Publié le 6 Nov 2021 - 03:25
DEPOT DES LISTES

En-saignements-locales

 

Jusqu’à hier, les mandataires des partis politiques continuaient à s’affairer autour des listes déposées la veille dans les différentes préfectures. A l’ère de la numérisation, il était question, pour chaque parti, de déposer ses listes en format électronique. En attendant que l’Administration finisse la compilation des dossiers, certains responsables font le point des investitures et abordent les perspectives avec un peu plus de sérénité.

 

Plus de 24 heures après le dépôt des listes, l’heure est au bilan dans les différents états-majors politiques. Alors que les uns se réjouissent d’avoir été investis dans leur localité, les frustrés, eux, continuent de ruminer leur colère. Pour certains, l’heure est venue de revoir cette logique qui impose à tous les partis de s’engager dans les coalitions. Président de la Fédération nationale des cadres libéraux, tête de liste de la coalition Wallu au niveau du Conseil départemental de Nioro, Lamine Ba analyse les investitures dans Wallu Senegaal. ‘’Globalement, dit-il, les choses se sont bien passées. Même s’il y a de petits problèmes qu’on ne peut occulter. Mais cela est inhérent à la vie des grands partis, a fortiori des grands ensembles’’.

Face à l’ogre Benno Bokk Yaakaar, ils étaient nombreux à espérer une unité de l’opposition pour mettre en difficulté la majorité. A l’arrivée, il a surtout été noté une opposition brisée en plusieurs morceaux. A la périphérie des deux grands blocs que sont Yewwi Askan Wi et Wallu Senegaal, ont poussé pas mal de petits blocs et de partis qui risquent de provoquer une dispersion des voix.

Pour Lamine Ba, cette dispersion était prévisible. ‘’L’opposition n’a jamais été unie. Aujourd’hui, à l’intérieur même des blocs, il y a beaucoup de difficultés. A tel enseigne qu’on se demande même s’il ne valait pas mieux d’y aller seul’’. Selon M. Ba, il urge d’interroger les logiques de coalition. ‘’On ne peut pas continuer dans ces logiques de coalition, qui risquent de tuer la démocratie, qui ne permettent pas aux partis de s’évaluer, de mesurer la représentativité de chacun. C’est très compliqué avec ces dynamiques d’alliance. Moi, je pense qu’il y a lieu de faire un break, d’évaluer ces logiques de coalition et de mesurer leur impact sur la démocratie dans notre pays’’.

A Pastef, pour une première participation aux élections territoriales, le défi des investitures a été bien relevé. C’est du moins la conviction d’Ababacar Sadikh Top, journaliste-écrivain, membre du Mouvement national des cadres du Pastef. Il déclare : ‘’Pour une première participation, il y a vraiment des motifs énormes de satisfaction. Le premier, c’est que nous avons démontré que Pastef est présent dans les plus de 550 communes de notre pays. Partout, même dans les localités les plus reculées, nos   militants se sont massivement mobilisés ; des primaires ont été organisés, parfois cela n’a pas été facile. Mais cela dénote simplement toute la vitalité de notre parti et il faut s’en réjouir. Je pense qu’elles sont rares, les formations politiques dans notre pays à disposer d’une représentativité aussi large, en un si laps de temps.’’

De l’avis de M. Top, l’autre motif de satisfaction a surtout été la manière démocratique dont les investitures se sont déroulées à l’intérieur du parti. A travers ces investitures, Pastef, selon lui, a démontré que c’est un parti où les ambitions peuvent s’afficher. ‘’A la suite des investitures, nous avons eu près de 100 recours. Tous ont été gérés sans grande difficulté, à quelques exceptions près. C’est de la maturité qui n’était pas évidente et nous le devons au leadership incontestable du président Ousmane Sonko. Au-delà même de son propre parti, son leadership a illuminé la coalition Yewwi Askan Wi et a permis de gérer bien des situations. Nous n’en attendions pas moins de lui’’, explique le jeune leader.

