Ces chefs d’Etat africains «abonnés» à la CPI

En Afrique, le sort des (anciens) chefs d’Etat fait l’objet de controverse dès lors qu’ils sont poursuivis par la justice internationale. A tort ou à raison, certains Africains se sentent mal à l’idée de voir leurs compatriotes traduits devant la Cour pénale internationale, c’est-à-dire, hors du continent africain. Et l’arrestation de l’ancien président tchadien, Hissène Habré, ce week-end par la gendarmerie d'élite sénégalaise sur ordre du procureur des Chambres extraordinaires, Mbacké Fall, charrie des passions. Placé en garde à vue, l’ancien homme fort tchadien, en exil au Sénégal depuis 22 ans, doit répondre des chefs d’inculpation de «crimes de guerre, crimes contre l’humanité et tortures».
Mais il n'y a pas que l’ancien président tchadien qui est inquiété par la justice. Son homologue ivoirien, Laurent Gbagbo, est également poursuivi par la Cpi à peu près pour les mêmes motifs. Cela fait suite aux violences post-électoraux qui ont fait nombre de victimes en Côte d’Ivoire. Mais à la différence de Habré, l’ancien président ivoirien est actuellement en détention à la Haye, en attendant que des «preuves plus solides» soient réunies contre lui par la procureur Fatou Bensouda, comme exigé par les magistrats de la Cour il y a quelques jours. Son épouse, Simone Gbagbo, elle aussi détenue, mais dans son pays, attend le sort qui lui sera réservé : jugée sur place ou livrée à la Cpi, ce qui serait peu probable, selon diverses sources.
Plus chanceux, le président soudanais, Omar El Bachir, réussit (pour l’instant) à passer entre les mailles du filet de la justice internationale grâce à des déplacements bien calculés en Afrique et en Asie. Lui aussi serait coupable de 300 000 morts et de 2 millions de réfugiés au Darfour...
Toutefois, de plus en plus de voix s'élèvent sur le continent pour dénoncer «une chasse raciale» dont les victimes seraient seulement des Africains. «99 % des inculpés de la CPI sont Africains, cela montre donc que quelque chose est biaisé au sein du système de la CPI, et nous contestons cela", a déclaré le Premier ministre éthiopien Hailé Mariam Dessalegn, à la clôture du dernier sommet de l’Union africaine tenu à Addis Abeba. C'était en réaction à la demande de poursuites engagées par la CPI contre les président et vice-président kenyans, pour crimes contre l'humanité.
Elus en mars dernier, à l'issue de la présidentielle, Uhuru Kenyatta et William Ruto, sont poursuivis pour leur rôle présumé dans l'organisation des violences (1000 morts) ayant suivi le scrutin présidentiel de décembre 2007 au Kenya. Si le procès d'Uhuru Kenyatta doit commencer le 9 juillet à La Haye, celui de William Ruto a été reporté sine die. Pendant ce temps, l’ancien président libérien, Charles Taylor cogite sur son sort dans une prison hollandaise. Condamné par le Tribunal spécial pour la Sierra Léone, l’ancien chef de guerre avait été reconnu coupable de crimes de guerre et crimes contre l’humanité durant la guerre civile dans son pays. Il en a pour 50 ans de prison...
(source internet)
DAOUDA GBAYA