Publié le 5 Nov 2024 - 18:20

Le Cudis et des acteurs de la société civile appellent à une rupture avec la violence

 

À l'approche des élections législatives anticipées du 17 novembre 2024 au Sénégal, le Cadre unitaire de l'islam au Sénégal (Cudis) et d'autres acteurs de la société civile lancent un appel à la paix et au dialogue. Face à une montée inquiétante des violences verbales et physiques en ce début de campagne électorale, ces organisations exhortent les candidats, leurs partisans et les autorités à privilégier le vivre-ensemble et à rejeter toute forme de violence. 

 

Alors que la campagne électorale pour les élections législatives anticipées du 17 novembre 2024 démarre au Sénégal, une montée inquiétante de violences verbales et physiques secoue le paysage politique. Dans un contexte déjà marqué par des tensions sociopolitiques, le président Bassirou Diomaye Faye a pris la parole à son retour de voyage officiel, réaffirmant la détermination de l'État à garantir une campagne pacifique et de sanctionner sévèrement toute forme de violence, indépendamment des affiliations politiques des fauteurs de trouble.

Malgré ses assurances, plusieurs observateurs estiment que le gouvernement n’a pas encore pris les mesures adéquates pour mettre un terme à cette spirale de la violence, suscitant des doutes quant à la sincérité de son engagement.

Dans ce climat tendu, le Cadre unitaire de l’islam au Sénégal (Cudis) s’est joint aux appels à la paix. Se positionnant comme défenseur du vivre-ensemble, le Cudis a publié un communiqué dans lequel il exprime son "grand regret" face à la violence qui entache le début de cette campagne.

Selon l’organisation, la préservation de la paix au Sénégal repose sur la responsabilité des acteurs politiques et de leurs militants, en particulier après trois années de troubles politico-judiciaires. Le Cudis exhorte ainsi les candidats et leurs partisans à adopter un comportement pacifique et à éviter les discours de haine susceptibles de diviser encore davantage la population. Il les appelle à ajouter au "Jub, Jubal, Jubanti" des valeurs qui encouragent l'honnêteté, la persévérance et la réconciliation, et suggère d'ajouter le "Juboo", qui symbolise un dialogue constructif pour un contrat social renouvelé. "La convivialité entre les composantes du peuple sénégalais constitue un trésor à fructifier, plus que l’or, le pétrole ou le gaz," insiste le Cudis, soulignant l'importance d'un engagement pacifique pour le futur du pays.

Appels à une justice impartiale et à une gestion rigoureuse des tensions

Alioune Tine, fondateur du think tank Afrikajom Center et ancien expert des Nations Unies, s’est également exprimé avec inquiétude face à cette recrudescence de violences. Il appelle les autorités à faire preuve d'impartialité et à assurer la sécurité des citoyens en enquêtant sur tous les actes de violence, sans considération de parti politique. Le cas d'Abass Fall, membre du parti au pouvoir, qui n’a pas encore été convoqué malgré ses appels à la violence, contraste avec celui de Bougane Guèye Dany, un opposant arrêté et jugé en un temps record. "Cette disparité de traitement nourrit la frustration et exacerbe les tensions", déplore Tine pour qui la justice doit être impartiale afin de restaurer la confiance des Sénégalais en leurs institutions.

Pour Jean-Charles Biagui, spécialiste en sciences politiques à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, cette situation reflète malheureusement une tradition politique sénégalaise qui peine à évoluer. Selon lui, les débats électoraux sont trop souvent dominés par des insultes et des manipulations, reléguant au second plan les questions économiques et sociales qui préoccupent les citoyens.

"Il est regrettable que la politique sénégalaise soit encore dominée par les attaques personnelles, au lieu de se focaliser sur des solutions pour améliorer le quotidien des Sénégalais," affirme-t-il.

Plusieurs autres organisations de la société civile, dont l'association religieuse Présence chrétienne, ont lancé des appels au calme et au respect du Code électoral. Ces voix multiples et influentes, rappelant la valeur du vivre-ensemble, ont mis en garde contre les discours de haine qui pourraient miner l’esprit républicain. Elles soulignent que les campagnes électorales devraient être des occasions de débats démocratiques et non des terrains d’affrontements.

Amadou Camara Gueye

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