«Face à un allié gênant, le Président saura prendre ses responsabilités»
Responsable politique à Yoff (et non à Ouakam comme nous l'indiquions par erreur dans une de nos dernières éditions), le secrétaire administratif de l'Alliance pour la République estime que Rewmi doit aller jusqu'au bout de sa logique, mais dit faire confiance au président de la République. Entretien.
Les relations entre votre parti et Rewmi sont tendues depuis quelque temps. Des responsables APR ont même demandé à leur allié de se taire ou de quitter le gouvernement. Etes-vous en phase avec eux ?
Ce que je peux noter, c’est que la grande coalition Benno Bokk Yaakaar est une coalition voulue par le président de la République parce qu’il pouvait, sur la base de la dynamique, se limiter à quelques alliés stratégiques. Il a été deuxième au premier tour de la présidentielle et vainqueur du scrutin au second tour. Mais il a voulu gérer le pays de manière inclusive. De ce point de vue-là, cette ligne directrice est de mise chez le Président. Néanmoins, il faut que ses alliés soient conséquents et aillent jusqu’au bout de leur logique. On ne peut pas scier une branche sur laquelle on est assis. Je suis tout à fait d’avis que dans une coalition comme celle-là, tout le monde doit être solidaire.
Cette solidarité signifie-t-elle que tout le monde doive regarder dans la même direction ?
Non, il s’agit d’une coalition plurielle dont la base fondamentale est une base de gouvernance. Chacun doit respecter la ligne de son parti, mais il y a un dénominateur commun que tout le monde doit respecter, c’est la solidarité gouvernementale. Il ne faut pas être dans la frontière de son parti et gêner la gouvernance. Si c’est le cas, il y a un manque de solidarité.
Demanderiez-vous la démission des ministres de Rewmi du gouvernement ?
Ce que je peux dire de manière certaine, c’est que le Président sait prendre ses responsabilités si le comportement d’un allié devient gênant, dans l’intérêt du pays.
Le parti d'Idrissa Seck a pourtant juste invité le gouvernement à respecter les droits des citoyens dans la traque des biens mal acquis et de respecter les engagements vis-à-vis des Sénégalais !
Ça me paraît curieux d’entendre ce type d’argument pour une raison fondamentale. Depuis son installation au pouvoir, le président de la République a montré à la face du Sénégal que ce qui l’intéresse, c’est la transparence dans la gouvernance publique, mais surtout les droits des citoyens. Son premier chantier était la refondation et la mise en place d’un Etat de droit qui, à son arrivée, était en lambeaux. Quand j’entends certains parler d’insuffisance en matière de respect du droit des citoyens, je me demande dans quel Sénégal nous sommes ! Je me pose également des questions quand il (NDLR : Idrissa Seck) semble dire que les engagements ne sont pas respectés.
C'est-à-dire ?
Je rappelle qu’à pareille époque de l’année dernière, le monde rural était dans une situation de désarroi. Cette année, la gestion de la campagne agricole a été menée correctement, en termes d’intrants et d’organisation ; aujourd’hui, les paysans sont rassurés. Autre élément important, c’est la réforme du Code général des impôts qui est un programme ambitieux du point de vue social. Le pouvoir d’achat des Sénégalais a augmenté. Les entreprises aussi ont été prises en compte car, ce nouveau code leur permet de booster la productivité. Parce que l’ensemble des impôts qui leur étaient prélevés ont été agrégés. Donc, on a un système d’imposition scientifique et efficace.
Mais l’impôt sur les entreprises est passé de 25 à 30%, une hausse déplorée par des patrons de société.
Comme je disais tantôt, l’entreprise sénégalaise était frappée par une fiscalité dispersée, désordonnée. On a voulu enlever l’ensemble des impôts inutiles pour les agréger dans une fiscalité unique, cohérente et plus légère. C’est un gain qualitatif pour les entreprises qui ont salué cette mesure. Je rappelle que dans le programme Yoonu Yokkute, le président de la République parlait de productivité développante... Autre nouveauté, c’est la politique de résorption du chômage. Le Sénégal a commencé la rationalisation au niveau de l’administration avec l’inventaire du fichier de la Fonction publique qui va nous permettre de faire des économies. De plus, le Fongip (Fonds de garantie des investissements prioritaires) et le Fonsis (Fonds souverain d’investissement stratégique) ont été mis en place pour relancer l’économie et générer de nouveaux emplois à hauteur de 30 000 par an.
Beaucoup d'observateurs trouvent chimérique la promesse de créer 500 000 emplois durant le mandat en cours compte tenu de l’environnement économique morose.
La politique d’emploi du président de la République est parfaitement réalisable. Dans sa philosophie, le président ne cesse de parler de nouvel ordre de priorités. Cela veut dire drainer les efforts de l’Etat vers des secteurs générateurs d’emplois comme l’agriculture avec tous les programmes destinés à ce secteur. Mais il n'y a pas que l’agriculture. D’autres secteurs seront soutenus par des instruments comme le Fongip et le Fonsis. Cela n’a rien avoir avec l’économie souterraine non génératrice d’emplois.
Lors d'un séminaire que vous aviez organisé, il y a eu divergence par rapport au principe de renouvellement des instances de l'APR.
Il n'y a pas eu divergence de vue. Les gens ont dit de manière unanime que, effectivement, nous avons un parti jeune qu’il nous faut organiser. Il y a évidemment des discussions sur l’agenda. Cela me paraît tout à fait normal. Nous avons un parti jeune, mais nous avons aussi le plus grand parti du pays. Deux éléments qui nécessitent une prudence dans la mise en place des structures. Il faut qu’on prenne le temps pour y aller dans des conditions idéales. Il est vrai que nous allons vers des échéances importantes, mais nous avons les ressorts qu’il faut pour prendre en charge notre victoire en 2014.
Vous êtes à la tête du Coud depuis 10 mois. Pouvez-vous nous décliner votre programme ?
Le programme que nous sommes en train de dérouler tourne autour de plusieurs axes stratégiques avec comme seul objectif la satisfaction de l’étudiant. Et le premier acte fort qu’il faut poser, c’est de faire le maximum pour que l’environnement de l’étudiant soit attractif. On ne peut pas travailler dans des conditions qui frisent le misérabilisme. Nous nous sommes aussi dit que cette année, il faut absolument que l’on relève le défi de la restauration de qualité. C’est vrai que la restauration de masse est difficile, mais nous mettrons tout en œuvre pour que l’étudiant sente vraiment une amélioration. L’autre élément, c’est que nous voulons une bonne prise en charge médicale des étudiants, d'où notre souhait d'orienter le budget 2013 dans cette direction. Pour la bancarisation des bourses, l’État est en train d’approfondir la réflexion pour améliorer la situation. Mais il y a une clarification à faire : les bourses ne sont pas gérées par le Coud. Mais comme les étudiants ne peuvent pas aller jusqu’à l’immeuble Maginot (NDLR : siège de la Direction des bourses) pour exprimer leur mécontentement, ils sont obligés de rester dans l’espace social pour le faire.
DAOUDA GBAYA
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