Publié le 30 May 2014 - 00:37
«LA DÉMOCRATIE SÉNÉGALAISE À L'ÉPREUVE DE LA VIOLENCE»

Comment échapper au danger de la déstabilisation définitive 

 

Le Reavpol, né il y a un mois, compte établir un dialogue national républicain et permanent avec la signature d’un pacte de non-violence par les formations politiques afin de conjurer de vieux fantômes... 
 
 
L’assassinat du maire de Mbour, Demba Diop, en 1967, celui de Me Babacar Sèye en 1993, sans oublier le meurtre de six policiers en 1994... Les tensions politiques et leur corollaire, la violence, ont émaillé la vie politique sénégalaise depuis les indépendances. Aujourd'hui, comme avant, l'opinion a été témoin de fortes scènes de violences dont les dernières remontent à la semaine dernière avec les affrontements survenus entre étudiants et policiers, suivis de casses aveugles sur les biens d'autrui. 
 
C'est pourquoi le Cadre de réflexion et d’actions contre les violences politiques (REAVPOL) entend contribuer à l’édification d’une vie publique apaisée au Sénégal. Pour cela, il compte lancer un ‘’pacte de bonne conduite et de responsabilité’’ à l'intention des partis politiques afin de conjurer les ‘’vieux démons’’ qui sont un danger permanent pour le pays. Du reste, la violence n’a pas sa place dans un débat politique qui se doit d’être pacifique, affirme le président de l’Association Abdoulaye Tine, lors du symposium consacré à ce sujet, hier, à Dakar. 
 
‘’Nous voulons par ce pacte que les organisations politiques s’emploient à mettre en place des mécanismes pour la résolution des conflits électoraux et postélectoraux. Ainsi, en identifiant les différentes sources de violences, absence d’Etat de droit, de civisme, (acuité) des problèmes socio-économiques, nous comptons mettre les partis politiques devant leurs responsabilités, afin de sensibiliser les citoyens dans l’exercice du jeu démocratique’’, assure l’avocat inscrit au barreau de Paris. 
 
En outre, ajoute le Pr Babacar Guèye, directeur du Cerad, il est plus que nécessaire et temps de renforcer le dialogue entre les différents acteurs (membres de la société civile, partis politiques et chefs religieux), pour établir des  mécanismes de prévention et de règlement des conflits.
 
‘’Pour éviter les violences qui font souvent suite aux contestations électorales, il est vital d’avoir une bonne communication et une bonne formation des citoyens pour éviter la militarisation des populations dans des actes de violence’’, affirme le constitutionnaliste. 
 
Même si au Sénégal on a noté une baisse des violences politiques depuis l’avènement de l’alternance, la persistance du climat de violence, surtout depuis le 23 juin 2011, est aussi liée à des phénomènes exogènes comme la crise énergétique, économique et sociale ou l’explosion du chômage des jeunes, a encore indiqué le Pr Guèye. Il est conforté par une responsable de l'association, Rokhiyatou Gassama, selon qui cette identification des sources de la violence est indispensable pour consolider la jeune démocratie sénégalaise, notamment en prévision des élections locales du 29 juin prochain.
 
‘’L’actualité du moment marquée par la violence notée à l’Ucad et les craintes de violence qu’a suscitées l’arrivée de Me Wade nous interpellent tous. Ces rapports de force violents peuvent nuire au cadre de consensus démocratique, d’où le besoin de promouvoir la bataille des idées et des programmes dans l'espace politique», a conclu Mme Gassama. 
Mamadou Makhfouse NGOM 

 

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