Le Sénégal, nouvel arbitre des relations régionales en Afrique de l'Ouest
Grâce à sa situation géopolitique et politique stable, le Sénégal se voit confier un rôle clé dans la médiation régionale avec l'Alliance des États du Sahel (AES). Les efforts de ses voisins du Togo, du Bénin et du Nigeria sont freinés par des crises internes et des tensions frontalières, laissant le Sénégal avec une opportunité unique d'influencer positivement les relations régionales.
Le Sénégal bénéficie du feu vert de ses pairs en raison de sa stabilité politique et de sa situation géopolitique favorable. Le Togo, initialement intéressé par la médiation, est fragilisé par une crise institutionnelle liée à la volonté du régime de Faure Gnassingbé de se maintenir au pouvoir. La réforme constitutionnelle, qui abolit l’élection du président au suffrage universel direct et prévoit une élection par les deux chambres pour un mandat de six ans non renouvelable, est vivement contestée par l'opposition et la société civile, menaçant ainsi le régime de Gnassingbé.
Le Bénin, qui avait tenté de prendre le relais, est discrédité par les tensions frontalières avec le Niger, malgré la solidarité manifestée par le président Patrice Talon envers les États de l'AES. Le Nigeria, sous la présidence de Tinubu, a rapidement écarté toute possibilité de négociation avec une intervention militaire précoce, rendant difficile toute tentative de libération de Mohamed Bazoum. Les différends entre la Côte d'Ivoire et le Mali au sujet des soldats ivoiriens ont également entravé les perspectives de dialogue entre ces États frères.
Dans ce contexte, le Sénégal se présente comme un médiateur crédible avec l'arrivée au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye et la popularité d’Ousmane Sonko, tous deux respectés pour leurs principes de souveraineté et de panafricanisme. Leur leadership offre au Sénégal une carte blanche pour influencer positivement les relations régionales et jouer un rôle central pour ramener les pays de l'AES au sein de la CEDEAO.
Amadou Camara Gueye