Des organisations de défense des Droits de l'homme demandent sa libération
Article 19 et d'autres organisations de défense de la liberté d'expression et des droits humains se sont réunis pour demander à l'État du Sénégal de libérer sans condition leur ‘’frère’’ Aliou Sané. Ce dernier est le coordonnateur du mouvement Y en a marre et est en prison depuis plus d’un mois.
L'activiste et coordonnateur du mouvement Y en a marre, Aliou Sané, a été arrêté le 5 octobre dernier et placé sous mandat de dépôt. Pour obtenir sa libération, Article 19 et d'autres organisations de défense de la liberté d'expression et des droits humains telles qu’Amnesty International, la Ligue sénégalaise des Droits de l'homme (LSDH) et la Rencontre africaine pour la défense des Droits de l'homme (Raddho) se sont donné la main pour demander aux autorités sénégalaises de libérer sans condition leur ‘’frère’’.
"Nous nous sommes rassemblés pour appeler le gouvernement sénégalais à libérer Aliou Sané sans condition, ainsi que toutes les personnes détenues pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression et de réunion pacifique. Pour la sauvegarde durable d’un espace civique où les individus peuvent s'exprimer sans craindre la répression, le gouvernement sénégalais doit abroger les lois qui permettent des limitations abusives à la liberté d'expression", a déclaré le directeur régional d'Article 19 Sénégal et de l'Afrique de l'Ouest, Alfred Nkuru Bulakali dans une note parvenue à ‘’EnQuête’’.
‘’Nous demandons également de limiter des pouvoirs confiés aux autorités, d’autoriser ou non des manifestations et de criminaliser des opinions en utilisant des lois formulées de manière vague, telles que celles concernant le trouble à l'ordre public. Les autorités doivent tolérer les voix dissidentes. Toute limitation à la liberté d'expression doit être conforme aux normes régionales et internationales des Droits de l'homme", a-t-il déclaré.
D'après les défenseurs des droits humains, Aliou Sané et ceux qui sont derrière les barreaux pour avoir exprimé une opinion ne sont pas seuls. Ainsi, Article 19 a exprimé sa solidarité à M. Sané et souligné qu'il n'a commis aucun crime selon les normes internationales des Droits de l'homme qui protègent la liberté d'expression. "Sa place est auprès de sa famille et parmi nous, ses collègues défenseurs des Droits de l'homme, afin qu'il puisse continuer à défendre une société démocratique et des espaces publics ouverts à travers l'Afrique", lit-on dans le document.
"La marche pacifique de nos organisations était le signe de notre engagement continu en tant qu'organisations des Droits de l'homme pour demander des comptes au gouvernement et lui demander d’honorer ses obligations régionales et internationales en matière de Droits de l'homme, de garantir effectivement la liberté d'expression et s'abstenir de criminaliser l’expression des opinions", demandent-ils.
Pour rappel, Aliou Sané a d'abord été arrêté à la cité Keur Gorgui le 29 mai 2023, alors qu'il tentait de rejoindre d'autres activistes politiques et de la société civile pour rendre visite à Ousmane Sonko. Après avoir obtenu une liberté provisoire le 2 juin, à la suite d’une ordonnance de placement sous mandat de dépôt prononcée par la chambre d’accusation le 25 juillet, il a été de nouveau arrêté le 5 octobre et placé sous mandat de dépôt. Selon les autorités sénégalaises, Aliou Sané a été arrêté pour avoir participé à une manifestation non déclarée, note-t-on. Et il est poursuivi pour "actes ou manœuvres susceptibles de porter atteinte à la sécurité publique ou de provoquer des troubles politiques graves".
FATIMA ZAHRA DIALLO (STAGIAIRE)