader d’un parti politique ou d’un quelconque mouvement partisan pour pouvoir exercer pleinement son rôle sans conflit d’intérêts''. Macky Sall a passé outre cette mesure de quitter la tête de son parti, après sa prestation de serment. Il brandit l’argument selon lequel l’Apr est ''en phase de construction''. On peut le lui concéder, à condition que son appartenance à un parti ou à une coalition de partis n’influence pas le choix des hommes en mesure de diriger les différentes Institutions.

 

Comme ce sont les élections législatives qui sont à l’ordre du jour, personne ne peut reprocher à Macky Sall de nourrir le souhait d’avoir une majorité qualifiée à l’Assemblée nationale pour pouvoir mettre en œuvre son projet de société qu’il a soumis au peuple sénégalais, lors de la campagne pour la présidentielle. Mais, ce n’est pas une raison pour qu’il reprenne les mêmes pratiques depuis pratiquement 1960, en refusant aux députés de faire librement leur choix sur le président de l’Assemblée nationale. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il doit se garder de peser sur ce choix qui revient exclusivement aux députés, quelle que soit leur appartenance politique. Parrainer la candidature d’un de ses camarades de parti ou de coalition, revient à vouloir contrôler le pouvoir Législatif et d’avoir la possibilité de démettre le président de l’Assemblée nationale, dès l’instant que le jeu politique s’obscurcit. Comme le faisait Abdoulaye Wade.

 

On se rappelle que le président déchu avait propulsé d’abord Youssoupha Diagne (proche d’Idrissa Seck) à la tête de l’Assemblée nationale, avant de le pousser à la démission suite à son conflit avec Idrissa Seck. Il avait ensuite promu Pape Diop, qu’il avait ''déposé'' au Sénat pour le faire remplacer par Macky Sall (actuel président de la République). La suite, on la connaît : Macky Sall a connu toutes sortes d’humiliations, de persécutions pour avoir voulu entendre le fils du président (Karim Wade) sur sa gestion de l’ANOCI. Il serait donc absurde que le même Macky Sall, aujourd’hui, président de la République, s’adonne à cette pratique qui serait du ''Wade sans Wade''. L’idéal serait de laisser les députés choisir librement les membres du bureau de l’Assemblée nationale. Au nom de la séparation des pouvoirs. Et de la logique de rupture tant vantée par Benno Bokk Yaakaar lors de la campagne des législatives !

 

 

Babou Birame FAYE, journaliste

 

 

 

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