Les universitaires exigent le départ de Macky
Face à la crise sociopolitique que traverse le pays, les universitaires sénégalais se sont constitués en collectif pour exiger le respect du calendrier républicain et le départ du président Macky Sall de la tête du pays dès le 3 avril prochain, comme le prévoit la Constitution.
Le report de la Présidentielle initialement prévue le 25 février 2024 continue d'alimenter les débats. Hier, des universitaires sénégalais sont montés au créneau pour exprimer leur désaccord. Réunis autour du Collectif des universitaires pour la démocratie (Cud), ils ont exigé, au cours d'une conférence de presse tenue à Dakar, le respect du calendrier républicain et le départ du président Macky Sall de la tête du pays, dès le 3 avril prochain, comme le prévoit la Constitution.
À travers ce collectif, a fait savoir la porte-parole du jour, l'enseignante à la faculté des Sciences juridiques et politiques de l'université Cheikh Anta Diop, Dr Ndèye Astou Ndiaye, "les universitaires s’engagent résolument dans la lutte pour la restauration de la République en dénonçant une tentative de conservation du pouvoir par des voies antidémocratiques et anticonstitutionnelles qui vident de toute sa substance notre charte fondamentale".
En effet, a-t-elle rappelé, cette crise est partie de la décision n°2/C/2024 du Conseil constitutionnel arrêtant et publiant la liste des candidats à l’élection présidentielle du 25 février 2024. "Cette liste a été publiquement contestée par un parti politique qui a vu son candidat écarté de la course. Le parti en question avait diffusé un communiqué affirmant que la décision suscitée du Conseil constitutionnel a été rendue sur fond de corruption en citant nommément deux juges de la haute juridiction", a souligné le Cud.
Toujours en guise de rappel, le Cud a indiqué que "le groupe parlementaire affilié à ce parti politique sollicita et obtint alors la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire, en violation flagrante des dispositions de l’article 92 de la Constitution qui dispose". Pis, "le rapport de cette commission ayant été rendu public, aucun début de preuve sur les accusations de corruption n’a été fourni. Pourtant, a-t-il ajouté, c’est sur la base des conclusions de la commission d’enquête qu’une proposition de révision constitutionnelle visant à prolonger le mandat du chef de l’État a été introduite et c’est cette proposition de loi constitutionnelle qui a servi de prétexte au président de la République pour décider de l’annulation de l’élection présidentielle à travers un décret pris le 3 février dernier".
Ce que dénonce le Collectif des universitaires pour la démocratie. "Cette forfaiture plonge notre pays dans une crise inédite et ruine nos acquis démocratiques conquis de haute lutte par plusieurs générations de Sénégalaises et de Sénégalais", ont-ils déploré.
Dans le même ordre d'idées, les universitaires ont déclaré qu'ils s’engagent à mener la lutte aux côtés de toutes les forces vives de la nation. Ils ont également saisi cette occasion pour appeler à la mise en place "d’un front républicain regroupant tous les organismes investis dans le combat : société civile, syndicats, ordres professionnels, etc.". Ils ont aussi informé qu'ils "se mettent à la disposition des initiatives en cours pour fusionner toutes les forces engagées dans cette lutte cruciale pour notre République". Parallèlement aux actions collectives auxquelles il sera amené à prendre part, "le Cud envisage de déployer la riche et diverse expertise de ses membres pour faire la lumière sur tous les aspects de cette crise dans l’optique de permettre à l’opinion publique nationale et internationale de comprendre la situation que traverse le Sénégal et les graves enjeux que celle-ci implique".
Réouverture des universités
En outre, le Collectif des universitaires pour la démocratie a informé qu'il a mis en place "un ensemble d’observatoires qui auront pour objet les questions politiques, celles liées à la légalité ; les questions économiques et sociales à travers lesquels les universitaires, chacun(e) dans sa spécialité, produiront des contenus vidéos dans les langues nationales". Ainsi, le Cud a indiqué qu'il a créé un "bureau du citoyen dont la mission est d’apporter une assistance multidimensionnelle à nos concitoyens en difficulté dans le contexte de la crise". Il faut aussi souligner que le collectif compte déjà 200 membres, alors que les adhésions se poursuivent.
Le Collectif des universitaires pour la démocratie s'est, par ailleurs, exprimé sur le décès de l'étudiant à l'université Gaston Berger de Saint-Louis. "Nous dénonçons l'utilisation de la violence policière pour brutaliser des manifestants. Ce qui est arrivé jusqu'à la mort d'homme à l'université Gaston Berger de Saint-Louis affecte toutes les universités sénégalaises", a dénoncé le Cud par la voix du professeur Cheikh Amadou Diop. "Nous réclamons l'ouverture des universités publiques. Les étudiants doivent fréquenter les amphithéâtres. Ils doivent étudier et les enseignants doivent également enseigner pour que la recherche puisse avoir lieu. Ce, pour nous permettre de nous attaquer à des questions de société. Nous avons beaucoup de questions sur lesquelles nous devons travailler, nous prononcer. Mais actuellement, avec le contexte politique, social et sécuritaire, nous ne sommes même pas dans les dispositions pour apporter notre contribution à ces questions et c'est grave", a-t-il réclamé.
Il est d'avis que " le pays est à l'arrêt. Tout est à l'arrêt, parce que tout simplement, il y a une crise politique". En effet, ont-ils souligné, "la fermeture des universités ne se justifie pas. L'État a l'obligation d'assurer la sécurité dans les temples du savoir et de permettre aux activités de se dérouler dans de bonnes conditions".
FATIMA ZAHRA DIALLO