Publié le 16 Sep 2012 - 22:37
ENTRETIEN AVEC SHEIKH SIDIA BAYO, PRESIDENT DU CNT-GAMBIEN: (première partie)

«Yaya Jammeh n'a plus que quelques semaines au pouvoir»

 

 

 

Qui êtes-vous ?

Je m’appelle Sheikh Sidia Bayo. Je suis Gambien d’origine né à Paris il y a 33 ans. J’ai fait des études universitaires à Versailles, avec une maîtrise en Langues et civilisations étrangères option Espagnol. Je suis polyglotte car je parle anglais, espagnol, italien et néerlandais, en plus du français. J’ai grandi dans des conditions honorables à Paris avec des hauts et des bas, mes parents m’ont donné une bonne éducation et je parle très bien le mandingue. Je ne parle pas wolof mais je le comprends parce que ma mère à grandi entre la Gambie et le Sénégal, c'était une professeure de Lettres. J’ai fréquenté des écoles coraniques à Paris, je suis musulman pratiquant. Mon entrée dans l’arène politique gambienne s’est effectuée à l’occasion de l'élection présidentielle de 2006 avec le chef de l’opposition Me Ousseynou Darbo. En 2011, je l’ai suivi encore en tant que responsable politique pour l'Europe afin de mettre un terme au régime de Jammeh. Malheureusement, en 2011 nous avons encore perdu, pour la quatrème élection présidentielle.

 

Vous êtes à la tête d’un Conseil national de transition pour la Gambie (CNTG). Comment comptez-vous renverser le régime de Banjul ?

Je vous informe que notre gouvernement de transition est effectif et compte 35 membres. Il regroupe un gouvernement d’union nationale prêt à réconcilier les Gambiens avec le reste du monde et reste conscient des défis qui nous attendent après la gouvernance catastrophique de Jammeh. Nous allons en amont traquer Jammeh avec les forces de l’ordre gambiennes jusqu’à ce qu’il quitte le pouvoir. Ensuite, nous mettrons sur pied un Etat de droit et la justice gambienne se verra élaguer des mercenaires qui la polluent. Je vous assure qu’il ne reste plus à Yaya Jammeh que quelques semaines au pouvoir.

D'où tirez-vous cette confiance ?

Je ne peux pas entrer dans certains détails mais Jammeh lui-même sait que c’est fini pour lui et que son régime est en train de vivre ses derniers jours. Actuellement, la peur a changé de camps, Yaya Jammeh a la trouille. Il cohabite actuellement avec des éléments du CNTG qui, le moment venu, ils sortiront tous.

Avez-vous des rapports avec lui ?

Aucun. Je n’ai jamais rencontré Yaya Jammeh. Par contre, je sais qu’il me connait car il a eu vent du CNTG. C’est un homme qui adore les technologies de l’information et de la communication et nous sommes bien présents sur ce terrain.

N’est-ce pas là un atout pour lui lors ?

Je n’ai pas besoin de le connaitre, il suffit juste de voir les actes tyranniques qu’il pose pour avoir une idée du le dictateur qu’il est. En 2010, il avait dit pourtant qu’il n’appliquerait pas la peine de mort ! C’est un président qui ne respecte pas ses engagements. L’envoyé de l’Union africaine est arrivé à Banjul un jour avant la mise en exécutions de ces condamnés à mort. Mais il n’a pu rien faire car Jammeh l’a berné en lui disant qu’il voulait juste faire peur à son peuple. Il les a bien exécutés ! Au passage, puisque nous sommes au Sénégal, j’aimerais, au nom du peuple gambien représenté par le CNTG, présenter toutes nos condoléances aux familles de Mme Tabara Samb et de Djribil Bâ. Mme Tabara Samb, il faut le dire, a été abusée, mais vraiment abusée par les éléments criminels du président gambien. Quand la justice sera établie, je pense que le Sénégal regrettera d’avoir entretenu des relations aussi longues avec ce tyran.

Qui sont vos alliés ?

J’ai personnellement voyagé à travers le monde pour aller rencontrer tous les gradés de l’armée gambienne exilés sous la dictature de Yaya Jammeh. J’ai également rencontré toute la société civile intellectuelle de Gambie exilée à l’étranger. Toute la matière grise gambienne est avec nous et sur les 11 partis politiques que compte le pays, les 10 seront avec nous à coup sûr. Nous sollicitons une reconnaissance de la communauté internationale et plus précisément de l’Union européenne et de la France qui avaient vite pris position en dénonçant des déclarations criminelles du président Jammeh. La Guinée-Bissau, le Mali, le Niger et le Sénégal qui disposent de ressortissants dans les geôles gambiens ont été également interpellés pour mener une dénonciation ferme contre la barbarie du président gambien.

Le choix de Dakar pour lancer le CNTG peut signifier que les autorités sénégalaises vous soutiennent?

Avec les membres du CNTG, nous avons choisi la destination Dakar pour le symbole. Il y avait un symbole fort dans ces exécutions : c’est la Sénégambie qui a été exécutée puisse qu’il y a eu 7 Gambiens et 2 Sénégalais. Nous sommes venus à Dakar pour amorcer une reconnaissance internationale et demander à la communauté internationale, à l’Union européenne surtout, d’avoir le courage de sanctionner le régime de Banjul. La chef de la diplomatie européenne (NDLR : Catherine Ashton) avait fait la promesse au lendemain de la déclaration de Jammeh d’exécuter les condamnés à mort, d'appliquer avec les 27 pays de l’UE, des sanctions contre ce régime. Nous ne sommes pas ici pour demander au Sénégal de nous reconnaître, mais pour demander une reconnaissance internationale et un appui à la légitimité de nos actions.

Le président Macky Sall vous a-t-il reçu ?

Je n’ai pas été reçu par le président de la République du Sénégal.

Des informations reçues soutiennent pourtant le contraire ?

Ce n’est pas vrai, le président Macky Sall ne m’a pas reçu.

 

AMADOU NDIAYE

La suite lundi 8heures

 

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