Publié le 7 Nov 2012 - 08:00
TRANSITION VERS LE NUMÉRIQUE EN 2015

L'Afrique invitée à s’autofinancer

 

Le Réseau francophone des régulateurs de médias (REFRAM) tient depuis hier à Dakar, en collaboration avec le Conseil national de régulation de l'audiovisuel (CNRA) du Sénégal, un séminaire pour échanger sur les différents axes pouvant conduire à l'acquisition du numérique avant 2015 par ses pays membres.

 

 

Ce séminaire veut servir de forum pour des échanges sur des questions d'intérêt commun entre membres du réseau, notamment sur ''la transition vers le numérique avant le 17 juin 2015''. Présidant l'ouverture des travaux, le Premier ministre Abdoul Mbaye a indiqué que la révolution numérique est à la portée de tous les pays pour peu qu'ils se donnent les moyens d'être présents à ce «rendez-vous de l'histoire» que le Sénégal ne peut manquer.

 

Pour le chef du gouvernement, cette avancée technique et technologique pose la problématique des productions nationales au seuil de cette ère du tout numérique, suivant les normes de différentes techniques de réalisation. «Le défi qui interpelle donc nos éditeurs est celui de la production de programmes de qualité et en quantité'', a-t-il indiqué. Dans cette marche vers le tout numérique, Abdoul Maye a assuré que le soutien des États est bien entendu acquis. Cependant, il a souhaité que la contribution de la production privée soit tout aussi essentielle. Dans ce sillage, il a rappelé aux régulateurs le «rôle d'arbitrage» entre les différents opérateurs, mais aussi de «conciliation», de «surveillance» et de maintien du fonctionnement ordonné et cohérent dans le paysage audiovisuel.

 

À cet effet, Babacar Touré, président du Conseil national de régulation de l'audiovisuel (CNRA), a jugé «urgent de redéfinir, d'un point de vue technique et juridique, la nouvelle frontière entre monde des télécommunications et celui de l'audiovisuel, et de proposer de nouvelles orientations aux missions traditionnellement confiées aux organes de régulation de l'audiovisuel''. La raison en est simple : le secteur de l'audiovisuel est en profonde mutation à un point tel que «les frontières traditionnelles entre contenus régulés ou non, services linéaires ou non mais aussi entre audiovisuel et télécommunications, éditeurs, distributeurs et hébergeurs s'estompent», a expliqué Babacar Touré.

 

À sa suite, Michel Boyon, Secrétaire permanent du Réseau francophone des régulateurs des médias (REFRAM), est resté formel sur le mode de financement de cette campagne. ''L'Afrique a les moyens, le potentiel de financer cette opération'', a indiqué le président du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) en France depuis 2007. Selon lui, les médias vont devoir supporter les coûts de diffusion et enrichir les programmes audiovisuels, même si cela revient cher. Mais dans tous les cas, «il faut le respect de l'identité et des spécificités de chaque pays», a-t-il précisé, ajoutant : «Nous ne cherchons pas à imposer de modèle (car) chaque pays a ses valeurs, ses principes. Nous ne cherchons pas l’uniformité, nous allons faire tout cela dans un esprit de respect, d’échange et de cordialité.» A ce propos,le Premier ministre Abdoul Mbaye a souligné avec force : «Qui dit société de l’information dit apport de tous en termes de contenus reflétant nos diversités et notre identité.»

 

Pour Boyon, cette transition ne constitue pas l'affaire de technocrates ou d'ingénieurs, mais relève d'une synergie de potentialités et de diversités. Aussi, recommande-t-il qu'elle soit l'affaire de tout le monde, du chef d'État aux éditeurs de chaînes en passant par les élus locaux, avec à la base un financement efficient, une régulation conséquente adaptée à un monde nouveau.

 

Hervé Barraquand, Représentant du secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Abdou Diouf, a souhaité que les contraintes calendaires ne précipitent pas les choix technologiques. Il a également plaidé pour que les États francophones se gardent de retenir des offres, en apparence attractives, de partenaires publics et privés peu soucieux de l'intérêt général.

 

Le Réseau francophone des régulateurs de Médias regroupe en effet 28 autorités de régulation présentes dans 27 pays membres, et vise à l’établissement et au renforcement de la solidarité entre ses membres. Les sessions au programme de l'agenda portent sur «Etat des lieux du passage de la diffusion analogique à la diffusion numérique dans l’espace francophone», d'une part, et «Panorama des expériences des autorités de régulation audiovisuelle : expériences achevées ou en cours du passage de la diffusion analogique à la diffusion numérique», par ailleurs.

 

 

ANTOINE DE PADOU

 

 

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