Publié le 15 Apr 2024 - 16:35
REPRÉSAILLES IRANIENNES CONTRE L’ÉTAT HÉBREU, POSSIBLE RÉPLIQUE ISRAÉLIENNE

Le monde retient son souffle

 

L’attaque aérienne de l’armée iranienne menée par des drones, missiles de croisière et balistique a fait rejaillir le risque d’escalade générale dans la région. Le gouvernement israélien qui, depuis le 7 octobre, s'était engagé à détruire tous les alliés du Hamas et en premier lieu le régime islamique de Téhéran étudie les possibilités de réponse contre l’Iran. 

 

La riposte iranienne qui a visé le territoire israélien risque d'entraîner une nouvelle escalade au Moyen-Orient, alors que le conflit entre Israël et le Hamas est toujours aussi vivant.

En effet, dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 avril 2024, le régime de Téhéran et ses alliés dans la région (Hezbollah libanais, milices chiites irakiennes, rebelles houthis yéménites) ont procédé à une frappe de centaines de drones (170) et de missiles de croisière (30) et de missiles balistiques (110) vers Israël, en réponse à l’attaque contre le consulat iranien à Damas. Avant cette opération, les forces spéciales iraniennes avaient arraisonné un navire commercial israélien dans le détroit d’Ormuz.

Ces vagues de frappes ont entraîné la fermeture des espaces aériens de la Jordanie, de l’Irak et de la Syrie survolés par les projectiles iraniens. Selon les autorités israéliennes, près de 99 % des ‘’objets volants’’ ont été neutralisés par l’Iron Dôme, le système antiaérien israélien soutenu par les armées et marines occidentales (US Navy, Royal Navy et la marine française) qui croisent en mer Rouge et en Méditerranée orientale.

Bilan de cette attaque : quelques dégâts minimes et quelques blessés légers dans le nord d’Israël pris pour cible par des missiles du Hezbollah. Les armées et marines occidentales ont aussi permis de localiser et de détruire les projectiles qui devaient parcourir près de 1 500 km depuis le sol iranien.

A la suite de cet incident, le Premier ministre israélien a réuni son cabinet de guerre, dans l’après-midi d’hier, pour étudier l'ampleur des représailles israéliennes.

De son côté, Washington, principal soutien d’Israël dans cette région, a indiqué qu’il ne prendrait pas part à d'éventuelles frappes contre l'Iran, un moyen d’éviter toute escalade du conflit qui pourrait embraser tout le Moyen-Orient.

 Les risques d’escalade et d’une possible flambée du prix du pétrole

Par ailleurs, la perspective de la Présidentielle américaine de novembre 2024, pousse l’administration Biden à la prudence. En effet, une extension du conflit pourrait avoir des conséquences désastreuses sur le prix du baril du pétrole qui pourrait alors s’envoler. Une situation qui entraînera de facto la hausse du prix de l’essence aux États-Unis et la montée de l’inflation, ce qui pourrait coûter la réélection de Joe Biden à la tête des États-Unis.

Pour sa part, le ministre iranien des Affaires étrangères semble vouloir apaiser les tensions en indiquant que l’’’affaire était close’’ et que tous les objectifs ont été atteints après cette opération.  Sans oublier de préciser qu’une nouvelle frappe israélienne pourrait entraîner des représailles contre l’État hébreu.

‘’Ni la région ni le monde ne peuvent se permettre plus de guerres’’, a renchéri hier le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres qui a aussi appelé à la ‘’retenue maximale’’, lors d'un Conseil de sécurité convoqué après l'attaque de l'Iran contre Israël. 

Selon des spécialistes, le gouvernement israélien proche de l’extrême droite pourrait saisir cette opportunité pour tenter de détruire le programme nucléaire iranien qui ne serait qu’à quelques semaines de pouvoir acquérir l’arme nucléaire. Une ligne rouge qu’Israël avait fixée dans cette région où il est le seul à détenir l’arme atomique.

Les tentatives de Saddam Hussein de développer son programme nucléaire dans les années 80 ont été stoppées nette par des frappes israéliennes sur le réacteur d’Osirak en 1981.

Toutefois, la faisabilité d’une attaque massive d’Israël sur les centres nucléaires iraniens paraît extrêmement difficile. La distance entre les deux pays (1 500 km), la densité des sites nucléaires iraniens, l’alliance russe, l’absence d’une force aérienne conséquente et d’avions ravitailleurs, la possible fermeture de l’espace aérien de la Jordanie, de l’Irak et de la Syrie, sans oublier les actions du Hezbollah au Liban, des rebelles houthis au Yémen et des milices pro-iraniennes en Irak sont autant d’obstacles à d’éventuelles frappes massives contre le régime de Téhéran.

Mouhamadou Barro, journaliste, spécialiste en géopolitique et fondateur du Réseau des journalistes pour l’information religieuse, est sceptique sur les chances israéliennes de stopper le programme nucléaire iranien. ‘’Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a toujours émis des projets de mettre fin à ce programme. C’est un vœu pieux des responsables israéliens, car dans la réalité, ça ne sera pas facile et certains observateurs pensent même que la bombe est déjà une réalité en Iran. Ce dernier, à travers l’obtention de cette arme, vise à obtenir un équilibre de la terreur et défendre les intérêts de l’Iran’’, affirme-t-il.

Pour M. Barro, cette crise découle aussi du conflit meurtrier qui a lieu dans la bande de Gaza, depuis le 7 octobre 2023, après l’attaque du Hamas contre le Sud israélien. ‘’Il ne faut pas perdre de vue que le conflit dans la bande de Gaza a laissé perplexe toute la région. L’Iran, qui est une puissance régionale, a voulu communiquer sur la gestion du conflit en Palestine. Israël, au-delà de la Palestine, compte étendre son influence dans la zone. Mais malheureusement, l’Iran est un pays et une grande civilisation qui a une propension impérialiste et qui s'oppose à toute expansion d’Israël’’, soutient-il.

MAMADOU MAKHFOUSSE NGOM 

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