La mission d’observation de l’UE réclame plus de transparence
La Mission d'observation électorale de l'Union européenne au Sénégal (MOE-UE) a présenté, hier, son rapport final par rapport aux observations sur l'élection présidentielle du 24 mars 2024. Elle a formulé des recommandations prioritaires pour les scrutins futurs.
La Mission d'observation électorale de l'Union européenne au Sénégal (MOE-UE) a formulé, au total, 22 recommandations pour les prochains processus électoraux, dont huit sont jugées prioritaires.
En effet, le processus électoral pourrait profiter de plus de transparence, notamment sur le fichier électoral ou la carte électorale, d’après elle. "Accroître la transparence nous semble important pour renforcer la crédibilité du processus et l'adhésion des électeurs", a souligné la cheffe de mission Malin Björk, hier, lors de la présentation du rapport final qui contient les principales observations sur l'élection présidentielle du 24 mars.
La MOE-UE suggère ainsi que les organes de gestion et de supervision des élections publient sans délai et en ligne les informations nécessaires dans des formats facilement accessibles.
Elle rappelle, de plus, que "la publication en temps utile des résultats provisoires et définitifs, bureau de vote par bureau de vote, fait partie des bonnes pratiques internationales". L'inclusivité, dont celle des jeunes électeurs, constitue une autre question soulevée.
Lors des précédents scrutins, près de 50 % des jeunes de 18 à 30 ans n'étaient pas inscrits sur les listes électorales ; une tendance qui s'est confirmée lors de cette élection. Selon Malin Björk, "la question de l'inclusivité et de la participation des jeunes constituera un élément clé pour les élections à venir".
La mission propose, en conséquence, de faciliter l'inscription des électeurs, en particulier celle des jeunes adultes, par exemple via une inscription automatique.
Par ailleurs, la cheffe observatrice note que la liberté d'expression et l'accès à l'information sont essentiels pour un processus électoral démocratique. Dans ce contexte, la campagne électorale s'est globalement tenue dans une atmosphère sereine, mais des "restrictions sérieuses" à la liberté d'expression et de la presse se sont poursuivies pendant la période préélectorale. "Les suspensions ponctuelles de l'Internet mobile décidées par le gouvernement ou encore la subsistance dans le Code pénal de peines d'emprisonnement pour les journalistes constituent des freins indéniables pour l'accès à l'information en période électorale", a déploré Malin Björk.
La mission suggère ainsi d'abroger ou d'amender les dispositions qui sanctionnent les "fausses nouvelles" et de les harmoniser avec les normes internationales afin de garantir la liberté d'expression.
Malin Björk a rappelé que "le scrutin a été bien organisé et s'est déroulé dans le calme" et que "les électeurs ont pu effectuer leur choix librement", et ce en dépit d'une crise majeure provoquée par l'interruption du processus électoral finalement surmontée "grâce à l'attachement des Sénégalais à l'État de droit et à la résilience des institutions".
"La capacité à mettre en œuvre les préparatifs techniques de manière efficace a été largement reconnue", a affirmé la cheffe de mission.
Invitée par les autorités sénégalaises, la MOE-UE était composée d'une équipe-cadre de 10 experts, d'un total de 100 observateurs des 27 États membres de l'UE ainsi que du Canada, de la Norvège et de la Suisse, et d'une délégation du Parlement européen.
BABACAR SY SEYE