«Il fallait agir avec tact et éviter un attroupement», dit le procureur Mbacké Fall
Le procureur général près les Chambres africaines, Mbacké Fall, a tenu un point de presse ce lundi après-midi pour s’expliquer sur l’interpellation et le placement en garde à vue de l’ex Président tchadien Hissène Habré.
Le procureur général près les Chambres africaines extraordinaires, Mbacké Fall, a déclaré, ce lundi à Dakar, que l’ex-président tchadien Hissène Habré a été arrêté « avec tact» pour des raisons de sécurité.
Selon le procureur Mbacké Fall, « Il ne s’agit pas d’enlèvement, il s’agit d’arrestation qui a été menée avec tact pour la sécurité de la personne arrêtée». S’expliquant sur les raisons, il ajoute : «nous avons eu des renseignements comme quoi il disposait de certains armements et même de certaines armes de guerre ».
Poursuivant ses explications Mbacké Fall renseigne : « nous voulons éviter que ses anciens réseaux puissent être activés et nuire à la bonne marche de la procédure. Et surtout pour des raisons liées à la protection de l’ordre public, nous avons pensé qu’il devait être à proximité des juges ».
« Indices graves et concordants »
Selon le procureur Mbacké Fall, c’est avec des « indices graves et concordants » contre lui, comme le permet le Code de procédure pénale, que Habré a été gardé à vue, avant sa présentation au juge d’instruction, à l’expiration de ce délai, mardi.
Sur la manière dont l’ancien chef d’Etat tchadien à été interpellé, le procureur estime que «quand on est en face d’un danger, on ne sait jamais l’attitude de la personne. Elle peut même attenter à sa vie, on ne sait jamais. Donc, il fallait vraiment agir avec tact et éviter un attroupement». Puis d’ajouter : « vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a eu des menaces qui ont été relayées par voie de presse disant qu’il y avait des personnes qui se faisaient boucliers de Habré. C’est compte tenu de ces risques que présente une interpellation non discrète que nous avons demandé à la Division des investigations criminelles (DIC) de procéder à l’arrestation de Hissène Habré».
A en croire le procureur près les Chambres africaines, la mise en détention de l’ancien président tchadien est non seulement liés à des risques de troubles graves à l’ordre public national et international, mais elle se justifie aussi pour des raisons en rapport avec sa sécurité et une bonne sérénité de la procédure’.
Habré présenté au juge ce mardi
Il a annoncé que le délai de sa garde à vue expire mardi, indiquant qu’il sera alors présenté au juge d’instruction, qui travaille «en toute indépendance», précise le procureur. «Nous, parquet, travaillons sur la base de réquisitions, qui sont les demandes que le procureur fait auprès du juge d’instruction qui est libre de prendre une ordonnance contraire s’il n’est pas d’accord avec le parquet», a-t-il conclu.
Habré vit en exil à Dakar depuis sa chute après huit ans de pouvoir au Tchad (1982-1990) .Pour son jugement, le gouvernement sénégalais et l’Union africaine (UA) ont signé un accord, en vue de la création, au Sénégal, d’un tribunal spécial. L’accord a été approuvé le 19 décembre par les députés sénégalais. Des chambres africaines extraordinaires ont été créées au sein des juridictions sénégalaises pour juger M. Habré. Elles ont été installées à la suite de la résolution 401 adoptée le 31 janvier 2012 par la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA.
L'ex-président tchadien a été placé en garde à vue dimanche. Il est accusé de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture. Selon des ONG, 40.000 personnes auraient été tuées durant sa présidence.