Publié le 19 Feb 2024 - 12:30
DÉBAT SUR LE REPORT DE LA PRÉSIDENTIELLE

Idrissa Seck, une hibernation préjudiciable ?

 

Idrissa Seck brille par son absence et son silence dans le débat autour du report de la Présidentielle au Sénégal. L’ancien maire de Thiès, absent du Front des candidats à la Présidentielle (FC 25) qui regroupe l’ensemble des candidats retenus par le Conseil Constitutionnel, déclenche une série de spéculations sur ses intentions dans ce contexte politique tendu.

 

Son silence assourdissant interroge dans tout le landerneau politique sénégalais. Idrissa Seck, qui est l’un des rescapés de la dernière élection présidentielle, est absent des différentes plateformes politiques comme le FC 25 appelant au respect du calendrier républicain. Son silence radio suscite de vives interrogations au sein de la classe politique. Il est vrai que l’ancien Premier ministre sous Wade est adepte de la stratégie du silence. Il choisit souvent de raréfier sa parole, un moyen d’avoir le maximum d’impact, en cas de prise de parole. Est-ce le cas présentement ?

En effet, Idrissa Seck, tout au long de sa carrière politique, a opté pour de longues périodes de silence ponctuées de quelques coups d’éclat médiatiques capables de secouer toute la classe politique. Une stratégie bien assumée au sein de sa formation politique. ‘’Le silence fait partie du pack communicationnel d’Idrissa Seck’’, souffle Daouda Ba, chargé de Com de Rewmi.

Mais cette stratégie est considérée comme un couteau à double tranchant par Amadou Fall, directeur de publication du magazine ‘’la Gazette’’. ‘’Le parti est assez bien implanté dans le pays. Mais les politiques se doivent d’exister sur le terrain politique. Un parti doit s’adapter à la stratégie des relais qui permet de diffuser et de vulgariser le message du leader. Pour cela, le leader doit les alimenter régulièrement en messages et éléments de langage qui permettent au parti d’avoir une certaine visibilité. De ce point de vue, un leader qui disparaît pendant plusieurs mois, ça peut être problématique’’, affirme le journaliste.

Un politique solitaire qui se veut hors de la mêlée

Cette absence de prise de parole, alors que des leaders comme Khalifa Sall ont déjà fait savoir leur opposition à tout report et à tout dialogue avec Macky Sall, peut-elle être assimilée à un manque de solidarité envers les autres candidats à la Présidentielle ou une volonté de se singulariser ?

En tout cas, ce silence intrigue. D’autant que cette volonté parfois de prendre de la distance dans ce contexte est perçue comme de l’indifférence et du dédain. Lui s’en défend.

‘’La vie chère, la crise au sein la CEDEAO, la guerre russo-ukrainienne et celle entre Israël et les Arabes, la lutte contre le terrorisme constituent autant défis pour notre pays. Lorsqu’on est conscient de ces enjeux, tu ne peux pas bondir sur toutes les polémiques et débattre à tort et à travers’’, disait-il, à la suite de l’enregistrement de son message de campagne à la RTS.

Ainsi, sa posture prend la forme d’un repli tactique visant à mieux étudier la situation et à voir comment appréhender les choses. Mais aux yeux d’Amadou Fall, ‘’c’est incompréhensible qu’un homme de la stature d’Idrissa Seck, au vu de ses ambitions et de son parcours, ne puisse pas peser dans le débat. Alors qu’on interpelle l’Assemblée nationale, le Conseil constitutionnel, la présidence de la République, un homme politique doit faire entendre sa voix. Même Mahammad Boun Abdallah s’est prononcé en se déclarant en faveur du dialogue. Je ne connais pas stratégie d’Idrissa Seck. Je pense qu’il a sa manière de faire. Cependant, à mon avis, le plus important pour un politique, c’est d’être vu et entendu’’, soutient-il.

Idrissa Seck en embuscade sur une possible succession à Amadou Ba ?

Selon nos radars braqués du côté du palais de République, même si Macky Sall a renouvelé sa confiance à Amadou Ba, le différend opposant les deux hommes est loin de se dissiper. Les faucons du palais qui ne sont pas en bons termes avec Amadou Ba ne manqueraient pas, dans cette période de transition, de chercher un remplaçant à Amadou Ba.

Cette situation ne serait pas pour déplaire à l’ex-président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) qui, lors de son ralliement à la majorité présidentielle, avait caressé le rêve de porter les couleurs de Benno lors de cette Présidentielle.  

Une situation qui pourrait expliquer le choix de ce dernier qui a longtemps été un grand partisan des manœuvres politiques. En novembre 2020, personne n’avait vu venir son alliance avec Macky Sall dans son fameux ‘’Mbourou ak Soow’’.

Ainsi, Idrissa Seck, qui a voulu se présenter comme une troisième voie entre le régime et l’ex-Pastef, peut toujours jouer cette carte de l’expérience et de la stature d’homme politique pour s’imposer face à d’éventuels concurrents.

Au sein de Benno, la scission entre les partis de gauche opposés au report et l’APR qui y est favorable pourrait pousser Macky Sall à chercher un autre personnage consensuel capable de réunir les deux entités.

Néanmoins, cette perspective pourrait se heurter à une forte résistance des ‘’apéristes’’ qui estiment qu’un successeur de Macky Sall ne peut venir que leur camp. Les républicains qui ont toujours assuré leur prééminence au sein de Benno, pourraient considérer un possible choix d’Idrissa Seck comme un désaveu. Idrissa Seck, qui a claqué la porte de la majorité présidentielle, n’est pas membre de Benno, sans oublier le candidat dissident Mahammad Boun Dionne qui garde toujours une certaine cote de popularité au sein de l’APR.

 Mamadou Makhfouse NGOM

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