Voix discordantes

Cela dit, les choses n’ont pas été si faciles. D’abord, des voix discordantes se sont élevées un peu partout ; certains allant même jusqu’à annoncer des listes parallèles. Monsieur Top minimise et tente de rassurer : ‘’Ce sont des choses qui sont compréhensibles, même s’il faut déplorer certains cas d’indiscipline. Mais, globalement, il y a lieu de se satisfaire de ce qui a été fait, au niveau du parti et de la coalition. D’autant plus que la logique des coalitions pose aussi problème. Par exemple, il y a des communes où tout le monde sait que Pastef est le parti le plus dynamique. Mais comme on est dans un grand ensemble, en cas de problème, c’est la conférence des leaders qui tranche. Souvent, les militants sont frustrés, mais c’est normal. Ils finissent par se rendre compte que le monde ne s’arrête pas aux Locales. D’autres échéances se profilent et nous avons surtout un projet qui est le plus important que tout le reste.’’

Entre les frustrations, les satisfécits et les récriminations, les investitures ont aussi montré que la plupart des alliances se nouent autour des personnes, non des offres programmatiques. Pour le président des cadres libéraux, cela montre l’incapacité de l’élite politique à relever le niveau du débat. ‘’On parle plus des ambitions personnelles, des hommes que des programmes. Moi, je pense que les coalitions doivent se bâtir autour des programmes, et non autour des hommes, des ambitions. Ce qui ne permet pas une prise en charge correcte des préoccupations des populations. Au niveau du PDS, nous tenons beaucoup au contenu de l’alliance. D’ailleurs, c’est pourquoi on a eu pas mal de difficultés avec certains. Mais il faut assumer et avancer’’, analyse le patron des cadres libéraux.

Pour les Locales, insiste-t-il, il s’agira surtout de présenter une offre alléchante, permettant de créer les conditions d’une gouvernance locale, vertueuse, à même de favoriser le développement de nos collectivités territoriales. ‘’Comme l’indique le nom de notre coalition Wallu Askan Wi, c’est-à-dire venir à la rescousse du Sénégal, de notre patrie. Notre peuple en a grand besoin et je pense que cela vaut tous les sacrifices. Et ça, c’est certes avec des responsables compétents et honnêtes, mais aussi avec des idées’’, souligne la tête de liste de Wallu au niveau du Conseil départemental de Nioro.

Relativement au débat programmatique, le patriote Ababacar Sadikh Top estime que le débat est posé très tôt. ‘’On ne peut pas, à ce stade, reprocher aux partis et coalitions de n’être intéressés que par le débat de personnes. En fait, l’heure était aux investitures. Pas au débat programmatique. Pour parler des programmes, il faut d’abord penser aux hommes qui vont les porter. A Yewwi, en tout cas, Ousmane Sonko va bientôt présenter un livre sur la décentralisation. Nous avons de grandes ambitions pour le Sénégal et pour la gouvernance locale. D’autres responsables également, comme Diomaye, se sont enfermés pour bâtir des programmes à l’échelle de leur localité. C’est juste que ce n’est pas encore le moment d’en parler’’.

Listes parallèles, ralliement aux candidats de l’opposition, rébellion

Pendant ce temps, du côté de Benno Bokk Yaakaar, les différents responsables se regardent en chiens de faïence. Entre listes parallèles, ralliements aux candidats de l’opposition, rébellions, le président de la coalition, qui a pesé de tout son poids dans ces investitures, va devoir tout faire pour recoller les morceaux, de Dakar à Ziguinchor, en passant par Louga, Kolda et dans bien des contrées du Sénégal. Dans le département de Linguère, Daouda Sow, investi à Barkedji, n’a eu de cesse d’attaquer frontalement le ministre Samba Ndiobène Ka. ‘’Presque l'essentiel des populations ont salué et adhéré à choix du président. Seul le ministre en charge du développement communautaire est venu outrepasser les instructions prises par le président de la République, en parrainant une liste parallèle contre celle dirigée par le directeur financier de l'OMVG (Daouda Sow)’’, lit-on dans une déclaration envoyée à notre rédaction par les services de M. Sow.

Dans tous les cas, le combat risque d’être épique entre les différents grands blocs que sont Benno Bokk Yaakaar, Yewwi Askan Wi et Wallu Senegaal. Si la majorité présidentielle part largement favorite dans la plupart des communes rurales, les choses sont moins évidentes au niveau des centres urbains. 

MOR AMAR

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