Publié le 1 Mar 2014 - 16:15
PROJET AGRO-ALIMENTAIRE BLOQUÉ SOUS WADE

Des investisseurs sénégalais d'Italie chargent l’État

 

Le Sénégal est il un pays propice à l'investissement ? Mor Mbengue, administrateur général de la Société agroalimentaire du Sénégal (Sagal) et ses associés ne sont pas de ceux qui répondent par l'affirmative. Une ''léthargie inexplicable'' des autorités compétentes leur a fait perdre un investissement d'environ 300 millions de F Cfa pour un projet financé à hauteur de 800 millions de F Cfa... Ils comptent porter plainte contre l'État du Sénégal

 

Quand le président de la République prône un assainissement de l'environnement des affaires, du côté des hommes d'affaires sénégalais, on en appelle à plus de rigueur et de suivi dans les procédures administratives.

En effet, des Sénégalais de la diaspora ont fini par sentir leur élan brisé à cause de lenteurs administratives à même de ranger dans les tiroirs de l'oubli un projet d'installation d'une unité agroalimentaire initié depuis 2008, dans la zone d'activité de Mbao.

Cette initiative d'émigrés sénégalais basés en Italie, qualifiée de «première dans notre pays», avait des objectifs précis dont : apporter une part de solution à la lancinante question de l'emploi, lutter contre l'émigration clandestine et générer, dans la foulée, une plus-value à l'économie sénégalaise. C'est dans cette dynamique, que ces Sénégalais, sous la houlette du dénommé Mor Mbengue, ont à eu décaisser, «sur fonds propres», 800 millions de Francs Cfa pour l'implantation d'une unité prête à générer 107 emplois.

«Mais à cause d'une léthargie inexplicable au niveau du ministère du Budget du régime précédent, ce projet porteur (…) a perdu aujourd'hui 300 millions de F Cfa avec l'érosion d'une partie du matériel en souffrance sur le site de Mbao depuis Juin 2009» déplore l'administrateur général de Sagal. Découragé par le «silence assourdissant des autorités compétentes», il a décidé d'ester en justice contre l'Etat du Sénégal à cause du lourd préjudice subi. Les 24 personnes employées au début pour l'installation du site ont été licenciées, et «la démotivation a gagné les rangs des Sénégalais de la diaspora.»

Remontant le fil de l'histoire, Mor Mbengue précise que c'est «depuis que la commission de contrôle des opérations domaniales (Ccod) a donné un avis favorable pour l'implantation du site et que les actes de vente ainsi que les documents afférents au projet ont été déposés au ministère du Budget en 2010, que le dossier est bloqué à ce niveau.» Il s'y ajoute que les instructions données dans ce sens par l'ancien chef de l'État sénégalais, Me Abdoulaye Wade, n'ont pas permis de décanter la situation.

«Le ministre du Budget avait bloqué le dossier sous prétexte que de nombreux litiges survenus sur le site ont nécessité un réaménagement de la zone du fait des difficultés de prise de possession. Ce qui n'est pas vrai vu qu'aucun litige n'a eu lieu sur cet espace», éclaire M. Mbengue. Le dossier a fini par dégager un parfum de conflit d'intérêts.

Des enquêtes ont fini par révéler que le groupe Holding Guèye, proche de l'ancien ministre du Budget, avait cherché à faire main basse sur une superficie de 10 hectares, alors qu'il ne détenait qu'un bail. «Les faits confortaient la thèse du conflit d'intérêts même si par la suite le ministre du budget à cette époque, Abdoulaye Diop, s'était résolu à nous restaurer dans nos droits à la veille de la présidentielle de 2012''

Des promesses qui n'ont pu finalement être respectées mais qui ont eu l'heur de tirer le rideau sur une autre réalité :  ''un système administratif qui s'est avéré, à l'épreuve des faits, être une puissante machine d'inhibition des initiatives individuelles et collectives. Une administration  procédurière, bureaucratique et démotivante.

Nous venons de détenir les preuves que cette léthargie n'est, quelque part, qu'une anarchie installée dans l'assiette foncière par des spéculateurs avec la haute complicité de hautes autorités de ce pays. Avec l'avènement du nouveau régime, nous espérions être rétablis dans nos droits mais grand a été notre désenchantement.»

C'est pourquoi, ces Sénégalais de la diaspora comptent sensibiliser leurs compatriotes sur les risques encourus par des investissements à la merci des changements de tête au niveau des directions, agences et ministères qui ralentissent la machine administrative. «Cette situation ne pouvant perdurer, nous avons décidé de porter plainte contre Macky Sall (…) Nous avons adressé depuis neuf mois une lettre au chef de l'Etat Macky Sall, mais nous n'avons obtenu aucune réponse. Nous estimons que c'est inadmissible de la part du président de la République qui doit être en mesure de gérer tous les dossiers des Sénégalais globalement...''  

Matel BOCOUM

 

 

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